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"Chief " Albert John Lutuli (1898-1967) : prix nobel de la paix 1960
(14/05/2006)
Aujourd'hui moins connu que Nelson Mandela, Lutuli fut président de l'ANC (African National Congress) de 1952 à 1967 et Prix Nobel de la paix en 1960
Par Paul Yange
Albert John Lutuli, prix nobel de la paix et président de l'ANC
Albert John Lutuli, prix nobel de la paix et président de l'ANC
La date de naissance d’Albert John Lutuli est estimée à 1898. Son grand père est le chef d’une petite communauté zoulou à Groutville, dans la région du Natal en Afrique du Sud. Le père de Lutuli, John Bunuan Lutuli, sera un missionnaire chrétien qui passera une partie de sa vie dans la province du Matabélé en Rhodésie du Sud où il sera rejoint par sa femme ; son troisième fils, prénommé Albert John, est né en Rhodésie. En 1906 Mtonya Gumede, la mère, et Albert John résident à Groutville où elle est retournée à la mort de son mari. Soutenu par sa mère qui est déterminée à ce que son fils reçoive une éducation, Albert John étudie dans différentes écoles missionnaires. En 1917, il achève sa formation d’enseignant. Après avoir travaillé deux ans dans une école, Lutuli complète sa formation (toujours dans l’enseignement) à l’Adams College(où il enseignera par la suite). Pendant les dix neuf années qui vont suivre, Lutuli sera enseignant. A cette époque et plus tard, sa conviction est que l’éducation devrait être dispensée à tous et que la qualité d’éducation reçue par les élèves blancs sud-africains devrait être la même pour tous. En 1928, Lutuli est secrétaire de l’association des enseignants africains, puis en devient le président en 1933.


Le jeune Albert John Lutuli
Le jeune Albert John Lutuli
Entre temps, en 1927, il s’est marié avec Nokhukanya Bengu, une enseignante comme lui et leur résidence permanente est située à Groutville. En 1933, les anciens de la communauté zoulou dont il est originaire (forte de 5000 personnes) lui demandent d’en devenir le chef. Lutuli hésite pendant deux ans car il est réticent à abandonner son métier d’enseignant. Il accepte finalement et pendant les dix sept années suivantes, il va se consacrer à sa fonction, en étant le représentant de sa communauté auprès du gouvernement central, en présidant les cérémonies traditionnelles, en recherchant de meilleures conditions de vie pour son peuple. Alors que les mesures d’Apartheid prises par le gouvernement sud africain devenaient de plus en plus restrictives pour les non-blancs d’Afrique du Sud [ En 1948, les mesures dits d’apartheid ont officiellement instauré un développement séparé entre blancs et noirs, en 1950 les "pass laws" restreignant la liberté de mouvement pour les noirs sont renforcées], Lutuli s’engage de plus en plus, non plus seulement en faveur de sa communauté zoulou, mais en faveur de tous les noirs et finalement de tous les sud-africains victimes de l’injustice de la ségrégation instaurée par l’apartheid.


Lutuli lors de la ceremonie de remise du Prix Nobel de la paix
Lutuli lors de la ceremonie de remise du Prix Nobel de la paix
En 1944 il rejoint l’ANC (African National Congress), un mouvement politique revendiquant l’égalité pour tous les citoyens. En 1945 il est membre de la section de l’ANC pour la province du Natal. En 1951 il devient président de cette section. L’année suivante, en 1952, Lutuli rejoint les autres leaders de l’ANC dans des campagnes non violentes afin de protester contre l’apartheid. Le gouvernement, arguant d’un conflit d’intérêt en profite pour lui demander de choisir entre ses fonctions de membre de l’ANC et de chef élu (et payé par le gouvernement) représentant sa tribu. Refusant de choisir entre les deux, il est démis de ses fonctions de chef élu par le gouvernement de Pretoria. Cependant, il est élu président de l’ANC un mois plus tard (toujours en 1952 et le restera jusqu’à sa mort en 1967). Le gouvernement sud-africain réagit immédiatement et cherche à minimiser l’impact de Lutuli en tant que leader en lui interdisant de prendre la parole au cours de tout rassemblement public pendant deux ans.

