Créée en 1997, Afrique Tandem aura marqué le paysage associatif africain à travers de nombreux projets qui auront contribué, d'une certaine manière, à faire avancer les choses sur le continent et démontrer la capacité de la jeunesse africaine à se prendre en main.
Bonaberi.com est allé à la rencontre de cette association qui, sans aucun doute, continue de marquer les esprits par son dynamisme...
Bonjour Dienaba Camara, vous êtes l'actuelle présidente, pour l'exercice 2005-2006, d'Afrique Tandem. Pouvez-vous nous présenter votre association et, qu'est ce qui a motivé, dans le contexte de fin des années 90, la création d'une telle structure ?
L’association Afrique Tandem regroupe des étudiants et jeunes diplômés originaires de plusieurs pays d’Afrique et de la diaspora, désireux de contribuer au développement de l’Afrique par le transfert de compétences. L’idée est que, bien qu’étant en France, nous pouvons aider notre continent, en mettant à son service les connaissances et savoir- faire que nous avons pu acquérir au cours de nos formations et expériences respectives.
A l’origine de la création d’Afrique Tandem, il y a le refus d’un petit groupe d’étudiants, à l’époque en classe préparatoires, de cette image d’une Afrique engluée à jamais dans ses difficultés, et la volonté de contribuer à son développement en privilégiant les réalisations concrètes plutôt que les discours sans fin.
Votre association est constituée de plusieurs pôles. Comment fonctionnent concrètement ces pôles et qu'est ce qui explique le choix de répartir le travail de cette manière ?
Afrique Tandem est organisée en 3 pôles :
Le pôle ATJC (Afrique Tandem Junior Conseil), a pour mission de mettre son savoir faire au service d’entrepreneurs africains, en leur proposant une assistance dans le cadre de leur gestion courante où de leur projets d’investissement.
Le pôle réseau a été crée afin de promouvoir la solidarité entre étudiants africains. Il est en charge du ralliement de nouveaux membres et des activités internes à l’association.
Enfin, nous avons différentes équipes projets, qui mènent des actions concrètes, ayant un caractère innovant et utile pour le développement du continent. Cette organisation du travail nous permet d’être plus efficace et réactif car les responsabilités sont déléguées. Elle assure une souplesse de fonctionnement et permet à chaque membre d’agir en fonction de ses affinités.
AT2K et Le Guide de L'Etudiant Africain
Quelles sont les grandes réalisations qu'Afrique Tandem ? Et, quelles sont selon vous, celles qui ont eu l'impact le plus fécond pour l'Afrique et les Africains ?
Nous avons réalisé le premier forum de recrutement spécialisé vers l’Afrique, en 1998. Le succès de l’événement nous a poussé à le reconduire en 1999. Chaque année, ce forum cadre Afrique 2000 a su attirer plus de 500 personnes et une vingtaine d’entreprises.
L’association a aussi été active dans le domaine de la culture, avec le projet Mali’vres qui a permis de distribuer une tonne de livres à plus de 9000 écoliers maliens, en 1998 et 1999.
Afrique Tandem, n’est pas non plus resté à l’écart de la mouvance NTIC. Elle a mener le projet AT2K dont le but était de réduire la fracture numérique en formant étudiants et entreprises aux opportunités liées à internet. Deux pays ont été concernés par ce projet : le Sénégal, en 2001, et le Cameroun, en 2004.
Enfin, le projet Guide de l'Etudiant Africain (GEA), réalisé en 2002 permet aux jeunes étudiants d'avoir une information exhaustive et de qualité sur les différentes opportunités d'étude en France. La sortie de la seconde version du guide est prévue pour cette année.
Les initiatives en matière de nouvelles technologies ont généralement un impact fort sur les populations, mais il ne faut pas négliger d’autres domaines, c’est la raison pour laquelle nous privilégions la diversité dans nos projets.
Afrique Tandem, des jeunes volontaristes...
Votre association a connu une période de forte croissance de sa création jusqu' à la fin et le tout début des années 2000. Aujourd'hui, la situation est relativement stable et il semblerait que très peu de projets soient en cours de gestation ? Ce serait-ce la mort d'Afrique Tandem ou plutôt un prélude à sa renaissance ?
Je pense que la vie de toute organisation, est faite de phases d’expansion, de stagnation, de questionnements. La période que nous traversons n’est qu’une étape parmi d’autres de notre évolution. Celui qui y verrait une « mort » d’Afrique Tandem commettrait l’erreur de nous enterrer vivant.
Quelles sont les conditions pour intégrer Afrique Tandem ?
Il n’y a pas de « conditions » au sens strict, nous souhaitons juste travailler avec des étudiants et jeunes diplômés afro- optimistes, qui n’ont pas peur de s’engager.
