“C’était comme au cinéma. Il y a eu un brusque mouvement de la population. Puis des coups de feu tirés en direction d’un véhicule taxi. La balle l’a transpercé et est allée toucher un homme qui regardait la scène “, témoigne Raymond Tchachoua, 29 ans, commerçant à la gare routière de Bonabéri, théâtre de la scène digne du Far West, hier mardi en début d’après-midi.
Tout a commencé vers 14h, avec le braquage de la Caisse d’épargne et de crédit du Littoral (Capcol) située dans l’enceinte de la gare routière. Deux individus, armés de deux pistolets, font irruption dans l’établissement bancaire, tiennent en respect le caissier, les personnels et les clients présents. Ils se feront remettre, aux dires des témoins, “ la somme de deux millions de francs (2.000.000 f cfa) “ avant de monter à bord d’un taxi stationné non loin de-là avec à son bord une jeune femme. Sans savoir si le chauffeur était complice ou alors s’il a été pris en otage, la voiture taxi va chercher à démarrer sur les chapeaux de roue avant d’être stoppée par les commerçants, conducteurs de cars interurbains et la foule déambulant sur les lieux.
“ C’est un autre taximan, qui a observé le manège de son collègue et des deux braqueurs, qui va donner l’alerte “, précise à son tour Marielle Nguimbous, 33 ans, qui a traversé le pont du Wouri pour faire quelques emplettes dans la gare routière. Son témoignage sera confirmé par le commissariat central de police de Bonabéri. Le braquage a causé un mini embouteillage de plusieurs minutes à l’entrée du pont du Wouri, côté Bonabéri.
Justice populaire
Une fois maîtrisés, les deux malfaiteurs dont les identités n’étaient pas encore connues en fin d’après-midi, ont été copieusement battus à mort par la foule. De telle sorte qu’au moment où les forces de l’ordre arrivent sur le terrain, elles trouveront deux corps inanimés gisant par terre. Elles prendront quand même plaisir à tirer dessus. Quant au taximan qui a donné l’alerte, blessé par l’une des balles des braqueurs, il a été conduit à l’hôpital de Bonassama de même qu’un pousseur qui a pris une balle perdue. Ils y retrouveront les corps des deux bandits de grand chemin qui reposent désormais dans la morgue de cet hôpital.
Le braquage de mardi, à la Capcol de la gare routière de Bonabéri pose incontestablement à nouveau le problème de la sécurité des établissements bancaires, des lieux publics et des personnes. Comment expliquer qu’une gare routière aussi fréquentée comme celle de Bonabéri ne soit pas mieux sécurisée ? Une simple patrouille des forces de l’ordre, aiderait à rassurer tous ceux qui déambulent chaque jour dans cette gare soit pour voyager, faire quelques achats, se rendre à la Caisse d’épargne et de crédit ou tout simplement, boire un verre. La présence d’une patrouille des forces de l’ordre pourrait sinon décourager certaines mauvaises intentions du moins les diminuer.
Quoi qu’il en soit, et même si on peut se réjouir de ce que la population a contribué à interpeller et à maîtriser les deux braqueurs pourtant armés de pistolets, rien ne saurait justifier la justice populaire. Dans un pays qui se veut une démocratie, chaque institution, chaque corps intermédiaire, doit pouvoir jouer son rôle en toute sérénité : que la police, la gendarmerie, les forces de l’ordre interpellent les malfaiteurs et que la justice juge. Que dire des forces de l’ordre qui tirent sur des cadavres ? Sans pour autant retrouver les 2 millions emportés par un complice?
source: lemessager, Jean-Célestin EDJANGUE et Frédéric BOUNGOU
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