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Yaoundé : La route est un danger en Soa
(31/03/2006)
Permis de conduire douteux, surcharges et excés de vitesse font rage sur l'axe qui mène à la ville universitaire.
Par Jean-Bruno Tagne

Vendredi dernier, on a frôlé la catastrophe sur la route de Soa. Il est en effet un peu plus de 16h lorsqu'un car de 11 places embarque à destination de la ville universitaire. Il a à son bord 16 passagers, dont le convoyeur accroché à la malle arrière du véhicule. Le car est conduit par un jeune homme d'à peine 20 ans. Il est très agité au volant et discute passionnément avec les clients assis à l'arrière et dont il cherche de temps à autre à croiser le regard. Une attitude qui n'est pas appréciée par tous. Un peu après le carrefour Nkol Foulou, le jeune chauffeur distrait leur donnera raison. Emporté par la conversation, il ne voit pas cet autre car en provenance de Soa qui vient de faire un dépacement hasardeux et se dirige droit sur son véhicule. La collision n'est évitée que grâce à un ultime reflexe de ce même chauffeur. Les trémolos qui ressortent de la voix de la jeune étudiante "miraculée", Alvine, qui nous raconte l'histoire prouvent qu'elle ne s'est pas encore remise de ses émotions.

Malgré les travaux de refection de la route de Soa qui ont obligé les chauffeurs à mettre la pédale douce, du moins sur une partie du trajet, il y en a qui continuent à rouler à tombeau ouvert. Selon des témoignages dignes de foi, ces actes sont le fait de certains jeunes gens qui, il y a 1 an ou 6 mois étaient encore de simples chargeurs ou convoyeurs et qui se retrouvent comme par enchantement au volant des voitures, transportant des vies humaines avec une insouciance déconcertante. Ont-ils seulement un permis de conduire?
Le président de l'Association des chauffeurs et chargeurs de Soa (Accs) qui compte près de 400 membres, Prosper Essomba, répond par l'affirmative et soutient que c'est une condition sine qua non pour faire partie de l'association. Une position que démentent, sous cape, d'autres chauffeurs qui confient que certains parmi eux n'ont pas la moindre pièce et quand bien même ils l'auraient, il s'avère le plus souvent que c'est un faux.


Désordre

À cela, le président de l'Accs répond qu'il se contente du permis de conduire qui lui est présenté et qu'il n'est pas habileté à en vérifier l'authenticité. S'agissant du jeune âge des chauffeurs, il pense que ce n'est pas la véritable cause des accidents sur cette route. Parce que, dit-il, lui-même a commencé à conduire alors qu'il n'était âgé que de 17 ans. "Et cela fait pratiquement 8 ans que je suis sur cette route. Ce n'est pas l'âge qui conduit", martèle-t-il.
Du fait de ces manquements, certains étudiants de l'université de Yaoundé II à Soa redoutent qu'un autre accident de la circulation viennent encore les endeuiller, un peu comme en 1993, 1999, mai 2000, 2002, etc. Autant d'accidents qui, en leur temps, avaient coûté la vie à de nombreux étudiants.
Cette inquiétude est amplifiée par le début des travaux sur la route de Soa. Olivier Ondoua étudiant à l'université de Yaoundé II craint le choc entre les cars et les engins de Satom, la société qui s'occupe du chantier. "Quand les travaux vont effectivement commencer, il faudra faire quelque chose pour discipliner les chauffeurs ici. Sinon je crains la catastrophe", s'inquiète-t-il.

Dans les rangs des chauffeurs, certains rejettent ces accusations et estiment que pour l'excès de vitesse ils y sont contraint étant donné qu'ils doivent réunir la recette qui leur est exigée par les propriétaires à la fin de la journée. "Le tarif sur la route de Soa est de 200F alors que pour Mfou, de distance sensiblement égale on paie 400F. Dans ces conditions comment pensez-vous qu'on puisse verser la recette de 15 000, 18 000, ou 20 000 Frs qu'attendent nos patrons en fin de journée?", s'interroge Prosper Essomba. Un autre chauffeur ajoute que le coût élevé du carburant est également pour beaucoup dans l'excès de vitesse et les surcharges.
Tout se passe à la barbe de la police et de la gendarmerie. Hier sur la route de Soa, nous avons dénombré deux contrôles. L'un de la gendarmerie et l'autre de la police distants d'à peine 500m. À chacune de ces barrières, le chauffeur ne prend plus la peine de descendre de son véhicule. Seul le convoyeur va à leur rencontre, argent en main et sans le moindre dossier. C'est ce qui explique nous confie-t-on, qu'on puisse conduire allègrement sur la route de Soa sans papiers.

Au commissariat de Soa, personne ne veut s'exprimer officiellement en l'absence du commissaire. Mais un policier, soutient qu'il leur est arrivé souvent d'interpeller des chauffeurs sans permis. "Ne pensez pas que nous laissons faire", dit-il. À la gendarmerie de la même ville, c'est également la même reserve qui est affichée.
Le désordre sur la route de Soa contrarie même certains chauffeurs qui disent être pour l'assainissement du milieu pour ne laisser que ceux des chauffeurs qui sont en règle. " Avoir la recette est devenu un problème. Trop de cars. On doit demanteler ceux des chauffeurs qui ne sont pas en règle et comme ça au moins nous pourrons nous en sortir", souhaite Hervé, chauffeur.

Source : Quotidien Mutations


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