Personne n’en revient à Mbalmayo, localité située à une soixantaine de kilomètres de la ville de Yaoundé. Dans la communauté Ndé, la consternation est encore plus grande. “ Nous pensions avoir réussi à le dissuader de commettre cet acte ignoble ” se lamente un de ses proches. La dépouille du jeune Chouani alias “ Peau cassée ” se refroidie lentement dans une chambre du domicile familial en attendant le départ pour Bangangté son village natal prévu dans la nuit d’hier jeudi 22 juin.
Au regard des circonstances ayant conduit à sa mort, personne ne pleure, même pas sa mère dont la douleur est pourtant perceptible. C’était son premier fils. Il faut dire que ce jeune garçon qui gagnait sa vie comme conducteur de moto-taxi s’est tout simplement donné la mort, pour, dit-on, ne pas aller en prison dans une affaire dans laquelle il affirmait ne pas être impliqué.
Les faits remontent au mois de février. Les populations du village du maire déchu de Mbalmayo se soulèvent et manifestent en bloquant le pont sur le fleuve Nyong. Les contestataires sont arrêtés, d’autres dénoncés. Son nom figure dans cette dernière catégorie. “ Pourtant à ce moment, il n’était pas dans la ville. Mais comme il avait des problèmes avec le bras droit du maire aujourd’hui décédé, celui-ci pour se venger a inscrit son nom dans la liste ” révèle un habitant de la ville qui a requis l’anonymat.
Il poursuit en affirmant que “ Peau cassée ” avait dû quitter Mbalmayo pendant un certain temps pour échapper aux tracasseries. Il ne reviendra que lorsque l’affaire se sera quelque peu tassée. “ Mais samedi dernier, (17 juin), Peau cassée a été victime d’un accident provoqué par une patrouille. Alors qu’il était sur sa moto avec des clients, un policier a lancé une herse qui l’a gêné. Il est entré en collision avec une autre moto.
Malgré ses blessures, il s’est lancé à la poursuite des policiers sans pouvoir en attraper un seul. Il perd connaissance et est transporté de toute urgence à l’hôpital ” raconte cet habitant. C’est pendant qu’il se soigne que Chouani est arrêté puis jeté en cellule. “ Les policiers ont ressorti l’affaire du pont pour masquer leurs responsabilités dans l’accident ”. Il va y passer trois jours. “ Pour qu’il soit libéré, le commissaire demandait 200.000fcfa ”.
En attendant de réunir cette somme, sa mère et son meilleur ami laisse leurs pièces d’identité en guise de caution.
Mercredi 21 juin, cet ami dont le nom n’a pas été révélé découvre qu’il ne peut se mouvoir librement sans sa carte nationale d’identité et va la réclamer au commissariat. Faute cette pièce, il a été arrêté dans une localité voisine. S’ensuit une bagarre entre les deux. A la suite de laquelle Chouani décide d’en finir avec la vie. Il ne veut pas retourner en cellule pour une affaire qui s’est passée alors qu’il était absent. D’autant plus qu’on lui promet un emprisonnement de cinq ans. Se servant dans le portefeuille de sa mère, il s’achète des raticides et de l’acide qu’il avalera autour de 16h. Il est trop tard lorsqu’il est conduit à l’hôpital.
Source : Mutations
|