L’émotion de la princesse Rabiatou Njoya était perceptible hier matin à la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun. Petite-fille du roi Njoya, inventeur en 1896 de l’alphabet bamoun — le Aka Uku —, elle a dit toute sa fierté de prendre part à la cérémonie de lancement de la préservation des documents laissés à la postérité par son grand-père. Un projet porté par l’ambassade américaine, et qui a pour objectif l’inventaire et la préservation d’une des plus importantes collections de manuscrits en langue africaine — dont certains sont menacés de destruction. Des documents qui sont de véritables trésors culturels ayant besoin d’être préservés, pour citer en substance l’ambassadeur Niels Marquardt pendant son allocution.
Il existe des milliers de langues africaines, mais très peu ont une forme écrite, a poursuivi le diplomate. L’intérêt de préserver l’aspect scriptural du Schupamoum — la langue bamoun — est suffisamment grand pour que 28 000 dollars US (plus de 15 millions de francs) y soient consacrés. Une enveloppe qui provient du Fonds de l’ambassadeur pour la préservation du patrimoine culturel du Département d’Etat américain. Il faut dire qu’en tout, ce sont quelque 7000 manuscrits qui gisent au palais du sultan des Bamoun. " Des documents inestimables ", selon le Dr. Konrad Tuchscherer, chercheur américain ayant travaillé sur cet alphabet et coordonnant le " projet de préservation " avec Oumarou Nchare, du palais royal à Foumban. Pour les conserver le plus longtemps possible donc, le site abritant les manuscrits sera réhabilité et modernisé. Le projet prévoit également de faire des copies, afin de ‘‘protéger’’ les originaux de trop fréquentes consultations.
L’opération ainsi lancée sera d’un apport certain dans le cadre de l’inventaire national de l’héritage culturel. Inventaire lancé en 2001 par le ministre d’Etat, ministre de la Culture, a rappelé Raymond Asombang, Conseiller technique n°1 au Mincult, représentant de Ferdinand Léopold Oyono à la cérémonie. Le Cameroun, qui a ratifié en 1982 la Convention de l’Unesco sur la préservation de l’héritage culturel, se réjouit que la coopération avec les Etats-Unis donne de tels fruits, a ajouté Raymond Asombang. Le CT n°1 au Mincult a donc exprimé la reconnaissance des pouvoirs publics, et déclaré qu’ils apporteraient tout le soutien possible au projet.
Institué par le Congrès américain en 2001, le Fonds de l’Ambassadeur pour la préservation du patrimoine culturel vise à aider les pays en développement à préserver leurs collections de musées, des sites historiques anciens, et des formes d’expression traditionnelles. Depuis sa création, ce Fonds a permis de financer 292 projets dans 106 pays. En 2005, 87 projets ont été retenus dans 76 pays pour un montant total d’environ 2,5 millions de dollars.
Source : Cameroon Tribune
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