Le 27 Avril 1848, on comptait encore 250.000 esclaves en Guadeloupe, Martinique, Réunion et Guyane. Lors d’une cérémonie dans le jardin du Luxembourg, Jacques Chirac, accompagné de plusieurs hommes politiques tels que de Villepin, Debré ou Christian Poncelet, a déclaré « mémoire et justice devaient être rendues à ces millions de victimes anonymes » et encore que cette journée devait permettre de célébrer la « diversité française » , bien sur mise à mal par la crise des banlieues et les débats houleux sur la colonisation.
Dans un contexte politique qui n’est pas au mieux, ce « devoir de mémoire » s’est déroulé de façon plutôt laborieuse, selon un site belge, www.lalibre.be
Pas que l’événement ait été oublié, vu le grand nombre de cérémonies organisées aussi bien à Paris que dans les provinces, mais on a senti une certaine réticence culturelle à la repentance ; en effet il y a quelques mois, Chirac voulait faire instruire dans la culture le bien-fondé de la colonisation, ce qui montre bien soit l’ignorance soit le désaveu des Français vis-à-vis de cette sombre partie de l’histoire.
L’histoire confirme d’ailleurs cela : les crimes de la France de Vichy contre l’Algérie française n’ont été reconnus que très tardivement, et Napoléon – qui a rétabli l’esclavage en 1802 – occupe aujourd’hui une place plutôt controversée. Comme le montre bien le fait qu'aucune manisfestation à l'échelle nationale n'avait été prévue pour la journée d'hier.
D’ailleurs, au Parlement, on parle d’une proposition de 40 députés UMP d’abroger un article de la loi du 10 mai 2001 réservant une place dans les programmes scolaires à l’esclavage.
Ce manque de repentance et le chemin qui reste à faire est d’ailleurs sous-entendu par le président de la République, qui a aussi déclaré « qu’ A travers les souvenirs de l'esclavage et de ses abolitions, c'est aussi la diversité française que nous célébrons aujourd'hui», et que «regarder tout notre passé en face, c'est une des clés de notre cohésion nationale».
Pour revenir à l'évènement en lui-même, le président de la république a inauguré au jardin du Luxembourg une oeuvre composée d'arches de bambous de l'artiste guadeloupéenne Léa de Saint-Julien, intitulée La forêt des Mânes. L'oeuvre sera exposé du 10 mai au 14 juillet avant de laisser la place à une stèle commémorative.
Christiane Taubira, la députée de la Guyane, qui est à l'origine de la loi du 10 Mai 2001 qui a reconnu la traite et l'esclavage comme un crime contre l'humanité, était bien sur présente.
Au Panthéon, la visite des tombes des grands hommes ayant lutté contre l'esclavage était gratuite hier. En fin d'après-midi, le Grand Orient de France (principale obédience de la franc-maçonnerie) a organisé un hommage à Victor Schoelcher, initiateur du décret du 27 avril 1848 abolissant définitivement l'esclavage en France et dans ses colonies.
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