Le ministre de l’Economie et des Finances, Polycarpe Abah Abah, doit en être particulièrement satisfait.
Selon le communiqué publié par le Club de Paris samedi, 17 juin 2006, la dette du Cameroun vis-à-vis du Club passe, en effet, de plus de 1.800 milliards Fcfa à seulement 14 milliards Fcfa. Une décision rendue possible par le fait que "le Cameroun a montré sa détermination à réduire la pauvreté et à mener des réformes économiques", indique le communiqué.
L'agenda de cette conférence internationale a, dans l’ensemble, accordé un temps important à la situation du marché de la dette des pays en voie de développement. Une table ronde sur le rôle du Club de Paris dans la restauration de la "soutenabilité" de la dette, y a été présidée par le président de la Banque africaine de développement (Bad), Donald Kaberuka. Hormis cette annulation quasi totale de sa dette, le Cameroun a parallèlement bénéficié d’une aide bilatérale supplémentaire de la part des pays membres du Club de Paris.
Le Cameroun figurait en effet parmi les 38 pays pauvres auxquels a été promise, en juin 2005, une annulation de la dette envers plusieurs autres créanciers internationaux comme la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (Fmi), lors d'une réunion des huit pays les plus riches du monde (G8). A la fin de l’année 2005, la totalité de la dette extérieure publique du Cameroun était estimée à environ 6,2 milliards de dollars, soit plus de 3.216 milliards Fcfa.
Mécanismes
Le Club de Paris distingue deux types de créances : les crédits Apd (aide publique au développement) accordés à des taux inférieurs à ceux du marché et destinés à favoriser le développement ; et les crédits non-Apd (ou encore crédits commerciaux). Pour le stock de la dette, le Club de Paris peut parfois décider d'en restructurer une partie, notamment pour les Pays pauvres très endettés (Ppte) ayant atteint le point d'achèvement.
Dans ce cas, une partie du stock est annulée et le reste est rééchelonné au taux du marché. Le passage d'un pays devant le Club de Paris pour le rééchelonnement de sa dette, comme vient de le réussir le Cameroun, ne peut se faire qu'après la signature par le pays débiteur d'un accord avec le Fmi imposant un programme d'ajustement structurel. Le Fmi est donc l'élément déclencheur de l'allégement ou du rééchelonnement par les Etats créanciers.
Le Club de Paris est le nom donné à l'ensemble formé par 19 Etats créanciers (Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Irlande, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Russie, Suède, Suisse). Il se réunit régulièrement pour trouver des solutions aux difficultés de remboursement de la dette publique bilatérale rencontrées par des pays débiteurs.
Ces sessions dites "de négociations" sont toujours menées au cas par cas et pays par pays, et conduisent à des rééchelonnements des dettes bilatérales publiques. D'autres créanciers publics, comme l'Afrique du Sud, l'Argentine, le Brésil, la Corée, Israël, le Mexique, le Maroc, la Nouvelle-Zélande, le Portugal, la Turquie… peuvent occasionnellement se joindre à certaines sessions du Club. Des institutions multilatérales (Banque mondiale, Fmi, banques régionales de développement, Cnuced, etc.) y sont souvent présentes en tant qu'observateurs.
Source: Quotidien Mutations
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