Une clairière sur le flanc d'une colline et au bord d'un ruisseau dans la broussaille au lieu dit Mehandan I, dans la commune rurale de Nkol-Afamba, département de la Mefou et Afamba, à près d'un kilomètre de la route qui mène à l'aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Deux bâtiments badigeonnés de chaux blanche et tachetés de la couleur grise du béton qui servait à boucher les trous sur les murs, ornent ce grand espace défriché et limité par un mur presque interminable (1,5 km) de 2,5 m de haut.
Les deux bâtiments sont en voie d'être livrés, selon les techniciens. "Nous sommes en train de mettre les carreaux, puis les portes. Les fenêtres ne sont pas encore prêtes. Nous mettrons la peinture après tous ces petits travaux qui constituent la dernière étape", confie un technicien des établissements Tapatapaner. Une entreprise dont les techniciens viennent de Douala.
Un technicien, sous le sceau de l'anonymat, révèle : "les responsables de la Fécafoot nous ont dit que les travaux étaient lents. Ils nous ont alors demandé de faire les travaux de peinture en plus du carrelage pour lequel nous sommes ici. Or, ce sont les moyens financiers qui semblent faire défaut, car les responsables de la Fécafoot veulent voir ces travaux achevés le plus tôt". Les établissements Tapatapaner avaient été sollicités par l'entrepreneur Antonio Moubi, le superviseur des travaux.
Ils se retrouvent à peindre ces bâtiments, qui serviront de réfectoire et de dortoir et qui attendent toujours d'être alimentés en eau et en électricité.
L'un des deux terrains de jeu prévus est juste terrassé. Les camions de sable continuent à décharger leur contenu, de jour comme de nuit. Selon un technicien, les canalisations permettant d'évacuer les eaux lors des pluies sont déjà installées. "Il faudra d'abord verser la terre noire avant de planter le gazon", a-t-il ajouté. Un forage est prêt pour arroser la pelouse le moment venu.
Pour le premier vice-président de la Fécafoot, président de la Commission des infrastructures, les travaux de cette première partie du chantier seront achevés dans 36 jours. Jean René Atangana Mballa précise que "seule l'aire de jeu ne sera pas prête, car il faudra attendre que le gazon pousse et qu'il prenne". Même si par extraordinaire les travaux de construction des deux bâtiments et de l'aire de jeu sont achevés dans un mois, le Centre technique national de la Fécafoot, dont la pose de la première pierre a eu lieu le 17 janvier 2004, est loin d'être prêt.
Au regard de la maquette, ce centre, cofinancé par la Fifa à travers le projet Goal, a une superficie de six hectares. Il doit comporter au terme des travaux de construction, deux terrains d'entraînement, un bloc destiné à l'hébergement des athlètes composé de quatre dortoirs pour une capacité totale de 120 lits, un restaurant, un bloc administratif et une salle omnisports, pour un coût total initial de 600 millions de francs Cfa.
Un troisième terrain est annoncé par le premier vice-président de la Fécafoot, qui fait aussi état d'un dortoir de 30 lits spécialement pour les Lions Indomptables. "Nous avons vu gros au départ", confesse Jean René Atangana Mballa, qui affirme que les travaux ont été réajustés à cause des fluctuations monétaires.
Contradictions
Selon le premier vice-président de la Fécafoot, la Fifa a octroyé 400.000 dollars américains, comme elle le fait pour toutes les Fédérations nationales, à la construction de ce centre. La contribution de la Fécafoot monte à 500.000 dollars prélevés à la source par la Fifa. Soit un total de 900.000 dollars, environ 675 millions de Fcfa, à l'époque des études quand le dollar valait 750 Fcfa.
Curieux : l'évaluation en dollars n'est pas dans les usages de la Fifa, qui donnent toujours ses montants en Francs suisse comme c'est le cas sur son site internet en ce qui concerne le projet Goal à l'origine du financement de ce centre technique. L'enveloppe de ce projet Goal (présent sur tous les continents) sur le site de la Fifa pour la période 2003-2006, est de 100 millions de francs suisses, environ 42,5 milliards Fcfa.
" Avec la chute du dollar à 500 Fcfa, nous déplorons un écart de 70 millions Fcfa", soutient Jean René Atangana Mballa. Le responsable des infrastructures à la Fécafoot précise que la première partie des travaux sera disponible avant le 24 juin prochain, après plusieurs reports et coûtera 800 milles dollars, soit plus de 400 millions Fcfa. Les deux bâtiments en construction ont coûté 70 millions Fcfa chacun. Seulement, au regard de la maquette, situer le taux de réalisation des travaux à 40% à ce jour est largement altruiste.
A la Fécafoot, on se défend d'être à l'origine du retard accusé dans les travaux. "C'est la Fifa qui a signé un contrat avec un architecte. Lequel architecte, Arc, basé à Paris, a recruté une entreprise camerounaise, Sénérémo, pour effectuer les travaux. Nous attendons de la Fifa qu'elle nous remette les clés du Centre technique lorsque les travaux seront achevés", affirme Jean- René Atangana Mballa, qui soutient que c'est la Fifa qui a décidé de réévaluer les travaux du fait de la dépréciation du dollar.
Il annonce par ailleurs que la deuxième partie des travaux sera financée par le projet Fifa Goal 2. Pour cela, la Fécafoot compte associer ses sponsors pour apporter leur contribution financière. Jean René Atangana Mballa ajoute que " le devis pour la construction du centre technique national de la Fécafoot avait été fait en dollars par la Fifa, qui gère tout. C'est la même chose dans tous les autres pays qui ont bénéficié du projet Goal de la Fifa ", nous apprend-il en précisant que la seule condition était de trouver du terrain. La Fécafoot en a acquis un.
Pourtant Des pays comme le Maroc ont vu l'inauguration il y a trois semaines de leur centre technique par Sepp Blatter, le président de la Fifa, qui a également inauguré au Sénégal le siège de la fédération et lancé la construction du Centre technique de ce pays. En effet, pour bénéficier une deuxième fois des financements du projet Goal, il faut que le premier chantier soit achevé, les travaux bien menés et réceptionnés comme c'a été le cas avec le siège de la fédération du Sénégal.
Source: Quotidien Mutations
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