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6 mars 1957 : la Gold Coast devient le Ghana
(23/04/2006)
Jusqu'au milieu du 20ème siècle, seuls deux pays en Afrique noire n'ont pas été colonisés. Le Ghana sera le premier pays d'Afrique noire à conquérir son indépendance.
Par Paul Yange
Kwame Nkrumah peut savourer son triomphe ce 6 mars 1957 : la Gold Coast devient le Ghana, Etat indépendant et libre
Kwame Nkrumah peut savourer son triomphe ce 6 mars 1957 : la Gold Coast devient le Ghana, Etat indépendant et libre
Jusqu'au milieu du 20ème siècle, seuls deux pays en Afrique noire sont indépendants, l'Ethiopie et le Libéria. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les africains sont de plus en plus nombreux à réclamer leur indépendance, l'opinion internationale évolue, la plupart des puissances coloniales, de gré ou de force, évoluent sur la voie de la décolonisation.

Un pays en Afrique noire est en avance sur les autres, et est le premier à accéder à la souveraineté. Il s'agit de l'ex Gold Coast, qui devient le Ghana sous la houlette de son premier ministre, Francis Kwame Nkrumah, qui est un des hommes politiques les plus populaires d'Afrique. A minuit, le drapeau britannique, "l'Union Jack", est remplacé par le drapeau du Ghana, qui est de couleur rouge-vert-jaune. Des cérémonies ont été organisées dans tout le pays, 12 ministres et chefs de gouvernement, ainsi que 39 représentants de pays étrangers participent aux festivités célébrant la naissance du jeune Etat.

A minuit dans la nuit du 5 au 6 mars, Kwame Nkrumah proclame l'indépendance de son pays. Quelques minutes après minuit, il est porté en triomphe par les membres du cabinet dans les rues d'Accra où 100 000 personnes se sont massées. "Liberté, liberté, plus de Côte d'Or. Vive le Ghana", crie la foule.

En cette nuit historique, Kwame Nkrumah peut savourer son triomphe : après avoir passé douze années à l’étranger (Etats-Unis et Angleterre) de 1935 à 1947, où il s’est forgé une conscience politique, et où il a rencontré des gens tels que George Padmore, ou W.E.B Du Bois, il est revenu au pays en 1947, a fondé un parti politique, le CPP (Parti de la Convention du Peuple), a été emprisonné, puis a gagné les élections en 1951, ce qui l’a propulsé à la tête d'un gouvernement qui bénéficie d’une large autonomie interne. Nkrumah résiste aussi à l’opposition interne (menée par le Dr Kofi Busia) encouragée par les britanniques qui veulent empêcher ou retarder l’accession à l’indépendance de leur colonie. Nkrumah remporte de nouvelles élections en 1956. Il est plus que jamais l’homme fort du pays et ses victoires traduisent l’aspiration de son peuple a l’indépendance qui arrive ce 6 mars 1957.


Nkrumah et les membres de son cabinet le 6 mars 1957
Nkrumah et les membres de son cabinet le 6 mars 1957
Nkrumah, ému aux larmes, prend la parole : "Enfin, Ghana, notre cher pays, est libre. La domination étrangère et l'impérialisme ne sont plus. A partir d'aujourd'hui, vous devez changer votre attitude, car vous devez comprendre que vous n'êtes plus un peuple colonial, mais un peuple indépendant et libre". Mais pour Nkrumah, l'indépendance du Ghana à elle seule ne suffit pas tant que les autres pays d'Afrique ne sont pas libérés du joug du colonialisme.

Nkrumah promet l'aide de son pays à tous les pays africains recherchant l'indépendance :

"Les sacrifices que le peuple du Ghana a fait dans sa lutte pour l'indépendance, ne sont qu'une première étape de l'avancement général de tous nos frères africains. Le gouvernement espère que, devenu un Etat libre et souverain, le Ghana pourra servir de centre de discussion à tous les problèmes africains, de sorte que les problèmes africains recevront l'attention qu'ils n'ont pas eu depuis longtemps. Notre but est de travailler avec les autres pour donner un caractère africain à l'étude des affaires internationales. Je crois que le système du Commonwealth peut être pris en exemple pour les méthodes les plus efficaces mettant fin au colonialisme sans révolution, ni violence, et dans les conditions où un ancien territoire colonial reste en association étroite et amicale avec l'ancienne puissance impériale."

Après avoir souligné les atouts économiques dont dispose le Ghana, le premier ministre conclut par ses mots :

"Le succès ou l'échec de nos efforts à faire du Ghana un Etat prospère, heureux, aura des répercussions hors de nos frontières. Tout échec de notre pays aurait des conséquences tragiques dans d'autres territoires africains qui luttent pour l'indépendance. Nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer. Nous n'échouerons pas." De fait, pendant une dizaine d'années, de 1957 à 1966, Nkrumah est en quelque sorte le porte-parole de l’Afrique. Le Ghana devient la plaque tournante de la politique africaine. Le pays n'hésitera pas à abriter en son sein les mouvements de libération africains ou les partis d'opposition hostiles aux gouvernements limitrophes. Nkrumah par ses tendances marxistes affichées, et ses prises de position allant à l'encontre des intérêts des grands trusts anglo-saxons devient dérangeant.

Le drapeau du Ghana
Le drapeau du Ghana
Dans le pays, après avoir été victime de plusieurs tentatives de coups d'Etat ou d'assassinat, son régime devient autoritaire. (Il s'autoproclame président à vie, interdit les autres partis politiques au cours des années 60 et utilise la détention préventive sans procès contre ses adversaires politiques). La bourgeoisie locale n'apprécie guère l'artisan de l'indépendance du pays. En pleine guerre froide, le charismatique Nkrumah est surveillé de près par les américains qui ont la hantise de la contagion communiste, et qui sont prêts à tout pour l'éviter.

Les conditions sont donc réunies pour une éviction de Nkrumah. Alors qu'il se rend à l'étranger en février 1966, il est déposé par un coup d'Etat effectué par des militaires ghanéens soutenus par les Etats-Unis. Il trouve refuge en exil en Guinée où Sékou Touré l'accueille d'abord à bras ouverts, le nommant même vice-président. Mais très vite, la présence d'une personnalité telle que Kwame Nkrumah finit par devenir gênante. Nkrumah fait-il de l'ombre à Sékou Touré ? Toujours est-il que les visites de ce dernier finissent par s'espacer.

Entre-temps au Ghana, le pays apprend à vivre sans son leader charismatique qui, malade, est transféré à Bucarest en Roumanie, où il décède en 1972. Le père de l'indépendance du Ghana vient de mourir et sa mort est pleurée dans toute l'Afrique. Une page de l'histoire du premier pays d'Afrique noire à conquérir son indépendance, le 6 mars 1957, est définitivement tournée.






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