Au quartier Essos, dans l'une des maisons du lieu dit "Carrefour Lycée bilingue", Mme Mong Yéné Marguérite solange, a presque perdu la voix, à force de pleurer. Elle est installée au Gabon et n'est arrivée à Yaoundé que samedi pour une visite médicale. A peine arrivé, qu'on lui fait annoncer par un pasteur de l'église apostolique le décès de son fils unique. Elle se retourne sans cesse vers une petite figurine de la Vierge Marie, posée dans un coin de la maison, pour implorer son aide afin de supporter la douleur qui transperce son coeur. Cette douleur, crie-t-elle entre deux sanglots, est incurable. Au lycée de Mballa II, où le drame s'est déroulé, les élèves sont méfiants à l'égard des visiteurs. Visiblement, ils font des efforts pour respecter les consignes des responsables de l'établissement de ne faire aucune déclarations sur la série d'événements malheureux qui vient de se dérouler au sein de l’établissement. D'ailleurs, aucune flânerie n'est tolérée pendant les heures de cours. Tout le staff y veille particulièrement.
Mercredi, 24 mars dernier, aux environs de 10h30mn, l'élève Yéne Francis de la classe de première A3 s'écroule pendant le cours d'éducation physique et rend l'âme quelques minutes plus tard. D'après, le rapport déposé au bureau du proviseur par Jean Benoît Kane Kane, enseignant d'Eps de cette classe, il s'agissait d'une leçon sur le handball qui a pris la forme d'une rencontre ayant opposé les filles aux garçons à laquelle a pris part la victime, reconnue comme "régulièrement apte aux épreuves physiques et sportives". Les témoignages de ses camarades de classe, Makengne Florence et Adia Chimène Laure , déposés par écrit au bureau du proviseur confirment celui de l'enseignant qui avoue que l'enfant a d'abord été transporté à l'infirmerie du lycée avant d'être évacué à l'hôpital Jamot. Néanmoins, beaucoup d'autres témoins oculaires, présents sur le stade affirment qu'au moment précis de l'accident, l'enseignant n'était plus là et que l'élève a dû rester assez longtemps couché avant que ses camarades ne s'intéressent finalement sur son cas. " Lorsque M. Kané est appelé de toute urgence, Yené Francis respirait encore, raconte un de ses camarades. Un enseignant du lycée a alors été sollicité pour le transporter à bord de sa voiture à l'hôpital, mais il a refusé sous prétexte que la voiture n'avait pas assez de carburant. Le temps de négocier avec quelqu'un d’autre, notre camarde étouffait visiblement. Pendant ce temps, le médecin de l'infirmerie faisait de son mieux pour le réanimer. Il rend le dernier souffle à l'entrée de l'hôpital".
Le Dr Abena Abena Jean-Jacques, médecin chef de l'infirmerie, dans son rapport note que Yené Francis se trouvait dans un coma de stade 2 profond et conclut qu'il s'est agi "d'un choc cardiogénique probable". Le lendemain de ce décès, plusieurs cas d'évanouissement sont notés au lycée. Les élèves Kamen Solange (4ème C1), Minlo'o Medjo, (Première), et Youta Noubiyou, (Tle A1) s'effondrent l'un après l'autre tout au long de la journée. Mme Paulette Botouli, proviseur du lycée affirme qu'ils s'agit des élèves asthmatiques qui, pour des raisons difficile à expliquer, n'avaient pas leur calmant ce jour là. Une des victimes, la nommée Youta Noubiyou a repris les cours avant de retourner précipitamment à la maison en mi-journée.
Ces évanouissements sont l'étincelle qui a failli produire le feu. Les élèves se sont subitement organisés pour huer le staff administratif, traitant parfois le proviseur de sorcière. Des projectiles ont été lancés sur les responsables d'établissement, les roues de leurs voitures dégonflées. Des mesures énergiques ont été prises pour empêcher une marche de protestation que les élèves envisageaient de faire.
Par Jeanine Fankam, Quotidien Mutations
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