... Venu apposer des scellés sur toutes ouvertures de la maison, plusieurs autres personnes, à bord de " clando " font leur entrée dans la concession. Il est 16h30 et sur les visages, la lassitude se lit. La fougue de la matinée d'hier, mardi 23 mai, passée, on a plus très envie de reparler de tout ça. Madame Zang Mba vêtue d'un Kaba-Ngondo, une écharpe négligemment jetée sur ses épaules lance dans un murmure : "On dit que ce sont les gens de la famille qui ont manifesté. Je ne suis pas sûre que ce soit le cas." Elle ajoute par ailleurs : "Je suis dépassée. Je ne sais pas ce que je peux vous dire. Je ne sais même pas de quoi il retourne alors, ne m'en demandez pas plus."
On aura du mal à savoir si cette ignorance est réelle ou feinte. Sur son visage, aucune émotion particulière ne se lit. Même lorsqu'elle pose son regard sur les scellés posés par Me Marie-Claude Bebi, huissier de justice à Mbalmayo. Cette dernière ne souhaite du reste pas s'attarder sur le motif de son action. "J’ai apposé les scellés sur réquisition du préfet du Nyong et So'o. Désormais, il n'y aura que les gardiens que nous posterons à l'entrée qui auront accès à cette propriété où il sera fait un inventaire", précise l’huissier de justice.
Même si la ville semble avoir recouvré son calme habituel, c'est avec émotion que l'on se souvient encore des troubles qui ont secoué la ville de Mbalmayo dans la matinée d'hier, mardi 23 mai 2006.
Il est environ 9h lorsque plusieurs centaines de personnes venant du village Ngatbané dont est originaire le maire incarcéré depuis lundi soir, envahissent la mairie. Pancartes en mains, elles revendiquent, comme un seul homme, la libération de leur maire. Malgré l'arrivée du 1er adjoint préfectoral du département du Nyong et So'o, elles ne démordent pas et insistent pour mener une marche de "revendication" à travers la ville. Une autorisation leur est accordée par le préfet qui pose comme condition que les manifestants n'opèrent aucune casse dans la ville. Elles acceptent.
Casse
Malheureusement, elles ne tiendront pas leur promesse bien longtemps. "Bien qu'elles aient été mises sous escorte de la gendarmerie, les populations ont réussi à casser le pare-brise du véhicule du sous-préfet, briser le pare-brise d'un camion qui allait faire une livraison à Ngomedzap. Ces personnes sont ensuite allées bloquées l'entrée de la ville à tous les véhicules.
C'est à ce moment que des renforts sont demandés par la brigade de gendarmerie de Mbalmayo au Secrétariat d'Etat à la défense qui a dépêché un escadron de la gendarmerie", raconte le commandant de la brigade de gendarmerie de Mbalmayo en désignant des débris de verre à côté de la brigade. Les manifestants seront très vite dispersés à travers la ville par les gendarmes et d'autres populations de la ville qui trouvaient "qu'ils en [faisaient] trop pour quelqu'un d'assez controversé dans la ville". Les manifestations durent jusqu'à 14h. Les automobilistes et transporteurs inter-urbains sont contraints d'opérer des détours pour sortir de la ville.
Pour ce qui et des motifs de l'arrestation du maire, Dieudonné Zang Mba Obélé, le commandant de brigade de gendarmerie parle de "faux et usage de faux, détournement de deniers publics et émission de chèque sans provision." Des sources proches du parquet de la ville de Mbalmayo, on parle "d'une somme de près de 147 millions de francs Cfa que le maire [aurait] distrait." Des accusations qui n'éveillent que l'agacement de l'épouse de l'édile. "Je ne sais pas pourquoi il est arrêté. En tout cas, il n'est ni le premier, ni le dernier. Nous attendons tout simplement que la justice fasse son travail", dit-elle.
Arrivé à la tête de la commune urbaine de Mbalmayo au lendemain des élections législatives et municipales du 30 juin 2002, Dieudonné Zang Mba Obelé, exerçait ses fonctions de maire en même temps que celles de conseiller N°1 de l'ambassade du Cameroun à Tokyo au Japon. Il a été mis à la retraite depuis environ deux mois et demeure, pour l’instant, le maire de Mbalmayo.
Source: Quotidien Mutations
|
