Joakim Noah
A 21 ans et du haut de ses 2,09 m, Joakim Noah qui jusqu’en début mars dernier n’était connu dans son équipe de basket-ball de l’université de Floride que comme le fils de l’ancien vainqueur du tournoi de Roland-Garos en 1983, est désormais à la Une de tous les journaux américains et européens. Depuis lundi soir, 3 avril, il est avec son équipe des Gators, champion de basket-ball universitaire américain (Ncaa) 2006. Joakim Noah a été le principal artisan de cette victoire (73-57) sur les Bruins de l’université de Californie à Los Angeles (Ucla) où évoluent deux jeunes Camerounais, visiblement à la peine. Luc-Richard Mbah a Mouté, le fils du directeur général du Fonds national de l’Emploi (Fne), a terminé la rencontre avec 6 points (3/9 aux tirs) ajoutés à 9 rebonds en 32 minutes, et Alfred Aboya avec 2 points (1/1 aux tirs) et 3 rebonds en 10 minutes. Tandis que Joakim Noah marquait cette finale de son empreinte. Il a terminé la partie avec 16 points (7/9 aux tirs, 2/2 aux lancers-francs), ajoutés à 8 rebonds, 6 contres – nouveau record dans une finale –, 3 passes et 1 interception pour 2 pertes de balle en 27 minutes de jeu. Etincelant pour faire de ce rejeton de stars – sa mère, Cecilia Rhode de nationalité suédoise, était mannequin – l’homme du match et le meilleur joueur du tournoi.
En devenant ainsi le joyau des parquets américains, Joakim Noah a illuminé le ciel du Rca Dome d’Indianapolis, le théâtre du Final Four. Pour ceux qui l’ont suivi au cours de la saison, ce n’est point une surprise. Après une première année d’université très discrète (3,9 points et de 2,7 rebonds pour 10,3 minutes de jeu par match en moyenne), le jeune Noah a connu une deuxième année plus fructueuse à en croire les statistiques du mois de mars où il a livré 4 matches époustouflants : 17,2 points (52,5 % au tir), 10 rebonds, 3,5 passes, 2,3 contres, et 1,5 interception en 33,5 minutes par match. Des performances qui ont permis aux Gators d’atteindre le Final Four pour la première fois depuis 2000. Il est la terreur des adversaires et le basketteur de sa catégorie le plus redouté des entraîneurs, à l’instar de Jay Wright de Villanova que les Gators avaient vaincu en demi-finale (75-62) dimanche dernier. “Il est incroyable.
Habituellement, les joueurs aussi grands que lui ne sont pas capables de jouer chaque possession avec un tel niveau d’intensité. Je ne connais pas beaucoup d’arrières qui peuvent faire ça. C’est ce qui le rend unique ”, confiait Jay Wright sur le site de la Ncaa. Pour son entraîneur Billy Donovan, Joakim Noah qui ne serait que sa photocopie, est un joueur sensible, désintéressé, attentionné.
De père en fils
L’histoire de Joakim Noah, loin d’être unique est pour le moins séduisante. Fils de parents divorcés – Yannick Noah et de l’ancien mannequin suédois, Cecilia Rhode –, le jeune champion n’a pas cédé aux pressions de la défection amoureuse de ses géniteurs. Très jeune même, Joakim Noah a quitté la France où vit son père pour New York où vit sa mère. Avant son départ, Joakim, initié par son père, maniait déjà la raquette. Mais à New York qui abrite l’une des salles les plus mythiques de l’histoire du basket, le Madison Square Garden, le jeune Noah, piqué par le virus du basket-ball, abandonne aussitôt la petite balle jaune, pour la grosse balle orange. “Le basket est une religion à New York. J’ai progressé dans mon jeu en jouant sur les playgrounds de Harlem. Ce fut une expérience extraordinaire ”, rappelait le jeune homme sur le site de la Ncaa.
Malgré son jeune âge, Joakim Noah allie physique, mental, moral et agilité. Qualités, dit-on, qu’il a héritées de son père Yannick qui, à son tour, les a héritées de son père Zacharie. Yannick et Zacharie tiennent à l’œil l’autre Noah. Le 1er mars dernier, sous les yeux de son grand-père, Zacharie, vainqueur de la coupe de France de football en 1961 avec Sedan, venu spécialement du Cameroun, et de son père, vainqueur du tournoi de tennis de Roland-Garos en 1983, Joakim Noah a crevé l’écran en marquant 37 points contre les Bulldogs de Georgia. Le jeune intérieur de Florida reconnaît alors qu’il avait “ l’impression de voler sur le parquet. ” On lui prédit déjà une place à la Nba. Il a le choix entre y aller et continuer ses études.
Visiblement, ce n’est pas le seul choix qui attend Joakim Noah aujourd’hui. Sous quelles couleurs va-t-il évoluer en équipe nationale ? La France lui fait déjà les yeux doux. “ Récemment en visite aux Etats-Unis pour observer le comportement de ses internationaux, Tony Parker, Boris Diaw, Johan Petro, voire Ronny Turiaf, Claude Bergeaud n’a pas dû manquer de remarquer les performances du jeune Noah. Mais avant de pouvoir le convoquer en équipe de France, le sélectionneur tricolore devra attendre que le fils du dernier vainqueur tricolore de Roland-Garros soit… Français. Et oui, paradoxe de la situation, si Joakim est le fils d’un tennisman tricolore, il est né à New York d’une mère suédoise. Donc, légalement, il n’est pas Français. La Fédération française ne devrait en tout cas pas tarder à essayer de le convaincre d’opter pour la nationalité française ”, écrivait Emmanuel Quintin sur Sport24.com. Or pour le quotidien français Libération du 27 mars dernier, Joakim Noah est le premier Français à gagner le championnat américain de basket-ball universitaire. Pendant ce temps, au Cameroun, les autorités gardent un silence légendaire ; alors que les Lions indomptables du basket-ball ont besoin des valeurs sûres comme Joakim Noah. Mais pour le peuple, dans les veines de Joakim Noah circule le sang d’un vrai Lion, qu’importe la couleur qu’il prendra.
Source: Le Messager
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