Le foyer du choléra dans la région d’Akonolinga, département du Nyong et Mfoumou a été détecté par les autorités sanitaires le 30 janvier dernier. Tout serait parti de Douala, où la dépouille d’une première dame est transportée par un taxi pour cette petite ville dans des conditions exécrables. Dans le même temps, sa sœur, qui elle se rendait dans un village du coin, venant elle aussi de la capitale économique est frappée sur son chemin de diarrhée. Transportée à l’hôpital par des passants, elle rend l’âme peu de temps après. Les deux femmes sont mortes presque au même moment. C’est lors des obsèques de la sœur cadette que le choléra se répandra. Le bel oncle de la dame qui a nettoyé le cadavre sera frappé, alors que les deux veuves qui veilleront le corps, mourront à leur tour. Sur les 23 cas identifiés, (le dernier datait d’avant-hier), on compte déjà 8 décès. Selon le Dr Emmanuel Ngapana, secrétaire exécutif du comité national d’épidémiologie, les décès enregistrés sont de type communautaire, c’est-à-dire que les cas de choléra sont survenus dans les villages. Ceux des malades qui sont arrivés à l’hôpital ont pourtant pu être sauvés.
Le village de Meza est celui qui compte le plus de décès, alors qu’on en trouve d’autres dans les zones d’Efogo Biba, Akekas ou encore Ekoudou. Selon le Dr Ngos, directeur et médecin chef de l’hôpital de district d’Akonolinga, joint hier au téléphone, l’agent causal de l’épidémie est le vibrion cholérique de type Ogawa. Mises au parfum, les autorités sanitaires et préfectorales, les services sanitaires de la localité vont dépêcher une mission dans la région, dans le but notamment de sensibiliser les populations sur les risques encourus. " La mission qui est partie dimanche 5 février est allée appuyer techniquement les populations et les responsables de la santé. " Il s’agissait pour nous d’apporter notre soutien technique avec le matériel d’intervention constitué de pulvérisateurs de l’eau de javel, des bottes Mais aussi de sensibiliser sur la nature, les modes de transmission et les modalités de lutte contre le choléra ", déclare le Dr Ngapana. Il s’est agi également de prendre en charge les malades avec l’administration des médicaments. Selon le Dr Ngos, la machine s’est mise en branle et on a trouvé des populations désemparées qui commençaient à évoquer la sorcellerie pour expliquer le phénomène. " On a fait une chimioprophylaxie dans laquelle on a donné des médicaments à ceux qui ont été en contact avec les cadavres, ou qui ont participé aux deuils. Nous avons sillonné tout le coin pour essayer de désinfecter les maisons et les WC. La morgue même de l’hôpital de district a dû être désinfectée, avant que la deuxième victime ne soit enterrée", déclare-t-il.
L’épidémie a été confirmée par le Centre Pasteur du Cameroun le 8 février dernier. Pour l’heure, le personnel sanitaire sur place essaie de retrouver les traces et les origines des personnes ayant participé aux deuils et cérémonies funéraires, afin de prévenir toute résurgence dans une autre région. A Akonolinga et ses environs, les autorités sanitaires affirment être en train de s’activer pour aménager les sources d’eau. Car, selon le Dr Ngos, en saison sèche, comme c’est le cas actuellement, les cours d’eau pourraient être probablement infectés. L’accent est mis pendant ce temps sur la formation des relais communautaires, car la zone est assez enclavée. Selon le directeur de l’hôpital de district d’Akonolinga, la situation est relativement sous contrôle. " La mortalité et les cas commencent à baisser. " Certains malades ayant compris la nécessité de se rendre à l’hôpital dès les premiers symptômes signalés.
Source : Cameroon Tribune
|
