Après avoir été longtemps programmée puis désamorcée, la grève du personnel de la Cameroon Airlines (Camair) a finalement débuté, hier, par un arrêt de travail dans tout le réseau de la compagnie. Au siège de la direction générale de la compagnie à Bonanjo (Douala), la mobilisation est totale. Dès 8h du matin, les différentes issues du bâtiment sont prises d’assaut par l’ensemble du personnel.
Des chaises sont installées à l’angle droit du bâtiment des femmes, pour marquer la détermination ; tandis que les hommes devisent par quartier, tout le long de la route. Aucune manifestation particulière n’a lieu ici, pas même d’éclat de voix. Pendant toute une journée, ils y restent scotchés, comme des damnées, attirant tous les regards inquisiteurs et rejetant, pour la plupart, le dialogue avec les inconnus. “On n’est pas autorisé à se prononcer sur cette affaire.
On a des gens compétents pour les informations ”, entend-on de part et d’autre, nous renvoyant, à chaque fois, à l’affiche du Collectif des syndicats du transport aérien collée à l’entrée du bâtiment.
Altercation
“A partir du 05 juin, le personnel de la Camair observe un arrêt de travail illimité pour que la lumière soit faite sur nos droits et notre devenir. A 30 jours de la privatisation, aucune suite n’a été donnée à nos multiples démarches”, souligne ce texte signé du président du collectif, qui indique, au passage, la conduite à suivre pendant toute la période de débrayage. Il faudra donc se déporter à l’aéroport international de Douala pour trouver le “ vrai ” mouvement.
Ici, la situation est plus tendue. Tous les avions sont cloués au sol. Pas de décollage, ni d’atterrissage. Les bagages des passagers impuissants, sont abandonnés, sans le moindre suivi. La tentative de l’unité de gendarmerie locale d’essayer de faire atterrir un avion d’une compagnie étrangère par force se solde par une vive altercation entre les gendarmes et les grévistes, aussi déterminés que jamais. Psalmodiant leurs multiples revendications, entre autres, le problème d’arriérés de salaires, de l’implication des employés dans le processus de liquidation, la liquidation des de certains agents débarrassés d’après le protocole consensuel de départ, le reclassement de ces nombreux employés après la privatisation.
“ C’est même ça le point nodal. Qu’est-ce qu’on va devenir après le 30 ? Si on n’en parle pas maintenant, comment on fera une fois que le repreneur sera déjà installé ? ”, s’interroge un syndicaliste.
Dénouement
Autant de problèmes pendant depuis de lustres qui sont venus faire déborder le vase avec la fermeture par le liquidateur, des comptes de la compagnie de Douala et de Paris. Une situation qui a soulevé une poussée d’adrénaline du côté des employés agonisants depuis quelques mois. Face à cette détermination, le gouvernement a vite réagi via le ministre de l’Economie et des Finances (Minefi), en accédant à quelques exigences.
A savoir, le reclassement des employés, le paiement de 3 mois d’arriérés (dès ce jour), l’implication des employés dans le processus de liquidation. En retour, il a obtenu la suspension de la grève dont le mot d’ordre, selon les syndicalistes a été levé hier à minuit. Donc ce n’est que ce matin que les vols vont reprendre, en même temps que le service dans les bureaux. Dans l’ensemble, même si le gouvernement a marqué un point en désamorçant la bombe, les employés de la Camair restent vigilants, au regard au mauvais jeu du passé. “Pas de nouvelle compagnie sans nos droits ”, “Colonialisme et détournements ont assassiné la Camair. La justice est la condition sine qua none de la paix ”, préviennent-ils dans les banderoles affichées ça et là.
Source: La Nouvelle Expression
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