L’usager de la route qui choisit à partir de Yaoundé de se rendre dans la province de l’Est en empruntant l’axe Ayos-Bonis se rend très vite compte du démarrage des travaux de construction du lot n°1 de la route Ayos-Bonis, à savoir Ayos-Abong Mbang. Le changement est perceptible dès le pont sur le Nyong à Ayos. Un terrassement donne déjà l’idée de ce que sera cet ouvrage d’art dans quelques mois. Mais après ces premiers signes, on parcourt encore une bonne distance sans la moindre trace des travaux. Seuls des piquets plantés de part et d’autre de la route trahissent le passage des ingénieurs sur l’itinéraire.
A 20 km d’Ayos, au lieu dit Mayos Bebend, un autre terrassement s’impose aux passants. Sur place, quelques engins lourds et une carrière indiquent aux automobilistes que la route est en chantier. Les nombreux camionneurs de ce tronçon sont donc obligés de ronger leur frein. C’est que, pour éviter des perturbations sur le chantier, les ingénieurs de l’entreprise Pantechniki SA interrompent tout simplement la circulation dans les deux sens, en attendant la restauration des barrières de pluie par le préfet du Haut-Nyong. Il n’est pas possible pour les gros porteurs se rendant à Bertoua, Bangui ou N’Djamena, d’effectuer la moindre manœuvre avant 14 h. Résultat, une file de 32 camions au barrage situé avant Atok. La même scène s’observe au niveau du village Bidjigue pour les usagers en provenance de la ville d’Abong-Mbang.
C’est pendant cet arrêt momentané de la circulation que les ouvriers de l’entreprise se mettent à l’ouvrage. Les camions chargés de latérite vont et viennent, les rouleurs-compresseurs passent et repassent au-dessus des dalots, les pelles mécaniques excavent une eau boueuse des marécages pour élargir la chaussée, et les niveleuses raclent ce qui doit l’être. Normal donc que dans ce cas, seules les voitures légères aient le feu vert. A chaque section du chantier, le responsable de la mission de contrôle veille au grain. Abdelmajid Zamel Mokadmi représente le maître d’œuvre, le groupement Pan Arab Consulting/Béta Consult. Ici, il traîne la réputation d’être " un dur ". Et ce n’est pas exagéré. Le chef de la mission de contrôle déclare à ce sujet qu’il est le garant de la qualité des travaux exécutés par l’entreprise Pantechniki. Il n’est pas possible de lui faire dire quoi que ce soit sans les autorisations nécessaires. Sinon motus… Compte tenu de la dimension internationale de cette route, l’expert affirme que les travaux ne peuvent être réceptionnés à chaque stade que s’il a donné son accord. Du côté de l’entreprise, on est parfois obligé de revoir sa copie pour respecter les clauses du contrat.
A Atok, la mission de contrôle et l’entreprise sont installées dans la même base, à quelques encablures de l’hôtel de ville de ce district. Mais chacun reste campé sur sa zone. Dans cette base, le personnel n’est pas du tout bavard. Aucune information sur les travaux de construction ne filtre en l’absence du directeur. On observe qu’il n’est pas également possible d’obtenir une information détenue par la mission de contrôle auprès d’un cadre de l’entreprise Pantechniki.
Mutisme
Malgré ce mutisme, on peut toutefois se rendre à l’évidence. L’entreprise est solidement implantée. Sur le site qu’elle s’est choisie, on peut voir une centrale bétonnière. C’est là que le béton est tourné pour la construction des dalots, des buses, des rigoles et autres ponts. Une station d’essence est en chantier et un garage est installé. La base affiche également avec une certaine fierté, son laboratoire d’analyse. Selon un employé de Pantechniki, la qualité du sol, la durabilité des cailloux utilisés pour le goudron, la latérite utilisée pour les remblais, la qualité du sable utilisé dans la fabrication du béton sont définies par ce laboratoire. D’après un responsable de la base, une équipe privée de laborantins y effectue les contrôles d’usage après le travail des laborantins de Pantechniki. Dans la cour intérieure de la base, un concasseur en attente d’installation attire l’attention. Son travail permettra d’avoir la pierre idoine pour le béton qui sera utilisé sur le pont à Ayos. Un peu comme pour répondre à ceux qui parlent de l’insuffisance de matériel dans ce chantier, aussi bien du côté de l’entreprise que du côté de la mission de contrôle, on annonce l’arrivage d’un matériel hautement performant dans les jours à venir pour accroître la vitesse d’exécution des travaux. L’objectif ici est de ne pas trop s’éloigner du délai de 25 mois accordé pour la livraison du chantier
En plus de ces contraintes de calendrier, le chantier n’échappe pas aux quolibets de quelques- uns. La population locale trouve que les travaux ont connu du retard, mais aussi qu’elle ne bénéficie pas encore des retombées de la présence de la base de l’entreprise à Atok, en termes de recrutements des jeunes dans les différents secteurs du chantier. Un soulèvement a même eu lieu la semaine dernière en relation avec ce grief. Après cette épreuve de nerfs, les responsables de l’entreprise ont donné des assurances que les jeunes du district d’Atok seront recrutés après appréciation de leur dossier par le bureau local du Fonds national de l’Emploi. Le vrombissement des moteurs a repris et se poursuivra encore pendant de longs mois malgré l’arrivée de la saison des pluies. Les employés de l’entreprise Pantechniki et ceux de la mission de contrôle ont d’abord choisi de se consacrer à la section Bidjigue-Ayos, sur les 87 km du lot Ayos-Abong-Mbang, avec comme priorité des priorités, la construction du pont de 75 mètres sur le Nyong. Des considérations purement techniques auraient motivé cette option.
Source: Cameroon Tribune
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