Une cinquantaine d’étudiants dont quelques leaders et les présidents des facultés sont restés dans les mailles des gendarmes.
Ce qui apparaissait comme une grève pacifique, voire un mouvement de colère estudiantine, a fini par dégénérer. Une quinzaine de minutes après la fin de la tripartite, alors que les représentants des étudiants et les présidents des facultés se sont retrouvés avec leurs camarades, pour tenter de négocier le retour au calme, on a vu débarquer par centaines, des éléments de la brigade anti-émeute, un renfort de policiers, des élèves-gendarmes et surtout le fameux “ Abraham ”, ce véhicule de triste mémoire souvenir qui de son eau nauséabonde, était une arme redoutable, utilisée tant dans le démantèlement des soulèvements que des velléités estudiantines et surtout pour réduire à néant le parlement. En réaction aux coups de matraque et de crosses de fusils, les étudiants ont engagé la guerre des pierres et des cailloux.
A l’heure des bilans, plusieurs étudiants ont été brutalisés, on a enregistré à la pelle de nombreux blessés dont certains avec des commotions à la tête, des fractures. Comme si cela ne suffisait pas, s’en est suivie une cinquantaine d’arrestations dont une bonne vingtaine de ceux qui n’avaient pas pris part à la contestation. “ Ils exagèrent. Alors qu’on croyait que leur principale revendication portée sur le prix du transport a été entendue, les étudiants ont amorcé d’égrener un chapelet des doléances, cette fois là académiques, mais qui ne justifiaient pas qu’ils occupent la voie publique. Ils ont demandé à voir le préfet qui est venu. Bien après ce n’était plus le préfet, mais ils entendaient exiger la descente sur les lieux du gouverneur, du ministre, du Premier ministre ; certains allant jusqu’à revendiquer le chef de l’Etat. Le pays ne marche pas à leur rythme ” a lancé le lieutenant-colonel Tchinda, commandant du Groupement territorial de gendarmerie du Mfoundi.
La raison évoquée par l’officier supérieur qui commandait les troupes est discutable car on a vécu des arrestations qui n’avaient rien à voir avec la description des faits. C’est le cas de Félix Oundi, le président de la faculté des sciences économiques et de gestion, qui a été brutalisé et interpellé, en présence des responsables de son institution universitaire dont le vice Recteur Owono, chargé de l’inspection et Pascal Bekolo (Pabé Mongo), le directeur du centre des œuvres universitaires. Tous les deux sont restés impuissants face à la hargne répressive des forces de l’ordre.
La 2ème réunion tenue à la préfecture, a permis de voir plus clair sur la suite des évènements. Il en est sorti que les transporteurs devraient jusqu’à nouvel ordre continuer à pratiquer le prix homologué de 200fcfa. Ce qui ne semble pas être une résolution partagée par tous, car il y en a qui n’entendent pas s’y astreindre.
Entre la menace et une éventuelle récidive
Si la première partie du vaste mouvement d’humeur estudiantin a été honorée, partiellement du moins, il reste que les cop’s revendiquent la libération immédiate de la cinquantaine de leurs camarades qui sont tombés dans les filets de la gendarmerie. Ils l’ont fait savoir au préfet en pleine réunion et celui-ci le leur a promis. Mais jusqu’au moment où nous allions sous presse, c’en n’était pas encore le cas. Face à l’intransigeance des gendarmes, les étudiants sont décidés à passer une veillée d’armes aux campus universitaire de Soa jusqu’à la libération des leurs. “ Si nos camarades ne sont pas libérés, nous allons assiéger le campus. Les autorités administratives seront de ce fait tenues pour responsables de ce qui arrivera ” clame un des délégués des étudiants. Ils disent ensemble ne pas comprendre pourquoi, les chefs d’orchestre à savoir les transporteurs qui ont été à l’origine du désordre en provoquant le courroux des étudiants ne sont pas inquiétés tandis que les étudiants sont gardés à vue. “ Contrairement à ce qui transparaît des propos du préfet, il y a une volonté de laisser tranquilles ces chauffeurs véreux, pour nuire aux étudiants à qui l’on veut coller le forfait et le délit de troubles à l’ordre public. Nous ne pouvons pas tolérer cela ” tranchent-ils en chœur. On espère pour les interpellés, qu’il ne leur sera pas destiné le sort qu’entendait leur réserver l’officier de police Jean N. On l’a en effet entendu dans les coulisses déclarer que les étudiants appréhendés seront sévèrement matés comme il en a été le cas avec le parlement.
Source: Le Messager
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