Après les retraités et les agents de l’Etat recevant leurs soldes par bon de caisse, c’est au tour de leurs collègues payés par virements bancaires d’être soumis au recensement physique décidé par le ministre de l’Economie et des Finances. Hier, jeudi 15 juin 2006, dans la salle des conférences de ce ministère, Henri Engoulou, le ministre délégué chargé du budget a donné un point de presse pour parler de cette opération. Du 25 juin au 10 août 2006, soit pendant une période de 45 jours, a-t-il déclaré, tous des agents publics concernés sont attendus par des équipes chargées du recensement dans les établissements de crédit où sont domiciliés leurs comptes. " Les agents publics, qui ne se seront pas présentés au recensement, verront leurs salaires suspendus ", prévient un communiqué du ministre des Finances daté du 5 juin dernier.
Le recensement annoncé s’inscrit dans le cadre de " la poursuite de l’assainissement du fichier solde " de l’Etat, a expliqué le ministre du Budget. Elle concerne environ 146.000 personnes, qui perçoivent en commun une masse salariale mensuelle de 29,4 milliards Fcfa. Environ 53 établissements bancaires, dont les agences sont disséminées dans 59 localités à travers le pays, sont concernés par le recensement, même si la majorité des salariés, environ 95,4% selon le Minefi, sont payés dans les 18 banques classiques. Pendant le recensement, a précisé le ministre, les salariés devront se munir " des pièces justificatives de tous les éléments de leur rémunération, d’une photocopie de leur carte d’identité et d’une photo d’identité ".
800 millions
L’opération, qui démarre dans dix jours, vient à la suite de deux recensements similaires, organisés il y a quelques mois, qui avaient pour cibles respectives les agents de l’Etat retraités et les agents actifs rémunérés par bon de caisse. Hier, le ministre Engoulou a profité du point de presse qu’il donnait pour délivrer les premiers éléments du bilan de l’opération. On a ainsi appris, s’agissant du recensement des pensionnés (86 mille personnes au total), que 68 mille seulement s’étaient présentés aux guichets du trésor, avec les pièces qui leur étaient exigées. A ce jour, 17 mille retraités ne s’étaient pas encore faits recensés.
Par ailleurs, environ 3.700 personnes, qui émargeaient régulièrement au titre de pensionnaires, ont été déclarées décédées. D’autres cas de fraudes ont été signalés. Et le ministre a affirmé que l’Etat était déjà parvenu à faire une économie de 800 millions Fcfa par mois sur les pensions, en attendant l’examen des requêtes introduites par quelques personnes. Concernant le recensement des 18 mille agents rémunérés par bon de caisse, Henri Engoulou a indiqué que le dépouillement en cours des données avait déjà permis de démasquer des nombreux agents qui touchent des éléments de salaire sans rapport ni avec leur grade, ni avec leurs fonctions.
Le recensement des agents de l’Etat opérés par le Minefi n’est pas le premier du genre, ni le seul en cours. Au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, qui gère les carrières des agents publics, une opération de même nature se déroule. Le ministre Engoulou, qui a distingué les opérations en disant que le recensement du Minefi se faisait "sous un angle purement financier ", a néanmoins précisé que les deux initiatives se rencontraient. Il a par exemple déclaré que sur ordre du ministre de la Fonction publique, 835 agents de l’Etat, soupçonnés d’avoir introduit de faux actes de carrière dans leurs dossiers, " ont été suspendus de solde en mai 2006 ".
Source: Quotidien Mutations
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