l y a peut-être des raisons de s’inquiéter en pensant à ce que pourrait être le ménage d’une femme ministre, colonel ou même commissaire de police. Dans l’imagerie populaire, on imagine vite et l’on se précipite pour plaindre le sort du pauvre mari, confiné aux rôles secondaires, peut-être obligé de jouer la maîtresse de maison quand Madame est en réunion à 21h. Une chose est sûre : ces maris-là ne sont pas comme tous les autres. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils vont porter une grossesse. N’allons pas trop vite en besogne. L’expérience montre que les épouses, qu’elles soient ministres ou " bayam-sellam ", tiennent à la place qui est naturellement la leur dans les ménages. Et ça n’a rien d’innocent.
D’ailleurs, certains esprits espiègles, mais pas moins éclairés affichent un sourire et un certain étonnement devant des sujets de débats comme " Femme et prise de décision ". Car le thème de la 21è journée internationale de la femme, célébrée aujourd’hui trouve peut-être son meilleur champ d’application dans la première sphère de décision de la société : la famille. Modèle social par excellence, la cellule familiale, embryonnaire ou étendue offre aux femmes les premières expériences de la participation à la prise de décision. Bien sûr, comme le soulignent les termes de référence qui ont guidé le choix du thème de cette célébration, des barrières existent encore. Notamment dans le monde rural. Avec certaines traditions où les mâles persistent à garder leurs épouses dans la situation d’un " être humain par pitié ".
Mais tenons-nous tranquilles, les résistances tombent chaque jour. Qui aurait pu penser, il y a quelques décennies, qu’un homme pouvait toucher son salaire et avoir suffisamment confiance en son épouse pour aller ensuite lui verser la totalité de l’argent pour qu’elle gère ? Il existe des domaines de la vie familiale comme celui-là, où l’homme a peu à peu perdu son diktat. En douceur, les femmes ont conquis leur nouvelle place et grâce à la modernité, la consolident au quotidien. L’homme peut-il encore décider de manière unilatérale de la gestion de l’argent de son foyer ? Des choix éducatifs pour ses enfants ? De l’organisation des événements (baptêmes, mariage, obsèques…), de la tenue de la maison ?
A toutes ces questions, un non cinglant. Au fil du temps, les hommes ont montré leurs limites, leur manque de clairvoyance, leur folie dépensière, leur manque de goût, leur paresse, leur absence… Et de manière tout à fait logique, leurs femmes ont imposé leur sagesse. Cela dit, ne généralisons pas. Chaque couple a ses spécificités. Reconnaissons tout de même que ce sont elles qui ont souvent le bonheur de ramener à leur juste mesure les ambitions démesurées de leurs partenaires. Exemple : " Notre enfant ira à l’université catholique seulement si tu renonces à ton projet de Mercedes. "
Mais comme on le sait, la vie d’un ménage est loin d’être un long fleuve tranquille. La femme dans la prise de décision, c’est une série de conquêtes et de résistances. Et les terrains de conflits ne manquent pas. Des batailles âpres se jouent dans les maisons. Elles partent des questions apparemment simples comme le choix d’une émission de télévision le soir, aux choses aussi compliquées que la prise en charge d’un parent à la maison. A l’occasion de la journée internationale de la femme, CT pose un regard sur un espace où elles ont incontestablement leur mot à dire. Peut-être que la société entière gagne à calquer ce modèle.
Source : Cameroon Tribune
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