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Non-assistance : Le Cameroun au sommet de l`insécurité sociale
(16/02/2006)
Une réforme entamée pour améliorer et élargir le champ des prestations qui touchent seulement 10% des travailleurs, pour l`instant.
Par Brice R. Mbodiam

Lundi dernier, les Camerounais ont encaissé la nouvelle tel un coup d`assomoir. Au cours de la cérémonie d`ouverture de la première conférence des responsables des services centraux et extérieurs du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, l`on a appris de la bouche du ministre Robert Nkili, que seulement 10% des travailleurs camerounais sont couverts par la sécurité sociale (7% dans le secteur public et 3% dans le secteur privé). 90% de la population active étant encore exclus des différentes prestations offertes aux employés directement par l`Etat, d`une part, et par le truchement de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), d`autre part.

Il en est ainsi des professions libérales représentées par les notaires, les avocats est les huissiers de justice, que les dispositions réglementaires en matière de sécurité sociale au Cameroun mettent sur la touche. En effet, depuis 1997, "la Chambre nationale des huissiers de justice du Cameroun est allé à la rencontre des responsables de la Cnps pour poser ce problème. Je me souviens que l`on nous avait répondu que l`assurance de la Cnps ne concerne que les salariés. C`est la raison pour laquelle nous pouvons affiliés nos employés à la Cnps, sans pouvoir nous-mêmes prendre une immatriculation parce que nous ne sommes pas des salariés, mais plutôt des employeurs", affirme Me Biwongo Nna Théodore, ancien secrétaire général de la Chambre nationale des huissiers de justice du Cameroun.

Au demeurant, le lot des travailleurs camerounais qui ne goûtent pas encore aux délices de la sécurité sociale est dominé par, précise le ministre Nkili, les opérateurs du secteur informel, qui participent, selon les statistiques officielles, à près de 50% dans le volume des activités économiques du Cameroun; par les employés du monde rural, qui selon le Dg de la Cnps regroupe la plus grande partie de la population active; et par les travailleurs de ces entreprises -privées pour la plupart- dont les responsables sont passés maîtres dans "l`incivisme sociale", selon l`expression utilisée lundi dernier au cours d`un exposé par Etienne Ntsama, ancien ministre des Finances du Cameroun.
Laquelle appelation vise à fustiger le comportement des patrons d`entreprises qui, prétextant souvent des difficultés liées à la pression fiscale dont ils sont l`objet, s`abstiennent d`affilier leurs employés à la Cnps, ou alors prélèvent effectivement les cotisations sociales sur les salaires des travailleurs, mais ne les reversent généralement pas à la Cnps, le levier de la sécurité sociale au Cameroun.

140 milliards Fcfa
Du fait de la crise économique des années 80, l`Etat camerounais, lui-même, est devenu coutumier de cette dernière pratique, qui prive souvent les assurés sociaux des prestations auxquelles ils ont droit. "Les familles des agents de l`Etat décédés éprouvent souvent des difficultés pour disposer d`un simple cercueil après de bons et loyaux services rendus par ces derniers", a confessé le ministre du Travail devant ses collaborateurs réunis lundi dernier à Yaoundé. Autre exemple : au mois de décembre dernier, les employés du Parc national du matériel de génie civil (Matgénie) sont descendus dans la rue non seulement pour réclamer des arriérés de salaires, mais aussi afin de dénoncer le non versement à la Cnps de 18 mois de cotisations sociales pourtant prélevées sur leurs salaires.

Cette pratique à laquelle presqu`aucune entreprise publique ou para-publique du Cameroun n`échappe de nos jours en rajoute aux tensions de trésorerie dont fait souvent face la Cnps, qui a par ailleurs été fragilisée, de l`avis de Etienne Ntsama, par "des placements financiers improductifs ou compromis". Certes, la réhabilitation de la Cnps entamée depuis 1998 a favorisé, d`une part, le remboursement de près de 9 milliards d`arriérés de prestations sociaux en 2003 et, d`autre part, d`atteindre un seuil de recouvrement de 11 milliards par trimestre, grâce à un partenariat avec la direction générale des Impôts.
Mais, les responsables du ministère du Travail qui se sont séparés hier à Yaoundé se sont accordés à reconnaître que le système "d`assistance sociale [en vigueur au Cameroun] est faible [et revêt un caractère] discriminatoire", même si, par ailleurs, il offre 7 des 9 types de prestations prescrites par la convention 102 de l`Organisation internationale du travail (Oit). Et que, de manière générale, "les textes relatifs à la prévoyance sociale sont maintenant obsolètes". D`où l`impérieuse nécessité de procéder à une "réforme en profondeur du système de sécurité sociale" du Cameroun. Lequel système exclu jusqu`ici des volets importants d`assistance tels que l`assurance maladie et l`assurance chômage, dans un contexte pourtant marqué par la faiblesse du pouvoir d`achat des Camerounais, la fin de la gratuité des soins médicaux et l`accès difficile à l`emploi.

Cependant, au cours de son exposé sur "l`élargissement et le financement de la sécurité sociale" au Cameroun, Louis Paul Motazé, le Dg de la Cnps, a confié qu`il "ne suffit pas de lister les prestations nouvelles à octroyer aux populations ou encore d`ouvrir les portes de la sécurité sociale à de nouveaux affiliés, il faut surtout trouver les moyens indispensables au financement et à la pérennisation de ces nouveaux droits". Aussi, sur la base des statistiques de l`Oms relatives aux dépenses liés à la santé au sein des ménages du Cameroun, le Dg de la Cnps a chiffré le montant nécessaire à la mise sur pied de la seule assurance maladie dans le système de sécurité sociale au Cameroun, à 140 milliards Fcfa par an. Une montant que Robert Nkili a assimilé "à un tigre en papier qui, à l`analyse, ne peut faire peur qu`aux enfants". Car, poursuit-il, "une pression fiscale supplémentaire de l`ordre de 3% est réalisable, surtout lorsqu`il s`agit de réaliser une ambition aussi importante".




Source: Cameroon Link


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