Depuis les indépendances africaines, la période de la colonisation est souvent présentée sous un angle résolument critique dans les manuels scolaires, quand elle n`est pas passée sous silence.
L`enseignement de cette période de l`Histoire fait l`objet d`une polémique en France, où les députés ont voté un amendement mentionnant "le rôle positif" de la colonisation. Au Sénégal, l`enseignement de l`Histoire a commencé en 1817, année de l`ouverture de la première école francophone d`Afrique noire.
Longtemps, les écoliers ont appris le passé de la France, sa religion et ses valeurs dites "civilisées", au détriment du passé de leur pays et de l`Afrique, présenté comme "instable et sanglant", explique à l`AFP l`historien Abdoul Sow, qui a soutenu en 2004 une thèse de doctorat sur la question. Dans les colonies françaises, les élèves récitaient "nos ancêtres les Gaulois" aux cours d`Histoire.
"C`est cela qu`on apprenait (à l`époque) dans beaucoup de nos pays, parce que l`objectif était la francisation des Africains. (...) Aujourd`hui, ce n`est plus le cas", constate M. Sow.
Au lendemain des indépendances, ajoute-t-il, les Africains ont dénoncé la "falsification historique et l`idéologie colonialiste", et demandé la réécriture de l`Histoire, donnant naissance à "des programmes africains et malgaches" élaborés par de grands historiens dont le Burkinabè Joseph Ki-Zerbo et le Sénégalais Amadou Makhtar Mbow.
Des réformes sont entreprises dans de nombreux pays: Sénégal, Tunisie et Algérie, où livres d`Histoire et manuels scolaires évoquent désormais la période coloniale sous l`angle des luttes pour l`indépendance et la libération.
Au Maroc, où les manuels de l`enseignement primaire sont édités par le ministère de l`Education nationale, "la période de la colonisation est absente depuis 2002" des ouvrages pour certaines classes du primaire, assure Saïda Agouzil, institutrice à Rabat.
Mais dans les lycées, la colonisation est présentée sous un angle franchement négatif, indique un professeur ayant requis l`anonymat.
Au Zimbabwe, l`ancien colon britannique fait l`objet de virulentes critiques dans les manuels scolaires, rompant avec une lecture plus nuancée dans les ouvrages publiés dans les années 1980 et 1990.
Depuis que son pouvoir a vacillé à la suite de l`échec d`un référendum en février 2000, le président zimbabwéen Robert Mugabe utilise le nationalisme noir pour remobiliser ses troupes et entretient des relations exécrables avec l`ancienne puissance coloniale.
"Depuis 2000, il y a une tentative de réécrire et falsifier l`Histoire en mettant en avant les seuls aspects négatifs et les prétendus méfaits du colonialisme (...). L`idée est d`inculquer le sens du nationalisme et du patriotisme", estime un enseignant zimbabwéen.
En Côte d`Ivoire, Martial N`Goran, professeur d`histoire-géographie à Toumodi (centre), estime que l`enseignement de la colonisation dépend beaucoup du professeur et du contexte politique.
"C`était un peu difficile au moment de la situation de crise entre la France et la Côte d`Ivoire. Mais (les écoliers) sont très passionnés. Ils veulent connaître effectivement leur passé", raconte-t-il.
Il estime que la lecture de l`Histoire "dépend de la sensibilité politique de celui qui donne le cours" et peut influencer les élèves, à l`exception de la traite négrière, sujet qui passionne les jeunes, qui sortent "très remontés" des cours à ce sujet.
Au Togo, rare pays africain avec le Cameroun ayant vécu sous colonisation allemande puis sous mandat français avec une domination anglaise, la période coloniale est toujours enseignée à travers les anciens livres d`Histoire datant des colons.
Source : AFP
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