Autour de Fadimatou, sa mère Djoumaï, son père Mahamat Abdoulaye, sa grand-mère Aminatou, ses tantes et oncles portent pratiquement le deuil. La petite fille de 5 ans n’a plus d’yeux pour exprimer sa douleur. Deux individus lui ont arraché les deux yeux. La scène s’est déroulée vendredi dernier, aux environs de 4h du matin dans un petite village près de Gaschiga, à 15 km de Garoua. Ce jour-là, la grand-mère, musulmane, se lève pour la prière matinale. Elle s’en va faire ses ablutions derrière la maison.
Et la petite fille qui ne remplit pas encore ces obligations reste couchée. C’est probablement à ce moment que deux individus, des Mbororos selon la version de la victime, surgissent, l’enlèvent et l’entraînent à la sortie du village. Ils lui arrachent entièrement les deux globes et l’abandonnent. De retour de la prière, la grand-mère constate la disparition de la petite et fouille tous les coins et recoins de la maison. En vain.
La petite Fadimatou sera retrouvée vers 8h par les écoliers du petit village, près d’un pont, dépourvue de ses yeux. Transportée à l’hôpital provincial de Garoua, elle sera immédiatement mise sous antibiothérapie générale. Selon Njanga Abdou, technicien supérieur en ophtalmologie, la vie de Fadimatou n’est pas en danger, mais il est clair qu’elle ne verra plus la lumière du jour. Selon lui, les malfaiteurs ont utilisé un couteau pour opérer et vu leur méthode, " ils ne sont pas à leur premier coup ". Le premier pansement a été fait hier et selon le personnel soignant, la pauvre petite pourra rejoindre son domicile dans trois à quatre jours.
Les malfrats eux, courent toujours. Une enquête a été ouverte et menée par la division provinciale de la Police judiciaire du Nord. Il y a quatre ans, un acte similaire s’était produit à Garoua. Le petit Dourwé avait vu ses yeux enlevés par un certain Ngodandi, commerçant dans la ville. La police avait fini par mettre la main sur cet homme aujourd’hui détenu à la prison centrale de Garoua. La récurrence de ce genre de forfait amène à s’interroger sur l’utilisation et la destination de ces organes si cruellement ôtés.
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