Depuis hier, lundi 23 janvier 2006, le Regroupement des syndicats des transports urbains et interurbains (Rstui) a entrepris de démanteler certains postes de contrôles de la police et de la gendarmerie dans la ville de Douala. Pour justifier son action, ce collectif des transporteurs qui regroupe dix huit syndicats au total, relève "le refus obstiné des éléments des forces du maintien de l’ordre de se conformer aux décisions de leur hiérarchie visant à éradiquer les contrôles tracassiers, vecteurs majeurs de tous les mouvements d’humeur dans les transports". Dans une correspondance adressée le 18 janvier 2006 au préfet du département du Wouri, Bernard Atebede, ainsi qu’aux responsables de la police et de la gendarmerie, les syndicalistes indiquaient qu’ils se trouvent dans l’obligation de réagir.
Hier matin, ils sont passés à l’acte. Rassemblées au lieu dit Ecole publique Déido autour de 9 heures, des équipes syndicales chargées de débusquer les agents indélicats ont pris diverses directions. Le carrefour Coaf, l’axe routier longeant le Complexe chimique camerounais, la route de Pk 14, réputées être les domaines de prédilection de certains policiers et gendarmes, étaient particulièrement investies. "A la descente de la Cité des palmiers, nous avons rencontré une patrouille légale de police. Ils nous ont présenté un ordre de mission dûment signé. Plus loin, à Syncatex, nous avons détecté deux policiers indélicats en flagrant délit de contrôle clandestin. Ils ont pris la fuite à notre arrivée", a indiqué le président du Rstui, Thomas Dignou joint au téléphone.
Interrogés sur la légalité de leur action, les syndicalistes évoquent l’impuissance de la hiérarchie policière et celle de la gendarmerie à maîtriser leurs éléments. "Nous savons toutes les peines que vous prenez à maîtriser vos troupes, avec des fortunes diverses; nous constatons avec amertume que vos collaborateurs des compagnies et brigades jouent faux jeu et, espérons que notre action empreinte d’objectivité, vous sera d’un apport certain dans vos arbitrages", écrit Thomas Dignou au commandant de la Légion de gendarmerie du Littoral, le colonel Emmanuel Meka Meka. Certains responsables des forces du maintien de l’ordre expriment leur inquiétude face au rôle de " police " que les syndicats ont décidé de jouer. "Ils n’ont pas le droit de se substituer à la police et la gendarmerie", a affirmé un officier de police.
Jusqu’à la mi-journée d’hier, les équipes syndicales sillonnaient la ville sans être inquiétées. Dans l’entourage du préfet du Wouri, une source affirme que l’action des transporteurs mettra un terme au cafouillage orchestré par certains éléments ripoux de la police et de la gendarmerie. Les tracasseries de tous ordres, les contrôles clandestins figurent au premier rang des griefs exprimés de façon récurrente par les transporteurs, et qui les ont poussé à engager des mouvements de grève.
Source : Quotidien Mutation
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