Jeudi dernier, la décision du ministre des Sports et de l’Education physique d’officialiser la présence au Cameroun d’une délégation de l’équipementier allemand Adidas, partenaire de la Fifa, de la Caf, de l’Uefa et des Jeux olympiques, a jeté un pavé dans la mare. En conviant la presse le lendemain à 11h à la rencontre qu’il avait avec Thierry Weil, responsable de la section football au département marketing d’Adidas, et Robin McCammon, manager du portefeuille clubs et fédérations au même département, Philippe Mbarga Mboa a décidé de rompre avec le culte du secret et l’opacité en vigueur à la fédération camerounaise de football, dès lors qu’il s’agit des contrats engageant les Lions indomptables.
Et, comme par enchantement, à la suite de la rencontre qu’il a également eue dans l’après-midi du vendredi 24 mars dernier avec la délégation du leader mondial dans la vente des équipements de football, Jean-René Atangana Mballa, 1er vice-président de la Fécafoot, a annoncé des négociations déjà en cours avec Nike et Airness. Sans plus de précisions sur les contours des offres des uns et des autres. Pourtant, durant la Can 2006 en Egypte, des sources internes à la Fécafoot faisaient déjà état, sous le sceau de la confidence, de correspondances adressées à la fédération par Nike et Airness, dans lesquelles ces entreprises formulaient des offres.
Ces différentes firmes se positionnent pour succéder à Puma, un autre équipementier allemand, dont le contrat signé avec la Fécafoot le 21 février 2001 arrive à expiration le 31 décembre prochain. Dans cette bataille désormais tombée dans le domaine public, Puma, qui compte 8% de parts de marché au niveau mondial dans la vente des équipements de football, est également candidat à sa succession, mais devrait nécessairement revoir les termes du contrat actuel pour prétendre rivaliser avec ce qu’Adidas a accepté de dévoiler de son offre, au cours de la présentation faite à la presse vendredi dernier au cabinet du ministre des Sports.
Propositions
Dans la stratification des équipes nationales de son portefeuille, Adidas entend loger le Cameroun à la même enseigne que l’Allemagne, l’Argentine et la France, ses "majors", qui forment le tiroir A, qui est complété par le Japon et l’Espagne. Ce classement garantit au Cameroun la présence de tous ses produits dérivés dans toutes les boutiques Adidas disséminées dans 160 pays. Ce qui permet d’envisager des recettes substantielles au titre des royalties reversées à la Fécafoot dans le cadre du marketing direct (vente de maillots, T-shirts, écharpe, casquettes, bonnets…). Une large distribution à laquelle ne peuvent pas toujours prétendre l’Afrique du Sud et le Nigeria, les deux équipes africaines actuellement sous la bannière Adidas et qui sont classées dans le tiroir B.
Au-delà de cette position privilégiée qui sera celle des Lions, Adidas s’engage à habiller en plus des équipes nationales, les équipes du championnat de 1ère division, les arbitres, mais surtout à prendre une part très active dans la formation pour assurer la relève, en s’engageant avec les écoles de football. Des sessions du "Coerver coach", un programme de formation des formateurs organisé par la firme Adidas dans l’ensemble des pays dont elle assure le sponsoring, auront également lieu au Cameroun. Ce programme permet aux entraîneurs locaux de renforcer leurs capacités.
Sur l’offre financière d’Adidas, Thierry Weil n’a pas souhaité s’étendre. "On a, bien sûr, parlé de chiffres, puisque ça fait partie d’une proposition et d’une négociation. A ce stade, on ne donnera pas de chiffres", a- t-il déclaré à la presse vendredi dernier, au bout de plus de deux heures d’un huis clos avec Philippe Mbarga Mboa.
Dans cette bataille de mastodontes (Adidas compte 35% de parts de marché dans la vente d’équipements de football, Nike 25% et Puma 8%) qui se profile, en attendant de voir plus clair dans les offres des autres, Airness du Malien Malamine Koné, qui a habillé la Guinée lors de la dernière Can, fait office de petit poucet et pourrait difficilement avoir voix au chapitre. Cet engouement des meilleurs équipementiers du monde pour les Lions, malgré leur absence en Coupe du monde, est un indicateur de ce que, si ce sont les lois de la concurrence qui prévalent, les Lions indomptables et le football camerounais seraient traités à la dimension de leur réputation dans un proche avenir.
Source : Quotidien Mutations
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