Dans la nuit du 21 au 22mars 2006, une embarcation en provenance du port d'Oron au Nigeria en se rendant à Port-Gentil (Gabon), a chaviré au large des côtes camerounaises, à Kribi. Selon les rescapés, l'embarcation, au départ, avait à son bord 150 passagers de nationalités malienne, burkinabé, béninoise et nigérianne. Le bilan, assez lourd, fait état de plus de 100 disparus et 23 survivants. Ces derniers doivent leur survie à un pêcheur local qui a découvert des corps flottants en mer et a aussitôt averti ses collègues et la marine venus à la rescousse de ces personnes. Alertées les autorités administratives de la ville de Kribi dans la province du Sud, s'y sont rendues immédiatement pour voler au secours des 23 naufragés.
Alors que les recherches se poursuivent, les rescapés sont pris en charge à l'hôpital de district de Kribi depuis mercredi. Les équipes de sauvetage (marine et pêcheurs) mobilisées par le Préfet Grégoire Mvongo continuent la recherche des disparus en pleine mer. A l'agence d'information Reuters, François Mahouwa, responsable régional de la Croix-Rouge internationale, a affirmé en s'appuyant sur le récit de certains survivants, que: "La mer était très grosse. Il y avait beaucoup de vagues. Ils se trouvaient sur une embarcation en bois avec à bord beaucoup de gens et beaucoup de marchandises. Il paraît qu'avec la mer une planche s'est cassée et l'eau a commencé à entrer". Un survivant affirme, quant à lui, que les causes de ce naufrage sont d'ordre naturel et mécanique. Il affirme en effet que l'accident a été causé par une violente tornade et une panne du moteur.
Du côté des populations de la ville, c'est le désarroi qui se lit. Ici, en effet, on n'a pas encore oublié le spectacle de juin 2005, lors du naufrage du " Cotonou ", une embarcation beninoise, du côté de Campo, à quelque 75 kilomètres de la ville de Kribi. On se souvient que cette embarcation, victime des intempéries, elle aussi, venait d'Oron au Nigeria pour Port-Gentil au Gabon, avec à son bord des passagers beninois, maliens, burkinabés... Au lendemain de la catastrophe, le spectacle des corps dénudés et déformés par la furie des vagues, des ventres ballonnés par l’eau de mer, des crânes fracassés par les rochers, ont été le triste décor des côtes de cette localité. Le naufrage avait fait 46 morts sur les 80 personnes que comptait l'embarcation.
Quelques jours plus tard malheureusement, une autre embarcation, toujours en provenance d'Oron a fait naufrage. C'était le 12 juillet 2005. Heureusement, les 161 personnes, toutes originaires d'Afrique de l'Ouest, ont eu la vie sauve grâce aux élements de la marine camerounaise en patrouille en haute mer ce jour-là.
Ce nouveau drame lié à une embarcation de fortune est le 3ème que connaissent les côtes camerounaises en huit mois. Il pose ainsi le problème de la sécurité maritime et surtout de l'immigration clandestine en Afrique quand on sait que la plupart des victimes vont chercher des emplois de manoeuvres dans les chantiers gabonais. En cette circonstance, le Préfet Grégoire Mvongo a tenu une réunion de crise hier, 23 mars 2006 pour la régulation de cette série de catastrophes maritimes. Parallèlement, l'inhumation des premiers corps retrouvés se poursuit dans les villages de Londji et Itongué.
Source : Quotidien Mutations
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