Nouveau développement dans ce qu’on appelle depuis plus de deux semaines “ l’affaire Enam ” qui oppose le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative et le Directeur général de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature à propos du dernier concours d’entrée dans cette prestigieuse institution. Dans une correspondance “ confidentielle ” portant la mention “ très urgent ” datée du 26 janvier 2006, Benjamin Amama, le Minfopra qui s’adresse au Secrétaire général des services du Premier ministre pour haute information de ce dernier, se propose d’annuler les différents concours d’entrée à l’Enam pour le compte de l’année 2005-2006. Ceci, en application des dispositions de l’article 57 du décret 2000/696/PM du 13 septembre 2000 fixant le régime général des concours administratifs. Pour le ministre de la fonction publique, cette grave décision qu’il se propose de prendre est fondée par le fait que “ l’organisation matérielle des concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature pour le compte de l’année 2005-2006 par le Directeur général de cette institution a été faite en totale violation des dispositions réglementaires régissant les concours administratifs ”. Benjamin Amama évoque ainsi deux arguments fondamentaux pour motiver sa volonté.
Il y a d’abord que l’article 49 (1) du décret qui stipule qu’ “ une commission dont les membres sont désignés par le ministre chargé de la fonction publique dépouille les copies et classe les candidats par ordre de mérite après la correction des épreuves écrites ” n’a aucunement été respecté. De même qu’a été ignoré l’article 50 (2) de ce même décret qui fixe le régime général de concours administratifs et qui stipule que “ la commission de dépouillement après délibération présente sur procès verbal la liste des candidats classés par ordre de mérite au ministre chargé de la Fonction publique qui arrête les résultats en fonction des places mises au concours ”. En clair, le Minfopra observe que les derniers concours d’entrée à l’Enam sont un acte personnel et de bout en bout du directeur général Ndong Soumhet Benoît, “ un cas sans précédent dans notre administration ” pour reprendre une expression du Minfopra qui finit son propos adressé au Secrétaire général des services du Premier ministre en soulignant “ que de nombreux Camerounais, notamment les ressortissants du Septentrion s’estiment très lésés à cause du non-respect de l’équilibre régional ”.
Benjamin Amama
Visa Pm attendu
Cette attitude du ministre Amama dans cette affaire a été motivée par le rapport de la commission d’enquête et de clarification des conditions d’organisation des derniers concours d’entrée à l’Enam ; commission qu’il a envoyée au siège de cette institution le 12 janvier 2006 et conduite par l’inspecteur général de services du Minfopra, Nana Ismaïla. Après des difficultés enregistrées au départ, cette commission avait fini par rencontrer le Directeur général de l’Enam. Après analyses des informations mises à la disposition des membres, ceux-ci avaient tout de suite relevé dans leur rapport adressé au Minfopra, des dysfonctionnements graves, dont par exemple le non-respect des articles 49 (1) et 50 (2) du décret 2000/696/PM du 13 septembre 2000 fixant le régime général des concours administratifs. Aussi ont-ils proposé dans leur rapport au Minfopra, de bien vouloir saisir les services du Premier ministre, de manière urgente pour que ceux-ci consentent à faire annuler ces différents concours d’entrée à l’Enam, pour que cette situation “ caractérisée par une fraude et une corruption généralisée ” ne fasse tache d’huile. Benjamin Amama ne s’est pas fait prier. Lui qui a immédiatement fait tenir pour visa au secrétaire général des services du Premier ministre, les quatre projets d’arrêtés portant annulation des différents concours d’entrée à l’Enam pour le compte de l’année 2005-2006.
Difficile de savoir si le Premier ministre et ses collaborateurs vont suivre Benjamin Amama dans sa logique. On peut même en douter, lorsqu’on connaît les pressions exercées par le Secrétaire général des services du Premier ministre (qui semble à coup sûr être le soutien et l’allié du Dg de l’Enam dans cette affaire) sur le ministre de la fonction publique et de la réforme administrative pour qu’il valide comme tels, les résultats des concours d’entrée à l’Enam, tels que arrêtés par le directeur général de l’Enam. La preuve, alors que le Minfopra avait déjà saisi le Premier ministre via le secrétaire général des services du Premier ministre pour manifester sa volonté d’annuler lesdits concours, le Directeur général de l’Enam certainement fort du soutien venant de l’immeuble Etoile, faisait diffuser sur les antennes des médias de service public, un communiqué informant les nouveaux élèves admis à l’Enam que le départ pour Koutaba où doit avoir lieu le service militaire initialement annoncé pour le vendredi 27 janvier 2006 est prévu pour le dimanche 29 dans l’après-midi à l’Ecole militaire interarmes (Emia).
Source : Cameroon Link
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