Une supercherie, voire un scandale, vient d’être découverte sur les épreuves qui ont été proposées aux candidats des provinces de l’Ouest et du Centre. Le constat a été fait par un enseignant de la province de l’Ouest dont l’un des élèves a plutôt composé à Yaoundé. “ Ce qui a attiré mon attention c’est que l’enfant a évoqué, pour s’en réjouir, un aspect de l’exercice qui était apparemment très facile. Ce n’est qu’en ce moment-là que je me suis rendu compte que les épreuves n’étaient pas les mêmes ”, explique l’enseignant qui a requis l’anonymat. Il s’agit en l’occurrence des épreuves de physique et de chimie pour les séries C et D et, l’éducation à la citoyenneté pour les séries A, B, C, D, E. Pendant que l’épreuve de physique proposée à Yaoundé est imprimée sur 4 pages, celle de Bafoussam porte sur 3 seulement. Au niveau de l’exercice 2 proposé à Yaoundé, le libellé est comme suit : “ Un pendule élastique horizontal est constitué par un solide (S) de masse M, accroché à l’une des extrémités d’un ressort (R)… ” tandis que sur l’exercice 2 de Bafoussam, on peut lire : “ Un pendule de torsion est constitué d’un fil de torsion de masse négligeable, inextensible et de constante de torsion C continue… ”. En ce qui concerne l’épreuve de chimie proposée aux séries C et D, celle de Yaoundé a 4 pages alors que celle de Bafoussam n’en a que 2.
Quant à l'épreuve de l’éducation à la citoyenneté, les questions sont également différentes. Sujet 1 par exemple, à Yaoundé, la question est : “ Dans quelle mesure la coopération internationale peut-elle être une solution au problème du développement au Cameroun ? ”, alors qu’à Bafoussam elle est libellée comme suit : “ Les puissances européennes ont-elles respecté le statut du Cameroun, du protectorat à la période du mandat ? ”
Une politique voulue
Sur place, une chargée de mission marque toute sa surprise quand nous lui posons le problème, et nous demande de nous rassurer que les épreuves concernent bien une même série, et qu’il s’agit bien de la session de 2006. Sur ce plan, en tout cas, il n’y a aucun doute, car les mêmes réserves, nous les avions émises en nous entretenant avec l’enseignant. Mais là pas de doute. Il s’agit bien des épreuves proposées aux examens du baccalauréat 2006. Nous avons en vain tenté de joindre le délégué provincial des Enseignements secondaires pour l’Ouest, Christopher Kwekoua, pour de plus amples clarifications. Toujours est-il qu’entre Yaoundé et Bafoussam, les épreuves ont subit des changements. On ne peut savoir à quel centre (Bafoussam ou Yaoundé) les changements intervenus devaient profiter.
Selon le directeur de l’Office du baccalauréat au Cameroun, la différence constatée au niveau des sujets peut être compréhensible. “ En fonction des informations reçues du terrain, une épreuve peut être changée à tout moment dans une circonscription donnée ”, explique-t-il. Dans le cas d’espèce, c’est peut-être ce qui s’est passé. Dans ce cas, on rentre dans la banque des épreuves pour en tirer une, la condition étant qu’elle ait eu le “ Bon à tirer ” (Bat) d’un inspecteur national. “ Dans tous les cas, nous nous rassurons que les candidats aient le diplôme qu’ils méritent. Pour l’instant nous avons la conscience tranquille. ” Quant à la décision de changer une épreuve dans une localité donnée, la compétence est celle du ministre de tutelle qui seul peut expliquer ce qui l’aurait motivé dans ce cas, l’office se charge juste de l’exécution de la partie technique. Cela a-t-il été le cas ? Toujours est-il qu’il faut que les “ clignotants soient au rouge ” dans cette localité. De là à conclure que les autorités auraient constaté une fuite ou une fraude à Bafoussam ou à Yaoundé (selon le cas) pour décider du changement des épreuves, on n’en sait grand-chose. Mais comment fait-on dans ce cas pour parer aux difficultés d’acheminement des épreuves, du moment où tout est imprimé à Yaoundé, “ cela reste un secret car entrant dans les mécanismes de sécurisations des épreuves des examens officiels. ”
A l’Office on explique que ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cela arrive, car en 2003 on a été obligé de proposer une épreuve de géographie différente à l’Ouest. Reste à savoir si cette différence constatée dans les épreuves ne concernerait pas toute la république.
Source: Le Messager
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