Jean-Jacques Ekindi
En dépit des autorisations torpillées de leurs meetings, ils tiennent à s’exprimer sur l’actuelle gouvernance.
# Le président du Mouvement progressiste (Mp), Jean-Jacques Ekindi a tenu hier, 15 mars 2006, un meeting sur l’esplanade du stade de la Réunification à Douala. Au cours de cette réunion politique que la direction du Mp veut des plus importantes puisque, en rapport avec l’actualité de l’heure, elle a rendu publique une déclaration qui appelle "le pays profond à se mobiliser et à manifester" contre la vie chère et la délinquance économique. M. Ekindi en a profité pour évoquer l’interpellation d’une "demi-douzaine d’anciens Dg pour des faits de corruption et de détournements de deniers publics. L’opinion s’en émeut. Elle réclame encore plus d’arrestations, mais surtout, elle exige que les fonds détournés des caisses de l’Etat soient restitués au trésor public".
Et M. Ekindi d’interroger le parti au pouvoir qui, dit-il, se retrouve entre deux eaux: doit-il se réjouir et multiplier les motions de soutien parce que c’est son chef qui a courageusement déclenché l’opération " mains propres " à la camerounaise, ou alors doit-il battre sa coulpe car seuls ses militants et hauts cadres sont accusés de corruption? Le Rdpc est-il la terreur des détourneurs ou le repère des corrompus? Comme lui, d’autres leaders de l’opposition, de manière sincère ou non, sans s’être consultés, ont récemment pris position dans ce débat sur la lutte spectaculaire contre les atteintes à la fortune publique. Ils regrettent d’expérience et de manière quasi constante que les opérations mains propres en forme de coup de poing chez nous, tournent court et se terminent généralement en queue de poisson.
Qu’il s’agisse de Adamou Ndam Njoya, le leader de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), de Anicet Ekanè du Manidem (qui a pris le parti d’organiser depuis le 09 mars dernier, un meeting chaque jeudi pour exiger la restitution des fonds détournés au trésor public), de Fritz Pierre Ngo du Mouvement écologiste camerounais (Mec), de Samuel Mack-kit de l’Union des populations de Cameroun (Upc), de Justin Aimé Fogoum du Parti vert pour la démocratie au Cameroun ou de Pierre Flambeau Ngayap de l’Undp, le son de cloche est le même. "Il faut au moins mener la lutte contre la prévarication jusqu’au bout cette fois". La réaction des formations politiques de l’opposition comporte cependant des spécificités d’une association à l’autre.
Ainsi, Anicet Ekanè appelle "tous les patriotes, toutes les kamerounaises, tous les kamerounais à d’importantes manifestations, pour réclamer, avec le Manidem, la restitution immédiate et inconditionnelle de l’argent volé par les pontes du régime Rdpc". De son côté, Justin Aimé Fogoum, le président du Parti Vert pour la Démocratie au Cameroun demande que la grande et la moyenne corruption soient attaquées et que le processus se poursuive. Par ailleurs, il pense que : "le temps des discours est révolu. L’action vaut mieux que les mots. Ce qui est encore plus important aujourd’hui, c’est que les Camerounais coupables de détournements, doivent rembourser impérativement ce qu’ils ont indûment pris. Que le produit de leurs détournements soit placé à l’étranger ou quelque part dans le territoire national, il faut que les sommes volées soient rapidement restituées au trésor public."
Jean-Jacques Ekindi insiste pour dire qu’il faut interroger les "vrais problèmes de l’heure". Il s’agit selon le président du Mp, de ceux qui accablent le citoyen au quotidien. Ceux qui touchent au petit déjeuner de chaque Camerounais, "pour ceux qui en ont encore un". Ceux qui l’accompagnent, lancinant durant toute sa journée de travail, de débrouillardise ou de chômage, ceux qui ne le lâchent pas au moment de dormir. En clair, " des problèmes des jours sans pain et des lendemains sans espoir". Jean-Jacques Ekindi qui se dit convaincu que seule la mobilisation des Camerounais de tout bord peut guérir contre le choléra, la prostitution, la dislocation des familles, la destruction des ménages… la déchéance humaine.
Source: Quotidien Mutations
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