Dès la fin des deux années de sanction prononcées à son encontre par le gouvernement sud-africain, Lutuli se rend à Johannesburg afin d’y prononcer un discours, mais le gouvernement sud africain l’en empêche en lui interdisant pour deux nouvelles années de prendre la parole en public et en l’assignant à résidence surveillée dans un rayon de 30 km autour de chez lui. Lors de l’expiration de cette deuxième sanction, il assiste à la conférence de l’ANC en 1956, et est arrêté quelques mois plus tard (ainsi que 155 autres personnes : 105 africains, 21 indiens, 23 blancs et 7 métis; presque toute la direction nationale de l'ANC se trouvait dans le groupe) pour haute trahison. Le procès commence en janvier 1957.Il est finalement relâché et innocenté en décembre 1957 (de même que 64 autres personnes ).


Il reprend ses activités en 1958, mais tombe à nouveau sous le coup d’une troisième sanction émise par le gouvernement sud-africain : 5 ans d’interdiction de publication sous quelque forme que ce soit et assignation à résidence surveillée dans un rayon de 20 km de son domicile. L’interdiction est momentanément levée pour lui permettre de témoigner au cours du procès pour trahison (qui s’achève en mars 1961 par un non lieu pour l’ANC qui était accusée d’être une organisation pro-communiste essayant de renverser le gouvernement par des moyens violents).

Il est également autorisé à se déplacer lorsqu’il veut aller brûler son "pass" en soutien aux personnes tuées lors du massacre de Sharpeville, manifestation de protestation contre les "pass" instaurés par le gouvernement pro-apartheid. L’autorisation n’est donnée que parce que le gouvernement projette de l’arrêter en flagrant délit. Lutuli est effectivement arrêté, reçoit une amende et une peine de prison qui n’est finalement pas appliquée du fait de sa santé fragile, mais retourne en résidence surveillée à Groutville. Une dernière fois, en 1961, l’assignation à résidence est levée pour 10 jours en décembre 1961, afin que Lutuli puisse aller recevoir le prix Nobel de la paix qui lui a été décerné en 1960.



En mai 1964, une quatrième assignation à résidence valable pour une durée de 5 ans est émise par le gouvernement sud-africain, un jour avant l’expiration du troisième. Cependant Lutuli reste présent dans la mémoire collective de ses contemporains : le syndicat des étudiants sud-africains le nomme président d’honneur, les étudiants de l’université de Glasgow en Ecosse l’élisent comme recteur (mais il n’est pas autorisé à quitter l’Afrique du Sud pour prendre part à la cérémonie d’investiture), le conseil protestant de la ville de New-York lui décerne une récompense... Malgré l’interdiction qui lui a été faite de publier sous quelque forme que ce soit, son autobiographie intitulée let my people go et publiée en 1962 circule et son nom figure sur les pétitions en faveur de la défense des droits de l’homme envoyées aux Nations-Unies. Quelques quinze années avant sa mort, Lutuli souffrait de tension artérielle et son ouie ainsi que sa vue avaient été altérés. C’est ce qui a peut-être causé sa mort tragique le 21 juillet 1967 . Il fut blessé mortellement par un train qu’il n’avait pas entendu arriver alors qu’il marchait le long du "trestle bridge" qui traversait la rivière Umvoti située à quelques kilomètres de chez lui. Cependant, certains commentateurs de l'époque trouvèrent l'accident hautement suspect.

Sa mort, celle d'un prix nobel de la paix internationalement reconnu, laissa un grand vide au sein de l'ANC, même si avec Oliver Tambo qui exerçait jusque là les fonctions de directeur general adjoint, l'ANC trouva un remplaçant à la hauteur.

Friends, let us make no mistake, the road to freedom is always full of difficulties. Before we reach the summit of freedom, many will have fallen by the wayside as a result of enemy action, and others as through personal despondency may abandon the fight. But I call upon you as the true son of South Africa to be true to Africa, and count no sacrifice too great for her redemption."



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