L’Assemblée nationale du Cameroun a voté mercredi une loi imposant aux hauts responsables de l’Etat de déclarer leur patrimoine au début et à la fin de leurs fonctions.
La déclaration de patrimoine est prévue par l’article 66 de la Constitution de 1996, qui renvoie son application à une loi jamais votée.
La nouvelle loi créé une commission chargée de recevoir les déclarations, composée de neuf membres nommés par le président de la République.
Sont notamment concernés le chef de l’Etat, le président du Conseil économique et social, les membres du gouvernement, les parlementaires, les responsables de ministères et d’administrations centrales, les élus, les fonctionnaires chargés de la collecte des taxes et des fonds publics, les ambassadeurs, les recteurs d’universités, les directeurs généraux d’entreprises publiques et parapubliques.
L’examen du texte a donné lieu à d’âpres débats, l’opposition réclamant en vain que les déclarations de patrimoine soient publiques et mettant en cause le mode de désignation de la commission.
"Toutes les propositions faites par le Social democratic front (SDF, opposition) pour rendre cette procédure de déclaration des biens transparente, notamment par la publication de ces biens ont été rejetées", a déploré Joseph Mbah Ndam, président du groupe parlementaire SDF. "Le processus de nomination des membres de la commission de déclaration des biens est confisqué par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir)", a-t-il déploré.
"Avec l’insécurité actuelle au Cameroun, la publication des biens peut amener les dirigeants à courir des risques vis-à-vis des malfrats", a soutenu de son côté Benjamin Sonké, secrétaire de la commission des lois constitutionnelles, qui s’est dit très satisfait du texte.
Le Cameroun est classé par l’organisation non-gouvernementale Transparency International (TI) dans le peloton de tête des pays les plus corrompus au monde.
Sous la pression des bailleurs de fonds, les autorités camerounaises ont lancé ces dernières semaines leur plus importante campagne de lutte contre la corruption. Un ministre et plusieurs anciens dirigeants d’entreprises publiques ont notamment été inculpés et incarcérés fin février pour corruption ou détournement de fonds.
Source : Afriquecentrale.info
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