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On enquête à l'Hôpital général
(07/06/2006)
La commission devrait établir les responsabilités après le scandale du groupe électrogène.
Par Dorine Ekwè
Yaoundé


Voilà des jours que Marcelle A. veille sur son époux interné à l'hôpital général de Yaoundé (Hgy), au lendemain d'un grave accident de la circulation. Selon cette dame d'environ 50 ans cependant, malgré les apparences, les sourires des médecins, la politesse des infirmiers et ces salles bondées de patients, tout ne va pas comme sur des roulettes au sein de cette institution hospitalière. "Depuis l'affaire du groupe électrogène qui a fait beaucoup de bruit dimanche le 28 mai dernier, l'hôpital vit une sorte de crise. Les infirmiers, lorsqu'ils administrent des soins, ou dans les couloirs, en parlent. Tout le personnel fait de plus en plus attention à ce qu'il fait", confie-t-elle.
Cette information se vérifie rapidement lorsque l'on essaie de rencontrer le directeur général, Elie Claude Ndam Njitoyap. Sa secrétaire, la mine fermée et le ton sec, se contente de dire: "Nous vivons une crise dans l'hôpital. Le directeur ne peut accepter de recevoir quiconque, d'autant que depuis hier [lundi 05 juin 2006, Ndlr], une commission d'enquête mise sur pied par le Premier ministre travaille à l'hôpital."

Depuis lundi donc, la première étape de la mission confiée à cette commission a officiellement débuté: une enquête administrative qui devrait faire le point sur la situation qui prévaut à l'Hgy depuis la panne du groupe électrogène survenue dimanche 28 mai dernier. Pour ce faire, selon le Directeur Administratif et Financier de cet hôpital, Rigobert Bidias Koko "le personnel est interrogé par les membres de cette commission. Lundi déjà, ils ont fait le tour des infrastructures et discuté avec les employés. Il n'y a pas de chronogramme établi; donc, nous ne savons pas quand est-ce qu'ils vont terminer leur enquête. Tout ce que je sais, c'est que, après l'enquête administrative, ils ouvriront l'enquête judiciaire".

Cette dernière devrait établir les responsabilités des uns et des autres dans la mort d'une patiente internée en médecine A, survenue au cours de la panne d'électricité qu'a connu l'hôpital dont le groupe électrogène n'avait pas été mis en marche. Alors que la famille affirmait que la patiente était décédée du fait de cette interruption de l'énergie électrique, le personnel médical affirme le contraire. "Au moment de la coupure, elle avait déjà été transférée en médecine A. A ce niveau, le problème c'est qu'il n'y a pas eu de relais quand le malade a commencé à se sentir mal", confie un infirmier. Selon notre source, c'est ce qui a poussé les membres de cette famille à séquestrer dans son bureau, et pendant toute la soirée de ce 28 mai, le directeur de la division technique et médicale, le Pr Nouedoui, par ailleurs chef de service de médecine interne.



Quelques jours après cet incident lié à la panne du groupe électrogène, le personnel en service à l'Hgy et les patients ont appris la nouvelle acquisition faite par les responsables dudit hôpital. Vendredi dernier en effet, des ampoules électriques rechargeables ont été installées dans tous les services pour parer à une éventuelle panne d'électricité. Gilbert Ekani, dont la soeur est internée dans cet hôpital depuis mercredi dernier, confie: "Elle est diabétique. Sa maladie a connu quelques complications ces derniers temps. C'est pour cette raison que son médecin a demandé qu'on l'interne." Il poursuit: "je ne comprends pas pourquoi, au lieu de rétablir le groupe en panne, on commande des lampes rechargeables pour un hôpital. A quoi ça va servir que les malades soient éclairés alors qu'on ne peut pas leur administrer des traitements ou leur faire des examens parce qu'il n'y a pas d'électricité? Les appareils qui utilisent l'énergie électrique ne pourront pas être mis en marche par ces lampes!"

Un avis que partage un infirmier en service en Hématologie dans cet hôpital. "Si on éclaire tout l'hôpital sans que les appareils ne puissent être mis en marche, ça n'a vraiment pas de sens", dit-il. La réaction est la même parmi le personnel recruté en Hémodialyse: "On nous a offert une ampoule. C'est vrai, elle permettra de nous éclairer mais, théoriquement, elle ne sert à rien. Nous ne venons pas ici pour lire des romans. Si on a un malade sous dialyse et qu'il y a panne d'électricité, il risque gros. Son sang peut se coaguler facilement dans ces circonstances. En même temps, son anémie peut s'aggraver car la plupart des malades sous dialyse sont anémiés. Toutes ces complications peuvent entraîner la mort."

Ce à quoi, le Directeur Administratif et Financier essaie d'apporter des explications: "Ces ampoules existaient déjà. Certaines étaient juste défaillantes. Et nous les avons réparées pour que le personnel puisse être éclairé en cas de panne. Normalement, une coupure d'électricité ne doit pas faire plus de quatre heures et c'est dans cette logique là que nous avons mis sur pied ce système. Il y a des appareils, comme les couveuses, qui ont une autonomie plus ou moins longue et, si la coupure fait plus de quatre heures, il y a des risques que l'on ait des complications."

Des explications qui ne convainquent pas et n'expliquent pas non plus le choix des responsables de cet hôpital de s'offrir des lampes électriques rechargeables plutôt que de réparer le groupe défaillant ou d'acquérir un nouveau. Pour plus d'un, cette acquisition n'est en effet que l'arbre qui cache la forêt et ressemble davantage à une volonté des responsables de cet hôpital de se faire bonne conscience après les évènements malheureux du 28 mai dernier.

Source: Quotidien Mutations


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