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Il y a 29 ans : le formidable succès de "Racines"
(16/04/2006)
Retour sur "Racines", série télévisée qui a marqué plusieurs générations de téléspectateurs, au Cameroun comme ailleurs et qui popularisera le nom de "Kunta Kinté"...
Par Paul Yange
La naissance de Kunta Kinté célébrée par sa grand mère Nyo Boto (Maya Angelou) et sa mère Binta (Cicley Tyson)
La naissance de Kunta Kinté célébrée par sa grand mère Nyo Boto (Maya Angelou) et sa mère Binta (Cicley Tyson)
Produite par David Wolper d’après le livre d’Alex Haley (récompensé par le prix pulitzer), Racines ou Roots, retrace la saga d’une famille d’esclaves africains. Acteur star, Levar Burton alias "Kunta Kinté".

Quand la chaîne ABC (American Broadcasting Company) diffusa pour la première fois la série, celle ci prit le monde par surprise et créa une onde de choc à travers la diaspora noire, et à travers tous les Etats-Unis. C’était au cours de la dernière semaine de janvier 1977. La lutte pour les droits civiques en Amérique du Nord, et les mouvements anti-colonialistes africains avait popularisé dans le monde le problème de la condition des noirs. Cependant, le succès de la série pris son créateur Alex Haley et la chaîne ABC par surprise. Celle ci craignant que le sujet abordé ne fasse chuter les audiences et diminuer le nombre de téléspectateurs avait en effet diffusé les huit épisodes de la série en seulement une semaine.
Mais "Racines" dépassa largement les attentes en réunissant un des publics les plus larges jamais rassemblé pour une série dramatique dans l’histoire de la télévision aux Etats-Unis.

La saga commençait avec l’histoire de Kunta Kinté (Levar Burton) un jeune africain capturé par des chasseurs d’esclaves et envoyé par mer en Amérique dans les années 1700. Kunta était traité brutalement par son maître blanc et se rebellait constamment. Plus âgé (interprété par John Amos), il se maria et ses descendants se transmirent son histoire de génération en génération après sa mort. Kizzy (Leslie Uggams), la fille de Kunta Kinté fut violée par son maître et donna naissance à un fils appelé plus tard Chicken George (Ben Vereen). Dans le dernier épisode, l’arrière petit-fils de Kunta Kinté Tom (Georg Stanford Brown) rejoignit l’armée de l’union et gagna son émancipation. Pendant la durée de la saga, les téléspectateurs virent des châtiments corporaux cruels et brutaux (coups de fouets) et beaucoup de moments déchirants (viols, séparation forcée des familles, vente des esclaves aux enchères…). A travers tout cela cependant, "Racines" montraient les personnages d’esclaves en tant que vrais êtres humains et pas simplement comme des victimes ou des symboles de l’oppression.


Levar Burton alias Kunta Kinté
Levar Burton alias Kunta Kinté
Dans un des numéros du Time Magazine paru à l’époque de la première diffusion de la série, son impact était évalué positivement : elle avait donné aux blancs une image plus sympathique des noirs en leur permettant de mieux comprendre l’histoire noire. Dans le même article, on pouvait lire que les restaurants et les boutiques voyaient leurs chiffres d’affaires diminuer à l’heure où la série était diffusée. Dans les cafés et les bars, les gérants retenaient les clients en zappant, délaissant les chaînes sportives et les matchs de basket pour regarder ABC qui diffusait "Racines". Certains parents noirs choisirent le prénom de leurs nouveaux-nés d’après les personnages de la série, et plus particulièrement Kunta Kinté. Les gens en parlaient partout, dans les rues, les églises, les écoles, les centres commerciaux. C'était le thème national.

Pourtant lorsque David Wolper, le producteur de la série, rencontra pour la première fois la chaîne ABC en vue de lui soumettre le projet, l’idée ne semblait pas être si bonne que ça, car produire une mini série de 12 heures en huit épisodes, dans laquelle les noirs sont les héros et les blancs les méchants dans un pays où 90 % de la population était blanche et 10 % noire était inédit à l’époque. Néanmoins, la série était une saga familiale et Wolper pensait que ce fait finirait par convaincre la chaîne. Alex Haley (auteur du livre racines) vint également parler du projet de façon convaincante. ABC fut finalement séduite et décida de produire et diffuser la série sur son réseau.

Wolper explique le succès de "Racines" par le fait qu’elle était innovante et racontait un sujet qui n’avait jamais été traité auparavant. Dans des films comme "Autant en emporte le vent", on voyait des esclaves, mais on ne savait pas d’où ils venaient. Les gens n’étaient pas conscients qu’un esclave pouvait avoir des parents ou des grands-parents. Dans "Racines", en les voyant traverser l’océan dans le bateau des négriers, on se rendait compte de la déchirure familiale, et on suivait le parcours des différentes générations. C’était une histoire de famille, et qu’on soit noir ou blanc, on s’attachait à Kunta Kinté et aux autres personnages, dit-il.


Kunta Kinté "toby" (John Amos) se marie à Bell (Madge Sinclair)
Kunta Kinté "toby" (John Amos) se marie à Bell (Madge Sinclair)
Selon certaines rumeurs que Wolper confirme, certains membres de la production ou de la chaîne ne voulaient pas de Levar Burton (alias Kunta Kinté, qui décrocha le premier rôle alors qu’il n’avait que 19 ans) dans le rôle principal car ils le trouvaient trop "noir"! mais Alex Haley avait spécifié qu’ils voulait des acteurs extrêmement "sombres" pour interpréter les personnages du début de la série (supposé se dérouler en Afrique) tels que Kunta Kinté. La série connu des pics d’audience à 130 millions de téléspectateurs (plus de la moitié des habitants du pays), et une audience moyenne de 100 millions de téléspectateurs. Près de 85 % des foyers américains équipés d’une télévision avaient vus au moins un des huit épisodes.

Toutefois, la saga racontée par Alex Haley n’échappe pas aux critiques. Il semble que certains événements relatés dans son livre n’aient jamais vraiment eu lieu. Ainsi Haley n’aurait jamais retrouvé de griots lui retraçant la généalogie complète de sa famille, ce qui a fait dire ironiquement à ses détracteurs que "Racines" était une "Faction" (terme provenant des mots anglais "fiction" et "facts"), mélange de fiction et de réalité. Quoi qu’il en soit, Racines a marqué des générations d’individus de toute origine et sur tous les continents, popularisé le nom de "Kunta Kinté" l’africain, contribué à faire tomber le mythe de l’esclave "docile" et montrer aux afro-américains qu'ils avaient des racines.

"Racines" donna lieu à une suite en 1979 intitulée "Roots, the Next Generations" qui connu également un grand succès, sans toutefois égaler l'original.





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