Au sortir de l’assemblée générale tenue à Yaoundé samedi 11 mars 2006, Iya Mohammed, parlant de la situation turbulente dans la ligue provinciale du Littoral, affirme que “ Les sanctions ont été confirmées. ” Résultat : Joseph Lima, le président de ladite instance, Mbappe Essoka, le secrétaire général et Abraham Tchato, le trésorier ont été radiés à vie de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Ces trois responsables sont définitivement écartés des milieux du football pour “ insubordination caractérisée ”, selon le président de la Fécafoot. Dans son rapport moral présenté à l’Ag de samedi dernier, Iya Mohammed revenait sur “ la suite à la situation dans la ligue provinciale du Littoral où certains responsables sont suspendus depuis le 15 décembre 2005 par le comité exécutif ”. Cette suite est donc déjà connue : un carton rouge à vie pour les mis en cause.
Cette décision de Iya Mohammed était inévitable, compte tenu de la position de son conseiller, David Mayabi qui s’est senti blessé dans le Littoral où certains ne voudraient plus le voir parler en leurs lieu et place. La veille déjà, le président de la fédération a pris une décision politique en demandant une suspension d’un an et trois mois de sursis. On peut donc comprendre pourquoi le président de la commission de football des jeunes, Pierre Batamack, ancien vice-président de Dynamo de Douala et homme de confiance de Mayebi a animé la bande de ceux qui demandaient la suspension à vie des accusés. A travers cette suspension, Iya Mohammed se décide de blanchir David Mayebi dans une affaire de détournement de 25 millions, les enquêtes étant en cours à la police judiciaire. Il se dégage que : soit on veut montrer à la police judiciaire que l’affaire est gérée en interne et qu’il faut laisser, soit alors c’est un nouveau bras de fer.
Les responsables de la ligue provinciale de l’Ouest suspendus depuis novembre 2005 ont connu une suite plus heureuse que leurs homologues du Littoral. Car leur suspension a tout simplement été levée. Ici, il se pose un problème, puisque l’affaire est jugée dans le civil. Et aucune preuve n’est apportée pour justifier les faits de corruption qui sont imputés aux mis en cause.
Postes vacants
“ La désignation d’un directeur général après le départ de Patrick Precheur ”, l’un des points à l’ordre du jour, ne pourrait connaître une suite que dans les prochains mois. Les services d’un cabinet spécialisé seront requis à cet effet pour des appels à candidature. Avant que le poste de Dg de la Fécafoot ne soit pourvu, les tâches courantes seront exécutées par le chef du département administratif, madame Manguele Thérèse. Sans donner d’amples précisions sur l’assainissement de la gestion des fonds alloués à la Fécafoot, le budget 2006 de cette administration a été arrêté à la somme de 2,4 milliards de francs Cfa, réalisant une hausse estimée à 8,2%.
Il faut relever que dans ce budget, il y a un flottement de 80 millions de francs Cfa. Selon le président Iya Mohammed, le directeur général, Patrick Precheur, serait parti avec certains documents comptables. Il affirme que “ ce serait facile de justifier le moment venu. ” Comment peut-on adopter un budget avec autant de facilité alors que la Fécafoot est confrontée à de graves dysfonctionnements de gestion ? Bien évidemment cette adoption n’était qu’un folklore, car il n’y a pas eu de discussions préalables.
Mauvais résultats
Dans son rapport moral, Iya Mohammed fait un bilan très peu reluisant de l’année 2005, tout en relevant que 2006 sera une année “ très difficile ”. Sur le plan sportif, “ 2005 est l’une des années les moins fructueuses de ces huit dernières années ”, mentionne le rapport moral du président de la Fécafoot. Il cite : la non-qualification des Lions indomptables pour la coupe du monde Allemagne 2006, l’interruption du championnat de deuxième division à l’Ouest, les mauvaises performances des équipes camerounaises en coupes continentales de clubs, la morbidité du football des jeunes dont les compétitions sont en état d’agonie, le championnat n’ayant pas eu lieu l’année écoulée. “ Pour des raisons financières ”, les femmes, les pratiquants du futsal et les corpos et vétérans n’ont pas eu l’opportunité en 2005 de chausser les godasses.
“ Les pauvres performances de nos équipes nationales et assimilées et les dysfonctionnements constatés dans notre administration au cours de l’année 2005 sont les conséquences d’un malaise plus profond que vit l’organisation générale de notre football depuis plus de deux décennies ”, se justifie Iya Mohammed. A ces résultats très peu reluisants, s’ajoutent les problèmes d’infrastructures en piteux état.
Rapports difficiles
L’audition, il y a quelques semaines, par la police judiciaire de certains responsables de la Fécafoot, empoisonne les relations entre la fédération et le ministère des Sports et de l’éducation physique. Le président de la Fédération camerounaise de football relève que ces rapports difficiles avec le Minsep ont “ abouti à une plainte du ministère contre le bureau exécutif et certains responsables de la Fécafoot ”, tout en déplorant “ le manque de cohésion et les fissures observées au sein de notre grande famille ”, celle du football. Sur ce dossier des auditions des responsables de la Fécafoot sur la gestion du football camerounais depuis 1998, certaines sources bien introduites au ministère des Sports et de l’éducation physique notent que c’est une procédure qui procède d’une mission d’enquête commise à l’époque où David Siegfried Etamè Massoma était ministre de la Jeunesse et des sports. Dieudonné Philippe Mbarga Mboa aurait donc trouvé une copie de cette enquête sur sa table au moment de sa prise de fonctions le 9 décembre 2004. Pour permettre aux Lions indomptables d’affronter sereinement la phase retour des éliminatoires couplées Can et coupe du monde 2006, il aurait retardé la procédure. Après l’élimination pour le mondial et la sortie prématurée à la Can, la procédure aurait donc été ressuscitée et remise dans les priorités du Minsep. Le rapport d’enquête sus évoqué aurait indexé nommément certains dirigeants du football camerounais, parmi lesquels : Jean René Atangana Mballa, Alioum Aladji, David Mayebi, Vincent Onana, Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt ( qui n’a pas été entendu par la Pj) …et bien sûr Iya Mohammed qui a curieusement reçu un quitus de gestion au terme de l’Ag de samedi dernier.
Source : Le Messager
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