La véranda du bâtiment qui abrite le magasin Score est toujours envahie par des commerçants de tous bords, dont l'âge varie entre 18 et 45 ans. Il y est parfois difficile de se frayer un passage. Les marchandises sont disposées sur des petites tables, et parfois sur des nattes étalées à même le sol. On retrouve ici toutes sortes de produits. Des bijoux en or, en argent, en bois et même en bronze; en passant par des samaras, sorte de babouches en peau de vache, qui sont une spécialité du Grand Nord, en passant par des cartes de voeux ou en encore d'anniversaire, des sacs et emballages en papier cadeau, des cachets administratifs, des tableaux décoratifs, tout y est proposé. De la bonne et la mauvaise qualité aussi. Solange Mbida, une passante, exprime son mécontentement vis à vis de l'encombrement de la véranda, en disant : " il faut revoir l'emplacement de ces commerçants parce qu'il est difficile de circuler sans être bousculé par les clients qui négocient les prix. A cela s'ajoutent aussi les allées et venues des pick pockets " Pour Caroline Mbia : " Nous sommes gênés par les marchandises qui occupent les deux côtés de la véranda. C'est une véranda et non un marché, même s'il est vrai que d'aucuns y trouvent leur compte. Il faut que l'on circule normalement sans être encombré".
Dans cet environnement inadéquat, se mêlent des odeurs d'urine, de bière, et de la fumée de charbon . Un parfum de multiples essences qui arrosent à longueur de journée passants et clients des bars voisin. A ce décor s'ajoute l'insalubrité, avec des vieux cartons et autres déchets qui traînent sur le sol. A ce sujet, Améa De Gaulle, vendeur de bijoux depuis près de 15 ans, avoue : " Nous n'avons pas le choix. Mais nous pensons qu'il faut nous recaser, parce que nous n'avons pas un autre endroit. En plus de ce cadre très étroit, nous sommes constamment confrontés à la police, qui confisque nos marchandises. Et pour les récupérer, il faut débourser une grosse somme." Son collègue Aimé Parfait Banlo, installé dans ce secteur depuis dix ans, renchérit : " Ce n'est pas un espace approprié, mais on se contente de celui-ci parce que nous nous débrouillons à travers cette activité pour nourrir nos familles. Le véritable problème se trouve dans les menaces de la police et des agents communaux parce que cela nous ramène à l'instabilité. Ils disent que nous ne sommes pas autorisés à vendre ici. Nous ne refusons pas, mais il faut nous attribuer des places confortables, avec des comptoirs dignes de ce nom dans les marchés. Nous avons d'ailleurs fait une requête auprès de feu le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé. Maintenant qu'il n'est plus, nous nous posons des questions ". Entre-temps, vendeurs, passants et clients se débrouillent à qui mieux mieux.
Par Sorèle Guebediang, pour Quotidien Mutations
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