Le Premier ministre, à travers son secrétaire général, demande au ministre Benjamin Amama de signer les quatre arrêtés validant les résultats du dernier concours d’entrée à l’Enam. Le Minfopra s’abstient en sollicitant l’arbitrage du président de la République.
Campus de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature mercredi 18 janvier 2006. Il est 9h. Nous sommes au rendez-vous pris la veille avec un cadre de son cabinet. Rendez-vous négocié sur la base d’une rencontre possible, dans la foulée d’une réunion du comité interministériel de l’opération d’assainissement du fichier solde du personnel de l’Etat. La réunion du comité interministériel devrait être présidée par le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative, assisté du ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des finances chargé du budget. Forcément, le directeur général de l’Enam, Ndong Soumhet Benoît, compterait parmi les présences significatives. Pendant que les représentants des différentes administrations parties prenantes au comité interministériel s’installent dans la salle des actes, dans la cour le reporter du Messager déambule en espérant voir arriver le Dg. Mais en vain. Il est presque 10h.
Du côté de la salle des actes, la réunion du comité interministériel, tarde à commencer. Motif : le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative, Benjamin Amama, a été convoqué par le Premier ministre, chef de gouvernement, pour dit-on, une importante séance de travail à l’Immeuble étoile. Les membres du comité interministériel sur l’assainissement du fichier solde et du personnel de l’Etat sont donc priés d’attendre.
En fait, personne n’était dupe. La plupart de ces hauts commis de l’Etat savaient de quoi il en retournerait à la primature. Selon des sources introduites, il se dit qu’une fois cette affaire de concours de l’Enam rendue public par Le Messager, le secrétaire général des services du Pm, Jules Doret Ndongo, aurait appelé au téléphone Benjamin Amama pour lui remonter les bretelles, l’accusant au passage d’être personnellement la source qui a informé Le Messager. La tension née de ce coup de fil accusateur a perduré jusqu’au lendemain 17 janvier, confirmant ainsi le branle-bas que l’on redoutait dans le sérail. Entre temps, la commission conduite par l’inspecteur général des services du Minfopra, Nana Ismaila, et qui avait un délai de cinq jours pour clarifier les conditions d’organisation du dernier concours d’entrée à l’Enam, n’avait toujours pas été reçue par le directeur général de l’Enam. Même les tentatives du ministre de tutelle de le joindre seraient restées également vaines. On en était là lorsqu’en fin de journée de mardi dernier (17 janvier 2006), Jules Doret Ndongo – secrétaire général des services du Pm – contacte à nouveau par téléphone le ministre Amama. Cette fois-ci, il instruit son interlocuteur – au nom du premier chef du gouvernement et prenant à témoin le secrétaire général adjoint des services du Pm, Nganou Djoumessi – de signer immédiatement les quatre arrêtés soumis par le directeur général de l’Enam, pour permettre, aurait-il souligné, “ le début du service militaire aux nouveaux élèves déclarés admis ”.
Un peu surpris qu’une si importante instruction de sa hiérarchie lui soit ainsi transmise par téléphone, Benjamin Amama (que l’on sait obstiné sur la logique de ses prises de position quant il les croit fondées), a préféré ne pas s’exécuter du tout. Préférant attendre une correspondance administrative adéquate en bonne et due forme. L’impasse s’installe ainsi jusqu’au lendemain 18 janvier en matinée (Ndlr : journée d’hier mercredi), où il est convoqué par le Premier ministre pour une importante séance de travail.
Réunion de crise au Premier ministère
Des informations faisaient alors état du fait que le Premier ministre aurait réitéré les mêmes instructions transmises la veille à travers le secrétaire général Jules Doret Ndongo et qui demandaient au Minfopra de signer les quatre arrêtés litigieux. Benjamin Amama, jusqu’en fin de journée du 18 janvier, n’avait pas cédé à cette pression de sa hiérarchie directe. Au sortir de l’Immeuble Etoile, il a préféré aller présider la réunion du comité interministériel sur le fichier solde du personnel de l’Etat. Au cours de cette réunion, il a fortement rappelé aux participants les instructions du chef de l’Etat concernant la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite et scandaleux de certains fonctionnaires et hauts commis de l’état.
Hier dans la mi-journée, au sortir de la réunion du comité interministériel les ministres Benjamin Amama et Engoulou Henri quittent le campus de l’Enam suivis des participants à la réunion par eux coprésidés. Une vingtaine de minutes après leur départ, ceux qui s’attardent encore sur les lieux aperçoivent à l’entrée de l’Enam une grosse Land Cruiser grise qui s’immobilise à la barrière. Le directeur général de l’Enam, Ndong Soumhet Benoît, est bien dans ce véhicule qui le dépose, peu après, à l’entrée du bâtiment administratif. Son arrivée précède de quelques minutes celle de deux confrères journalistes d’un quotidien privé paraissant dans la capitale, avec qui visiblement il semblait avoir rendez-vous. Lorsque quelque temps après le reporter du Messager essaye de gravir les escaliers qui mènent au cabinet du Dg, question de prendre sa version des faits sur cette ténébreuse affaire, le vigile de l’entrée est formel : “ Le patron ne reçoit pas ”. En tout cas, l’affaire Enam ne fait que commencer.
Source : Le Messager
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