L’étau se resserre autour du ministre d’Etat Augustin Frédéric Kodock. Il y a quelques jours, un rapport d’audit sur sa gestion du Minader, commandé par l’actuel patron des lieux, Clobert Tchatat révélait un détournement important des fonds Ppte affectés aux programmes de ce ministère. Augustin Frédéric Kodock est vite monté au créneau pour démentir ces "allégations" et dénoncer "ces actes de sabotage" orchestrés par son collègue du gouvernement.
L’association citoyenne de défense des intérêts collectifs, Acdic vient d’enfoncer le clou, en commettant à son tour un rapport explosif sur "l’état de la gestion du Minader en 2004". Bernard Njonga, le président de l’Acdic garde très jalousement ce rapport. Au journaliste qui a eu vent de l’existence de ce document que l’on dit "très accablant" et qui souhaite en avoir copie et si possible la primeur, il lui dit gentiment, "pas avant le 22 juin prochain".
Tout ce que le président de l’Acdic consent à révéler avant cette date où cette association entend donner une conférence de presse sur le sujet, c’est que ce rapport met à nu les pratiques de corruption et de détournement qui ont pris leurs quartiers au ministère de l’agriculture et du développement rural, Minader, pendant le séjour du ministre Augustin Frédéric Kodock à la tête de ce département ministériel.
Pourquoi avoir ciblé l’année 2004 uniquement, comme si les choses s’étaient passées différemment avant et après cette période, dans ce ministère ? "C’est que les malversations diverses et les pots-de-vin ont franchi le seuil de l’intolérable sous le règne du ministre Kodock. Les biens publics ont été distraient par toutes sortes de méthodes inadmissibles dans une république", tranche-t-on, très amer, à l’Acdic où on promet de tout dévoiler mercredi prochain au cours de cette conférence de presse qui aura lieu dans un hôtel de Yaoundé ; "une rencontre à laquelle le ministre Augustin Frédéric Kodock a été conviée parce qu’il est le premier concerné", tient à préciser le président de l’Acdic qui souligne que "loin de vouloir diaboliser, le rapport, dans une démarche constructive, veut donner un enseignement, attirer l’attention de tous, afin que les biens publics soient gérés selon les règles de l’art, pour le bien de tous les Camerounais".
Concurrence déloyale
Le rapport de l’Acdic intervient dans le cadre d’une campagne initiée par cette association sur la problématique de la sécurité alimentaire ; une campagne baptisée "Aidons-les à nous nourrir! " Et dont les objectifs, selon ses promoteurs sont, entre autres, de susciter le soutien du secteur agricole par des subventions et des appuis multiformes, la protection des marchés domestiques des produits agricoles, et promouvoir la consommation des produits locaux.
Pour atteindre ces objectifs, un dîner avec les parlementaires est prévu à l’hôtel des députés le 25 juin, suivi d’un sit-in en face du siège de la Banque mondiale à Yaoundé le 30 juin 2006. Bernard Njonga, très connu pour sa bataille contre le poulet congelé, soutient que cette autre campagne vise à mettre fin à la prédominance des produits importés.
"Les études faites par l’Acdic sur les filières d’importations de riz, maïs, lait, oignon, montrent que ces produits ont connu une hausse importante dans les dix dernières années, alors que dans le même temps, les productions locales baissaient", lance-t-il, indiquant que son principal cheval de bataille en ce moment est la lutte contre la concurrence déloyale de ces produits importés. Il dit ainsi se mettre en quatre pour la relance de la production locale des produits alimentaires sus-évoqués et pour le redécollage de la filière avicole, tuée ces derniers temps par la psychose de la grippe aviaire.
Dans cette guerre, déclare-t-il, les auteurs de corruption et de détournements des ressources affectées au secteur agricole ne lui échapperont pas. Ajouté au fait que l’Acdic avoue se battre “ comme un beau diable ” pour mettre fin à l’absence d’une véritable politique d’encadrement du producteur en milieu rural.
Source: Le Messager
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