''Il est difficile d'estimer le nombre de ceux qui partent puisque les statistiques sont difficiles à obtenir, mais nous savons qu'il y a un flux net de compétences universitaires hors de l'Afrique'', a déclaré à IPS, Brian Everett, secrétaire général adjoint de l'Association des enseignants de l'Université (AUT) en Grande-Bretagne.
''Ceci est effectif dans toutes les disciplines bien que cela soit plus accentué dans le domaine des sciences et de la médecine'', a-t-il indiqué.
''Les mouvements migratoires sont complexes et basés sur des décisions individuelles souvent influencées par l'état de l'économie des nations d'origine ou des conditions de l'enseignement supérieur'', a souligné Everett. ''Il est clair que les principales nations développées sont les grands bénéficiaires bien que la Chine elle-même se développe à un degré tel qu'elle aussi pourrait en bénéficier''.
Une conférence sur cette fuite des cerveaux de l'Afrique s'est tenue à Londres jeudi, organisée par l'AUT et un autre syndicat d'enseignants, le NATFHE. La conférence était focalisée sur l'idée 'Fuite des cerveaux d'Afrique : Un gain pour la Grande-Bretagne - Une peine pour l'Afrique?''
''La perte des universitaires talentueux de la Grande-Bretagne au profit des USA est bien connue, mais une fuite des cerveaux moins connue est l'exode des talents universitaires de l'Afrique subsaharienne vers le monde développé -- avec des conséquences préjudiciables et potentiellement désastreuses'', ont indiqué les deux syndicats d'enseignants dans un communiqué conjoint.
''La migration internationale des universitaires est largement acceptée comme étant salutaire aux universités et à la vie universitaire'', ont-ils souligné. ''Mais les enseignants africains et britanniques estiment que la perte d'universitaires en provenance de pays en développement peut vider leurs systèmes d'enseignement supérieur -- à moins que des mesures ne soient prises pour atténuer cela''.
Selon Everett, ''nous parlons souvent d'une chaîne alimentaire de fuite des cerveaux puisqu'il est clair que certains pays africains, comme l'Afrique du Sud, profitent de leurs voisins alors que le Royaume-Uni et les Etats-Unis, mais également d'autres pays européens, tirent profit de l'Afrique en général''.
Les conséquences pour l'Afrique peuvent être alarmantes, a-t-il dit.
''Les conséquences sont, en deux mots, que les nations perdantes n'ont pas la base de compétence pour éduquer leurs jeunes et développer leurs propres économies'', a indiqué Everett à IPS. ''Par conséquent, soit elles chancellent, soit elles sont ouvertes aux fournisseurs de l'enseignement privé qui opèrent sur une base lucrative et qui ont différentes valeurs, notamment en relation avec la liberté et la recherche universitaires.
La conférence de Londres ''va commencer par chercher des solutions'', a affirmé Everett, ''mais elles doivent impliquer un certain concept de compensation des pays qui sont vidés de leurs compétences''.
La rencontre de Londres prend sa source dans des idées d'universitaires africains. Elle a examiné les conclusions d'un projet syndical conjoint et exploré des idées en faveur d'actions d'atténuation et d'une politique qui peuvent être adoptées par des syndicats, des organisations non gouvernementales, des universités britanniques et le gouvernement de Grande-Bretagne.
''Le Royaume-Uni accueille nombre des universitaires les plus talentueux venus des quatre coins du monde, y compris de certains pays pauvres d'Afrique'', a indiqué, dans une déclaration, Paul Bennett, responsable national au NATFHE.
''Ils ont le droit de venir, ils sont très bien accueillis et nos universités profitent énormément d'eux -- mais ceci est une relation inéquitable qui peut parfois nuire aux pays d'où ils viennent. Nous voulons que le gouvernement compense ces pays exportateurs et les aide à bâtir leurs propres systèmes d'enseignement supérieur'', a-t-il ajouté.
Everett a expliqué, dans une déclaration, que ''si un petit pays en développement perd juste quelques-uns de ses meilleurs professeurs et chercheurs au profit d'une université britannique, il pourrait être en train de perdre un gros morceau de sa base universitaire''.
Comme les lois et les mécanismes sur l'immigration changent, a-t-il dit, ''nous devons voir les bénéfices des professeurs se déplaçant entre des pays beaucoup plus comme un échange bilatéral. Nous devons veiller à faire soutenir l'investissement dans leurs universités, la coopération dans le développement des capacités dans leur enseignement supérieur et d'autres avantages tangibles à long terme''.
Alors qu'aucune estimation récente des chiffres n'est disponible, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique semblait indiquer que l'Afrique a perdu 60.000 professionnels (comme des médecins, des professeurs d'université et des ingénieurs) entre 1985 et 1990.
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