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Pourquoi l'Afrique fut elle conquise au 19 ème siècle ?
(26/03/2006)
La supériorité technologique donna un avantage décisif aux européens lors de la conquête de l'Afrique.
Par Paul Yange
Hiram S. Maxim, inventeur de la mitrailleuse Maxim qui donna un avantage décisif aux européens lors de la conquête de l'Afrique
Hiram S. Maxim, inventeur de la mitrailleuse Maxim qui donna un avantage décisif aux européens lors de la conquête de l'Afrique
En 1880, seules quelques régions nettement circonscrites de l’Afrique étaient sous domination directe des européens. En 1914, excepté l’Ethiopie et le Liberia, l’Afrique entière est divisée et occupée par les puissances européennes (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Portugal, Belgique, Espagne et Italie) et le colonialisme s’y installe. Divers facteurs objectifs permettent d’expliquer le processus de conquête et d’occupation de l’Afrique.

- Les conflits inter africains (alors qu’à la même époque l’Europe jouissait d’une certaine stabilité) divisèrent les forces de ces Etats alors que les européens pouvaient mobiliser leurs troupes de manière presqu’exclusive à leur conquête d’outre mer.

- Grâce au travail des missionnaires et des explorateurs, les européens en savaient plus sur l’Afrique (géographie, économie, ressources, forces et faiblesses des Etats) que les africains n’en savaient sur l’Europe. De plus, du fait des progrès de la technologie médicale, (emploi prophylactique de la quinine contre la malaria), les européens redoutaient beaucoup moins l’Afrique qu’avant le milieu du 19è siècle. Ajoutons à cela que les ressources financières des Etats européens étaient largement supérieures à celles des Etats africains.


La mitrailleuse Maxim
La mitrailleuse Maxim
- Tandis que les Etats européens pouvaient dépenser des millions de livres pour leurs conquêtes, les Etats africains ne soutenaient pas la comparaison. L’avènement de la révolution industrielle en Europe et de ses progrès techniques ( Le Bateau à vapeur par exemple, découvert par l’américain Robert Fulton permis aux européens de pénétrer à l’intérieur du continent africain, et de transporter notamment leur armement par ce moyen) accentua de façon décisive l'avantage des européens.

- Là où les européens employaient des armées professionnelles et bien entraînées, la plupart des Etats africains mobilisaient des individus pour leurs besoins offensifs et leurs besoins défensifs. De plus au terme de la convention de Bruxelles (1890), les Etats européens décidèrent de ne plus vendre aucune arme aux africains, ce qui laissa les africains avec des fusils démodés ou un armement traditionnel très inférieur à l’armement européen (1)

L’écrivain suédois Sven Lindqvist (2) a parfaitement montré de quelle façon parmi tous les facteurs précedemment cités, l’avantage technologique dans le domaine de l'armement se révéla être un avantage décisif pour les européens dans la conquête de l’Afrique :

Jusqu’au milieu du XIXè siècle, les armes à feu du "tiers monde" pouvaient se mesurer à celles de l’Europe. L’arme standard était un fusil, chargé par le canon, à canon lisse qui était également fabriqué par les forgerons de village en Afrique. Mais la portée de ces fusils ne dépassait pas 100 mètres, il fallait une minute pour les recharger, 3 fois sur 10 le coup ne partait pas et sous la pluie, l’arme cessait de fonctionner. Un archer tirait plus vite, plus loin et avec une plus grande précision. Il était seulement inférieur dans sa capacité à percer les blindages.