Vos différents bureaux n'ont, semble-t-il, jamais réellement démontré une mixité en termes d'origine universitaire...Que répondez-vous à ce qui jugent (de façon recurrente par ailleurs) votre association trop élitiste, se confinant exclusivement dans le recrutement d'élèves de grandes écoles ou d'universités Parisiennes les plus côtées ?
J’aimerais préciser qu’il n’y a pas de « processus de recrutement » et que toute personne suffisamment motivée peut rejoindre l’association. L’association est composée, il est vrai, majoritairement d’étudiants de grandes écoles, tout simplement parce que ceux- ci sont plus sensibilisés à la vie associative. Notre vocation est de rassembler les meilleures volontés, et non de regrouper les gens des meilleures écoles.
L'association est relativement bien connue des entreprises et de plusieurs médias panafricains mais semble relativement éloignée de la plèbe, du « peuple »...Pourquoi ne pas communiquer sur vos réalisations, vos projets et vos ambitions dans les universités sur l'ensemble du territoire français et, par là même, essayer de gagner en ressources humaines pour, conséquemment à cela, agrandir vos capacités d'action ?
La réalisation de nos projets nécessite effectivement des ressources humaines et passe donc par un ralliement massif et de qualité. L’association a toujours saisi les occasions de faire connaître ses activités, que ce soit en ayant des stands sur des forums de recrutement tournés vers l’Afrique (Global Career, Africtalents) ou en participant aux états généraux de la vie étudiante. Nos actions directes sur les campus tendent à se développer, nous interviendrons dès janvier 2006 dans plusieurs universités d’île de France, nous restons conscients que des efforts sont encore à faire dans ce domaine.
Quels sont les quelques projets sur lesquels vous travaillez en ce moment et comment, de manière générale, parvenez-vous financer vos activités ?
Nous travaillons actuellement sur la nouvelle version du « Guide de l’étudiant africain », qui sera distribué dans plusieurs pays africains pour la rentrée 2007. Un projet de mini festival du cinéma africain est également en cours de préparation. Nos différents projets sont financés grâce au soutient de partenaires publics et privés.
Qu'en est-il du projet AT2K qui devrait toujours être d'actualité, avec l'envol et la croissance des nouvelles technologies sur le continent ces dernières années ?
Le projet AT2K a pris fin avec la dernière étape du Cameroun en décembre 2004. Deux membres de l’association se sont rendues à l’université de Douala, pour distribuer du matériel informatique et délivrer une formation pratique. Mais étant donné l’importance cruciale des nouvelles technologies pour l’Afrique, notre association restera active dans ce domaine.
Et, pouvez-vous nous dire un mot sur Africa 2005, projet pour lequel l'association était associé et qui avait pour slogan « faire de l'année 2005 l'année de l'Afrique » ?
Le projet Africa 2005 correspondait bien à notre philosophie et à la vision que nous voulons donner de l’Afrique. C’est la raison pour laquelle notre association n’a pas hésité à s’y associer et à apporter son soutien pour la communication de l’événement. Le projet a su encourager les initiatives au niveau de la société civile et a reçu le soutien de plusieurs entreprises ainsi que de nombreux médias. Le projet est ambitieux, cinq continents sont concernés, il n’est donc pas aisé de faire la synthèse en deux mots les différentes actions. Plus de détails sont fournis sur le site africa2005.com.
Entretenez-vous des rapports particuliers avec les autorités des pays Africains vous permettant de déployer sur le continent, de manière plus efficiente, certaines de vos activités ?
Nous avons toujours veillé à maintenir le caractère apolitique de l’association. Nous voulons garder une certaine indépendance par rapport aux états et à leurs gouvernements. Nous n’entretenons donc pas de rapport particulier avec les autorités africaines, cela dit, nous n’écartons pas la possibilité de nouer à l’avenir des relations durables avec des associations sur place. En nous associant à des ONG locales nous pourrons donner à nos actions un impact à plus grande échelle.
Que deviennent généralement les anciens tandémiens ? Ils continuent à être actifs au sein de l'association, ils retournent en Afrique...
Beaucoup d’anciens tandémiens ont fait le choix de retourner vivre et travailler en Afrique. On en retrouve par au Cameroun, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud, au Maroc. Ceux qui restent apportent aide ponctuelle et précieux conseils à l’association,…..en attendant d’être rentré.
Un dernier mot...
Les choses ne se font pas seules, faisons donc en sorte de les provoquer.
Merci, Diénaba. Bon courage à vous, et à tous les tandémiens.
Merci à vous.
Pour en savoir plus : http://www.afriquetandem.com
|
