Il y avait déjà des journées internationales, qui ont lieu tous les jours que Dieu fait et ne changent rien au quotidien du citoyen lambda. Voici la St Valentin, autre occasion dont pas grand monde ne sait grand-chose et qui est devenue une histoire de grosse escroquerie sentimentale et financière. La Fête des amoureux a également ses drames, ses jalousies, ses divorces et ses réconciliations.
Le 14 février dernier, un homme et une femme se retrouvent dans une auberge de Batouri. C’est leur façon à eux de célébrer leur amour. Ils s’enferment dans une chambre, et on se dit que la vie ne peut être que belle, là-dedans. Sauf que des coups frappés au mur et des cris, parviennent aux oreilles du tenancier de ce lupanar. Il pense à un viol, ou à une bagarre. La porte est défoncée, et il se retrouve devant un spectacle inédit. L’homme, toute honte bue, lui explique qu’il ne peut pas se retirer de là. Calé.
On tente de séparer les fornicateurs. La femme crie de plus belle et saigne davantage. L’homme a les yeux révulsés par la peur. Plus qu’intrigué par le phénomène, l’aubergiste fait venir un garçon de chambre. Rien à faire. Au passage, le nouveau venu, qui est né dans cette ville est connaît pratiquement tout le monde, a reconnu non seulement la femme, qui vit non loin de chez lui et qui est mariée, mais aussi l’autre, un enseignant également marié. Une histoire d’adultes qui faisaient preuve d’adultère.
On se renseigne et on retrouve le numéro de téléphone de l’époux de l’autre. Il fait dire qu’il en a marre de sa moitié, qu’il soupçonnait depuis longtemps de lui faire des bébés dans le dos, puis raccroche. L’amant pleure, jurant que c’est la première fois qu’il trompe sa femme. Il y a toujours une première fois, qui parfois peut être tragique.
Le voisinage est ameuté, et vient en masse reluquer la scène. L’hôpital le mieux équipé se trouve à 90km, à Bertoua. On les emballe et les transporte dans un drap, qui a dû être blanc dans une autre existence. Une voiture réquisitionnée démarre en trombe, avec à bord les amants maudits, collés serrés, ainsi qu’un assistant.
Pas moyen de tenter une opération qui pourrait être fatale, surtout pour la femme qui montre déjà des signes de grande fatigue. On rappelle le cocu de la St Valentin, qui consent enfin à faire le déplacement pour venir délivrer sa femme en mauvaise posture. Il gueule une heure durant, puis avoue avoir mis une sorte de "cadenas invisible" dans les parties intimes de madame. Il accepte de séparer les fameux siamois, moyennant paiement d’une réparation pécuniaire que l’autre s’empresse de lui promettre, en jurant sur la tête de ses cinq enfants. Fesse qu’on te demande !
Quelques feuilles d’herbe plus tard, frottées où on imagine, permettent de mettre un terme à l’accouplement punitif. Aux dernières nouvelles, la femme adultère a disparu de la ville pour une destination inconnue. Son concubin non plus.
Source : Quotidien Mutations
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