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Désagréments : La première dame coupe la route
(24/02/2006)
Yaoundé paralysée hier à l’occasion d’une sortie officielle de l’épouse du chef de l’Etat et ses hôtes.
Par Claude Tadjon

"Faites demi-tour monsieur ! Vous ne voyez pas que la route est barrée ?", tempête l’agent de police. Le chauffeur du taxi prend un air confus et rétorque mollement, "Désolé chef, je n’ai pas vu la barrière", avant d’amorcer une manoeuvre pénible pour tenter de rebrousser chemin, dans un concert de désapprobation des passagers assis dans le taxi. "Mais qu’est-ce qui se passe encore ?", interroge, furieuse, une dame assise derrière le chauffeur. "La première dame (l’épouse du chef de l’Etat, Ndlr) inaugure tout à l’heure le Centre international pour la recherche sur la prévention et la prise en charge du VIH/Sida", lui répond, hilare, un passager.

La scène se déroule à Yaoundé, au niveau d’un carrefour situé non loin de la légion de gendarmerie du Centre. Il est 10h. Une longue file de voitures se constitue progressivement derrière le taxi qui achève la manoeuvre de demi-tour. Les passagers sont désemparés. Comment s’y prendre pour rejoindre leurs destinations? Surtout que les agents de police se montrent peu disposés à indiquer des itinéraires alternatifs, lorsqu’ils ne sont tout simplement pas agressifs. Il ne reste, dès lors, plus que la marche comme solution. "Je dois assister à une levée de corps au Chu. L’idée de faire tout ce chemin à pieds sous le soleil ne m’enchante pas du tout", fulmine une dame avant d’ôter son veston pour engager la marche.

Ce jeudi 23 février, Chantal Biya procède en effet à l’inauguration d’un centre de recherche sur le Sida en présence des épouses de certains chefs d’Etats africains. La cérémonie a lieu au quartier Melen où a été construit l’édifice. Comme il est d’usage, plusieurs axes routiers de la capitale situés sur et autour de l’itinéraire prévu pour le passage du cortège de l’épouse du chef de l’Etat depuis le palais présidentiel sont bloqués.


Manque à gagner


Idem des axes situés sur l’itinéraire emprunté par les cortèges des hôtes de Mme Chantal Biya, depuis l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen et hôtel où ils sont installés. A 11h, alors que le cortège de la première dame n’est toujours pas passé, les routes restent barrées. La situation dure ainsi depuis le matin.
Les désagréments subis par les habitants de Yaoundé ne se limitent pas seulement aux embouteillages créés par cette sortie officielle, ni à la marche imposée à certains citadins. L’activité commerciale en prend aussi un sérieux coup. Au carrefour Emia, le centre de distribution d’un opérateur de téléphonie mobile situé en face de l’école militaire est fermé "depuis le matin", indique un employé. Plus loin, les grilles de la pharmacie du Carrefour de l’Emia sont baissées tout comme celles de la pharmacie Mandela située en face du centre hospitalier universitaire (Chu). "Ce sont des mesures imposées par les exigences de sécurité", explique un commissaire de police.

Les commerçants, pour leur part, ne s’en tiennent qu’à ce qu’ils considèrent comme un manque à gagner non négligeable: "Les jours ordinaires ici au marché Melen, l’affluence de la clientèle est telle que nous sommes parfois débordés. Mais vous constatez qu’il n’y a aucun client aujourd’hui. La recette sera très faible", s’insurge un commerçant. Et pourtant, déplore-t-il, les services fiscaux et communaux n’intègrent pas toujours cette réalité qui ne relève pas de notre responsabilité. "Pourquoi ne tiendrait-on pas compte au moment des calculs des impôts et taxes, du manque à gagner causé par les sorties du président de la République ou de son épouse?", suggère un autre.

L’idée est soutenue par certains opérateurs économiques dont les établissements sont situés de part et d’autre de l’axe qui relie l’aéroport international de Nsimalen au centre-ville de Yaoundé. D’après les témoignages des riverains, le problème se pose ici avec acuité. "Les passages des cortèges du couple présidentiel ou parfois de ses hôtes sont souvent synonymes de mauvaises affaires pour nous. A titre d’exemple, le jour de l’arrivée du Grand maître de l’Ordre souverain de Malte, le supermarché est resté fermé pratiquement toute la journée", raconte un employé de l’agence Niki à Mvog-Mbi. Les désagréments subis sont tels que d’aucuns suggèrent même le recours aux hélicoptères pour atténuer les effets négatifs des passages des cortèges présidentiels.

Source: Quotidien Mutations


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