Un des candidates Miss Mama Kilo
La couronne de reine est convoitée et 11 princesses tentent vendredi de l'emporter lors d'un concours de beauté pas comme les autres au Cameroun: celle qui sera désignée Miss Mama Kilo en pèsera au moins 80...
Au départ, elles étaient plus de 150 à postuler pour cette première édition de la compétition. Vendredi soir à Douala, la capitale économique du pays, elles ne seront plus que 11 sur scène pour prouver que "la beauté africaine n'a pas les mêmes critères que ceux de l'esthétique occidentale", explique la chanteuse Nadia Ewandé, à l'origine de cet événement.
Les concurrentes ne manquent pas d'atouts ni d'atours. Elles l'ont prouvé en apparaissant à la télévision dans une publicité diffusée depuis février par la chaîne privée Canal 2, partenaire du concours.
Si la balance était seule juge, Bernadette Ndommoh, 31 ans, serait sûre de l'emporter avec 142 kg - elle en pesait déjà 5,6 à la naissance. Et sa première dauphine serait Berthe Mbia, 135 kg. Mais être grosse ne suffit pas, préviennent les organisateurs qui ont prévu de prendre en compte l'expression, l'harmonie physique ou encore l'allure. Alors les poids-plume comme Marie Donfack ou Rebecca Yangna, 88 kg chacune seulement, ont toutes leurs chances.
La première, femme au foyer de 39 ans, se dit prête à séduire par sa large culture générale puisée, selon le dossier de presse de Miss Mama Kilo, à la télévision ou dans les livres. La deuxième, jeune femme de 26 ans originaire de la province de l'Extrême-Nord, espère l'emporter pour récompenser ses voisins qui ont acheté un poste de télévision pour l'occasion.
Les autres prétendantes, venues des quatre coins du Cameroun, ont aussi des arguments de poids à faire valoir. Line Claudette Tsafack, mère célibataire de 21 ans, 122 kg pour 1,70 m, met ainsi en avant sa parfaite maîtrise du français et de l'anglais dans ce pays bilingue. Quant à Mireille Mathieu Tchezeu, 23 ans et 120 kg, elle compte sur son look pour prouver que même avec quelques rondeurs, on peut porter des mini-jupes sans complexe.
Lors de la soirée de présélection le 10 février, le public était partagé entre le rire et l'admiration. Mais les concurrentes, elles, ne prennent pas leur défi à la légère. "Le moment est arrivé de libérer les femmes de forte corpulence", résume, militante, la concurrente Elisabeth Monny Ibon, 105 kg pour 1,60 m. A 46 ans, cette commerçante a déjà huit enfants et cinq petits-enfants. Car ces ambassadrices de l'embonpoint ont toutes en commun, outre un profil généreux, la volonté de changer l'image des femmes grosses.
"C'est déjà difficile de porter des kilos, mais c'est encore plus pénible de subir les réflexions déplacées des autres sur le poids", déplore ainsi Josiane Foulbay, 26 ans et 117 kg. Pour le sociologue camerounais Pierre Titi Nwell, "les critères de beauté varient d'une société et d'un groupe à l'autre". "Cette initiative est à encourager, surtout que cela fait le bonheur aussi bien des hommes qui les aiment comme elles sont, que de ces femmes qui ont besoin de faire tomber les complexes", estime-t-il.
A l'arrivée, il n'y aura qu'une Miss Mama Kilo. Mais les concurrentes espèrent toutes que le concours leur serve au moins de tremplin vers une nouvelle vie de comédienne, de star ou d'esthéticienne.
Source :AFP
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