«Jeunesse, rectitude morale et développement national ". Le thème de la 40e édition de la Fête de la jeunesse, qui se célèbre le 11 février prochain, fait sourire Anabelle Wandji, 25 ans. Vêtue d’un tailleur assez austère qui laisse à peine apparaître quelques millimètres de peau, la jeune étudiante estime être une fille " bien ". Rien à voir, selon elle avec les jeunes filles " d’aujourd’hui " : " Je me consacre à mes études et je n’étale pas mes atouts sous les regards de n’importe qui. Contrairement à beaucoup de jeunes qui confondent liberté et libertinage. Je ne suis pas une sainte mais il y a certaines choses que je ne me permettrais pas de faire ", affirme-t-elle en montrant du doigt des jeunes filles qui entrent et sortent de l’université de Yaoundé I, avec des tenues plus osées les unes des autres. " Regardez et vous comprendrez ce que signifie dépravation chez les jeunes ", ajoute Anabelle Wandji en secouant la tête d’un air découragé.
Pour elle comme pour certains parents, l’université est le haut lieu de la dépravation des mœurs, au travers des modes vestimentaires indécentes de la majorité de la gente féminine. " La façon dont nos filles s’habillent aujourd’hui me fait de la peine. Elles sont pratiquement nues et en sont fières. Il est vrai que l'habit ne fait pas le moine mais que serait le moine sans son habit. Pour dire qu'en fonction des tenues que nous portons, nous extériorisons du coup une grande partie de notre personnalité. ", argumente Fanny Esso, mère au foyer.
Cependant, cela ne se limite pas à la tenue vestimentaire des jeunes filles. Les garçons ne sont pas en reste puisqu’ils sont aussi touchés par la délinquance juvénile, le grand banditisme, l’alcoolisme,… sans parler de la prostitution qui touche les deux sexes. " La plupart des gangs de bandits arrêtés ces derniers mois sont composés de jeunes gens dont l’âge dépasse rarement 25 ans. Ils fument du chanvre, se droguent, boivent, volent et violent sans remords. Ils ressemblent plus à des bêtes qu’à des jeunes gens qui veulent se faire une place dans la société. On se demande bien ce qui les conduit à un tel état de dépravation ", s’interroge une source policière.
Pour le sociologue Antoine Edzimbi, l’explication se trouve au sein de la famille. " Celle-ci, qui est censée baigner les enfants dans les eaux de la bonne conduite, du respect des normes, perd de plus en plus son emprise sur les tout petits . En effet, dans une société de plus en plus ouverte, plusieurs facteurs comme les médias influent sur l'éducation et la mentalité de la jeunesse. Certains programmes de telé ne manquent pas de modifier les comportements de la jeunesse qui veut à tout prix s'identifier à des stars et acteurs des téléfilms".
Les incriminés, pour leur part, refusent d’être accablés. Ils ne sont que des victimes du système. " Nous faisons des études pour ne pas avoir du travail après. Et quand il y en a, il faut faire des sacrifices pour être pris en considération. Nous avons peu de modèles dans la société, comment s’étonner qu’on cherche un soutien moral ailleurs ? ", s’indigne Martin Ngassam, étudiant de 26 ans. En attendant, il est nécessaire que des garde-fous soient dressés afin que l'école, la famille ne soient plus un lieu où se cultive et s'entretienne la décadence des mœurs.
Source : Cameroon Tribune
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