Depuis la remise solennelle à la circulation de l’édifice, jeudi après-midi, par le ministre camerounais des Transports, Dakole Daïsala et Mme Brigitte Girardin, ministre française de la Coopération, les interrogations que l’on pouvait a priori croire dépassées ont refait surface. A commencer par celles relatives à la relation entre la Socatur de Ngallè Bibéhé, qui bénéficiat du monopole de la traversée entre les deux rives du Rio dos Camaroes durant les travaux de réhabilitation du Pont sur le Wouri et les autres moyens de transports en commun.
Dès le lendemain matin de l’ouverture à la circulation au grand public, vendredi 23 juin, les tensions qui s’étaient jusque-là tues entre la Socatur et les autres moyens de transport en commun se sont soudainement attisées. Il aura fallu toute la sagesse des hommes en tenue pour éviter des affrontements physiques. Finalement, les uns et les autres ont repris bon an mal an, le trafic sur le célèbre édifice.
Les conséquences de cette concurrence ouverte sont immédiates et diverses. Les motos taximen et les véhicules taxis, par exemple, commencent à retrouver le sourire : “ Nous sommes tellement contents que le pont soit enfin rouvert à tout le monde. Nous allons pouvoir travailler à tout moment, de jour comme de nuit. Ce qui nous fera gagner un peu plus d’argent ”, confie Joseph Kuaté, propriétaire et conducteur d’une moto taxi depuis cinq ans du côté de Bonabéri.
Il rejoint l’optimisme de Robert Kamdem et Biliog Alain, tous deux chauffeurs de taxis qui travaillent sur la ligne rond-point Deido-Bonassama : “ Avec la hausse continue du prix du carburant, nous interdire la traversée du pont sur le Wouri entre six heures du matin et neuf heures du soir, nous conduisait à une mort lente. Il va falloir, maintenant que nous puissions emprunter le pont selon notre volonté, travailler très dur pour rattraper ce qui peut l’être ”.
Les usagers qui habitent ou travaillent de part et d’autre du pont, sont aussi satisfaits de la réception des trois quarts des travaux et de la possibilité d’emprunter le véhicule de leur choix pour aller à Bonabéri ou à Deido : “ 100 Fcfa, la traversée du pont, ça fait cher, trop cher. Surtout si on y ajoute qu’il faut prendre ensuite un taxi, le bus s’arrêtant juste à Bonassama ou au rond-point Deido. ”, explique Maryam Lembè. Pendant ce temps, la Socatur fait grise mine.
Excavations
Hier mardi matin, la direction de la Socatur s’interrogeait sur cette ouverture “ précoce ” à la concurrence, alors que les travaux ne sont pas encore totalement achevés. Si 70 % des travaux ont été effectués et livrés, correspondant à la part française du financement, il reste encore 30 % de la réhabilitation à livrer.
Ce reliquat concerne les innombrables cratères qui jonchent le tronçon qui va du nouveau rond-point de la Scdp jusqu’à l’entrée du deuxième pont ? Intègrent-ils au moins les barrières de sécurité du premier pont Il n’y a qu’à faire un tour de part et d’autre du fleuve Wouri pour mesurer à quel point les nombreuses excavations que l’on remarque le long du trajet causent des embouteillages sur l’édifice. Surtout, la voie ferrée qui longe le pont sur les deux rives du Wouri, semblent avoir été mal placée, trop enfoncée pour que le moment venu, le train puisse rouler aisément.
Quoi qu’il en soit, la polémique née sur le choix de la réhabilitation du Pont sur le Wouri, à hauteur de 13 milliards de Fcfa, alors que la même somme aurait suffi selon les dires des experts, à financer un deuxième pont va certainement resurgir. Et ce ne sont pas les appels d’offre lancés il y a quelques jours en vue de la construction d’un deuxième pont sur le Wouri qui vont tempérer cette polémique.
Source: Le Messager
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