Le rêve de Edgar Aalin Mebe Ngo’o de voir la police passer à la vitesse supérieure sous sa responsabilité est devenu un leurre. La recherche de l’efficacité et de l’excellence a buté sur des méthodes de travail et de gestion anachroniques. L’ordre et la discipline ne sont pas la chose la plus partagée dans les rangs de la police nationale. L’immeuble siège de la délégation générale à la sûreté nationale à Nlongkak Yaoundé a des allures d’un cimetière où des pans entiers sont inaccessibles à tous. Le dernier étage de l’immeuble siège, est un véritable “ cabinet civil bis ” où n’auraient accès comme du temps de Jean Fochivé, Luc Loe, Luc René Bell, Samson Enam Mba, Pierre Minlo Medjo, selon certains hauts gradés de la police, que des éléments de la direction de la sécurité présidentielle (Dsp), des gens chargés de soigner l’image du Dgsn ou encore la gent féminine. Ses contradicteurs lui reprochent de ne pas travailler comme ses prédécesseurs, notamment dans la nuit comme Jean Fochive. Ceux-ci se plaignent aussi de ne pas voir “ les moyens de la police sauf lorsqu’il faut se rendre dans son village natal avec escorte et sirène ”. Ils poursuivent : “ Nous sommes fatigués d’assurer le service d’ordre matin, midi et soir. La résidence de notre chef se trouve à environ 10 Km de son bureau, c’est ainsi que tous les jours et à la même heure, avec ses multiples allées et venues, la police est obligée de bloquer la circulation, les commissaires eux aussi, obligés de rester en route pour la même cause. ” Ils fulminent aussi de rage quant au traitement qui est réservé à ceux qui font souvent partie de l’escorte du Dgsn. “ Dernièrement, l’escorte lui a réclamé les primes que l’ancien délégué leur payait chaque fin d’année, il leur a demandé à chacun d’aller décharger 6 000 francs. Ceux qui ont refusé parce qu’ils ont trouvé cette somme petite ont été mis de côté ”, disent-ils à qui veut les entendre.
Selon certains témoignages recueillis auprès des responsables de la police camerounaise, le délégué général à la sûreté nationale, Edgar Alain Mebe Ngo’o, serait fortement contesté par certain de ses proches collaborateurs. La communication entre les deux parties serait au point mort. A en croire ses contradicteurs, le fonctionnement actuel du Dgsn ne favoriserait pas la circulation des renseignements, base fondamentale de la sûreté et de la sécurité. On reproche à l’ancien préfet du Mfoundi d’avoir bloqué l’essentiel des moyens destinés à l’achat des matériels, d’outils nécessaires pour les renseignements. “ Alors que nous avons besoin de nos voitures pour travailler, tous les moyens roulants sont affectés à la société de sa femme pour la location des chaises et des tentes et pour suivre ses propres affaires à Sangmelima, Kribi et dans son village. Ces voitures ont-elles été achetées à ces fins alors que le travail de la police ne marche pas ? ”, relèvent-ils.
La fronde
“ La police est vraiment par terre ”, avisent-ils avant de poursuivre : “ Mebe Ngo’o n’est pas intéressé par la marche de la police. Il dit que la police sera un grand ministère avec son projet de rattachement du ministère de l’Administration territoriale à la sûreté nationale pour en faire un ministère de l’Intérieur comme en France avec à sa tête lui-même comme ministre. ” On le soupçonne même d’avoir engagé une chasse aux sorcières. Le secrétaire général à la sûreté nationale, Jean Eko, aurait été délesté de l’essentiel de ses “ pouvoirs ”, de même que le commissaire divisionnaire chargé du sport, le commissaire Oyono qui aurait été déchargé en catimini de ses charges au profit du commissaire Victor Hugo Mbarga, le chef de la police des polices.
Le climat à la délégation générale à la sûreté nationale est délétère. La fronde au sein de la police qui couve depuis plus d’un an gagne déjà la rue. Les “ Mbérés fâchés ” auraient signifier leur mécontentement auprès des missions diplomatiques et au président de la République. “ La situation de la police camerounaise est alarmante. Les policiers, les commissaires sont humiliés au cours des réunions et même en public. Est-ce que le président peut permettre qu’on fragilise la police ? ”, s’interrogent les frondeurs qui concluent : “ Si rien n’est fait, nous ferons tout pour sauver notre maison. ”
Source: Le Messager
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