La plus grande résistance africaine de l'histoire fut écrasée lors de la bataille d'Omdurman au Soudan
La plus grande résistance africaine de l'histoire fut écrasée lors de la bataille d'Omdurman au Soudan
C’est pour cela que les guerres coloniales de la première moitié du XIXè siècle furent longues et coûteuses. Même avec une armée de 100 000 hommes en Algérie, les français progressaient lentement puisque les armes d’infanterie des deux camps étaient comparables. En 1853, les britanniques commencèrent à remplacer leurs anciens fusils par des fusils Enfield, qui étaient efficaces jusqu’à 500 mètres et qui tiraient plus vite parce que la balle était contenue dans une cartouche en papier. La Prusse remplaça ses fusils à chargement par le canon par des fusils à chargement par la culasse. L’arme fut testée en 1866 à la bataille de Sadowa (les Prussiens allongés tiraient 7 coups avec leurs fusils Dreyse tandis que les autrichiens debout tiraient 1 coup, l’issue de la bataille était évidente).

Après différents progrès dans le domaine de l’armement, avec une concurrence entre Etats européens, les britanniques adoptèrent en 1869 le martini henry, une arme de la nouvelle génération (rapide, précise, insensible à l’humidité et aux secousses), les français produisirent alors le fusil Gras, les allemands le Mauser.

Puis, un peu plus tard, une nouvelle génération d’armes, les fusils à répétition, fit son apparition. En 1884, le français Vieille inventa la poudre sans fumée (ou poudre blanche) qui permettait aux soldats de rester invisibles lorsqu’ils tiraient. La mitrailleuse Maxim, fabriquée par Hiram S maxim fit son apparition. C était une arme facile à porter et qui tirait onze coups à la seconde. Les Britanniques équipèrent rapidement leurs troupes d’armes automatiques qui furent employées contre les Ashanti en 1874 et les Egyptiens en 1884.



Behanzin (1844-1906), roi du Dahomey acheta des fusils et des canons à des marchands allemands et se constitua une armée de 15 000 hommes afin de resister à la pression etrangère sur son royaume
Behanzin (1844-1906), roi du Dahomey acheta des fusils et des canons à des marchands allemands et se constitua une armée de 15 000 hommes afin de resister à la pression etrangère sur son royaume
A la même époque, grâce à la bessemérisation et d’autres processus, l’acier était si bon marché qu’on pouvait l’employer pour la fabrication d’armes sur une grande échelle. Par contre en Afrique, les forgerons et les armuriers locaux n’étaient plus capables de fabriquer des copies des armes nouvelles. Ils ne disposaient pas du matériau requis, l’acier industriel. A la fin des années 90, la "révolution" des fusils était achevée. Tous les soldats pouvaient tirer sans être découverts, par tous les temps, 15 coups durant 15 secondes sur des cibles situées jusqu’à 1 kilomètre. L’avènement de la balle dum-dum (1897) à Ogive cisaillée en croix provoquant des blessures graves et guérissant très mal constitua le parfait complément à l’amélioration des fusils. Son utilisation fut prohibée entre Etats "civilisés" par la convention de La Haye en 1899.

La puissance technologique des pays européens par le moyen de leur armement se manifesta complètement lors de la bataille d’Omdurman le 2 septembre 1898, au Soudan. La plus grande résistance africaine fut écrasée : 11 000 soudanais furent tués tandis que les britanniques ne perdirent que 48 hommes. Quasiment aucun des 16 000 soudanais blessé n’avait survécu. Winston Churchill, alors correspondant de guerre pour un journal anglais, trouvait le plan des soudanais bien pensé, sauf sur un point essentiel : il sous estimait de façon fatale l’armement moderne.

Winston Churchill, cité par Sven Lindqvist : "Ainsi s’acheva la bataille d’Omdurman, la plus éclatante victoire jamais remportée par les armes de la science sur les barbares. En cinq heures, la plus forte armée de sauvages jamais dressée contre une puissance européenne moderne avait été détruite et dispersée sans guère de difficultés, avec en comparaison peu de risques et des pertes insignifiantes pour les vainqueurs".


(1) Histoire generale de l'Afrique, editions Presence Africaine Unesco
(2) Sven Lindqvist, "exterminez toutes ces brutes", editions le serpent à plumes, 1999







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