Le très gentil Olivier, qui vit à "Mbeng", est au pays pour des congés. Il couvre les deux petits de friandises. Et puis, contrairement à papa, l’oncle maternel les laisse aller jouer chez les voisins. Il les y encourage même, aussitôt que papa est sorti pour le boulot.
Un soir d’il y a six jours, Jean Simon s’étonne quand même de ne pas connaître ce beau-frère, et de ne jamais en avoir entendu parler. Anne, l’épouse, lui rétorque que sa famille est très nombreuse et que cet hôte lui est très cher. Mais le séjour du "beau" commence à se faire long à la maison. On lui explique qu’il a certes des moyens pour loger à l’hôtel, mais qu’il préfère vivre auprès de cette soeur qu’il n’a pas revue depuis une décennie. On ne va donc pas se battre pour ça.
Vendredi dernier, Jean Simon doit se rendre à Douala pour finaliser un dossier administratif à la Douane. Il est déjà à l’agence de voyage, lorsqu’il constate qu’il a oublié sa chemise de documents au chevet du lit. Les enfants batifolent dans la concession d’à côté, mais il est très pressé pour s’en occuper.
Jean Simon n’est pas au bout de ses surprises. La porte de la chambre est entrouverte. Il fonce, et tombe sur une scène affligeante. Sont-ils en train d’essayer le lit, pour en tester la résistance ? Une bagarre ? Toujours est-il que madame et le "beau" sont dans la position du missionnaire, et ne semblent pas spécialement gênés par cette étreinte, au contraire. Vol au-dessus d’un lit de cocu.
L’homme s’écroule, évanoui. Hôpital et autres. Anne tente une échappée, pendant les trois jours qu’il purge son coma. Entre-temps, Olivier a disparu de la circulation et aurait repris les airs. Ce bonhomme est en réalité un ancien amant de Anne, et le père de Igor, l’aîné. Vivant certes en France grâce à de petits boulots, il est revenu au Cameroun enterrer sa mère. Désargenté, il a réussi à se faire loger à l’oeil et à se servir sur la bête.
La belle-famille, à laquelle madame a raconté une histoire cousue de fil blanc, omettant de relater le flagrant délit, l’en dissuade – surtout pas abandonner les enfants, dont l’aîné ne compte que 7 petites années au marquoir. On l’oblige même – puisqu’elle n’a rien à se reprocher – à rester régulièrement au chevet de son homme. Qui reprend ses esprits et retrouve l’épouse adultérine, qui joue les personnes éplorées, penchée au-dessus de sa tête. Jean Simon s’est de nouveau évanoui, et cette fois les médecins ne lui prédisent pas un prompt rétablissement.
On ne va pas prétendre que Anne dit des prières pour que son mari aille manger les tomates par la racine, mais on imagine son souhait que celui qu’elle a épousé pour le meilleur et pour le pire, n’ait jamais l’occasion d’expliquer la cause de son mal...
Source : Mutations
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