Joint au téléphone à Barcelone, il confirme sa présence en Egypte bien qu’il n’ait pas eu de réponses à ses questions.
Propos recueillis par Junior Binyam
Samuel Eto’o Fils participera t-il à la Can 2006 avec les Lions indomptables?
Oui je serai en Egypte. Je participerai à la Can parce qu’il est de mon devoir de défendre mon pays.
A quel moment votre décision a été prise ? Qu’est-ce qui vous a décidé et pourquoi finalement cette décision est rendue publique avant le 15 janvier ?
Pendant mes vacances au Cameroun, j’ai discuté avec mes conseillers qui m’ont dit que je pouvais aller jouer la Can et après, garder ma position. Hier (Ndlr : mercredi 4 janvier), en discutant avec Patrick, on a convenu que je pouvais participer. Patrick n’avait pas de réponses à mes questions. Mais j’irai à la Can. J’irai défendre ce drapeau et après je garderai ma position.
Dans une interview accordée mercredi à Mutations, le ministre des Sports, Philippe Mbarga Mboa, affirme que vous n’avez posé de questions à personne. Du moins
ni à lui ni au président de la Fécafoot. Quelle est votre réaction ?
J’ai pris connaissance des déclarations du ministre dans votre journal daté du 5 janvier. J’ose croire que le ministre n’a pas dit çà. J’ai parlé de mon mal au ministre. Je lui ai dit que, de ce fait, je ne me voyais pas en train de jouer avec l’équipe nationale. J’en ai également parlé à l’entraîneur. Le président Iya, lui peut affirmer que je ne lui ai jamais rien dit. Mais au cours d’une réunion à Paris où j’ai exposé mes motivations, David Mayebi, le conseiller du président de la Fécafoot, était bien présent. Tout comme le directeur des Sports du ministère, Robert Ndjana et l’entraîneur national. J’ai eu le ministre au téléphone au terme de cette réunion de Paris et je lui ai dit, «excellence il y a ci et çà», je lui ai dit qu’à cause de cette situation je ne suis pas prêt à remettre mon maillot en équipe nationale. Il m’a dit «Ok».
Le ministre a par ailleurs déclaré qu’il a envoyé Patrick Mboma à Barcelone pour savoir quel est votre problème, et celui-ci est rentré sans questions de votre part…
Pourquoi Patrick vient ? C’est pas pour rentrer avec des questions. Il est venu pour me convaincre de repartir à l’équipe nationale. J’ai une excellente relation avec Patrick et il savait bien avant quel était mon mal. Mais personne n’a besoin de me convaincre pour aller en équipe nationale. Je ne sais pas qui aime cette équipe nationale plus que Samuel Eto’o. Le problème c’est qu’on ne peut pas évoluer dans cette situation là. On ne fait que se tromper. On ne va jamais avancer. Dès lors, je préfère peut-être me consacrer à mon club.
La Can doit compter avec ses meilleurs éléments parmi lesquels Samuel Eto’o, si on veut rivaliser avec la coupe d’Europe. Quand je prends en compte tout çà, je me dis, je ne peux pas priver toute l’Afrique de voir Eto’o jouer avec l’équipe nationale du Cameroun. Je mets donc tous ces problèmes de côté et je vais faire ce que j’aime le plus, c’est à dire jouer au football et passer un bon moment avec mes coéquipiers, et essayer d’être là jusqu’au soir du 10 février. En espérant être champion, parce que çà ne nous coûte rien d’essayer.
Est-ce qu’on peut savoir quel est ce mal dont vous parlez tant?
Ce n’est pas l’occasion de parler des problèmes internes à l’équipe nationale. J’en ai parlé aux responsables de l’équipe nationale. A partir de là, j’attends des solutions. Je ne joue pas à l’équipe nationale pour gagner ma vie. Je ne ferai jamais ma vie à l’équipe nationale. Je joue avec les Lions parce que j’aime mon pays, parce que je donne du plaisir aux gens. J’irai à la coupe des Nations parce qu’il y a des gens qui n’ont que le football comme espoir.
Un grand joueur comme Roger Milla, personne ne peut dire qu’il a fait sa vie à l’équipe nationale. Moi je suis fier de jouer pour le Cameroun. Si mon statut aujourd’hui ne me permet pas de me comporter comme un autre joueur, je ne vois pas pourquoi je dois me comporter comme un autre joueur. J’aurais pu faire comme d’autres joueurs, rester chez moi, ne rien dire. Je n’allais plus jamais apparaître lors d’un match des Lions indomptables.
Avec ces problèmes est-ce que vous êtes assez motivé pour remporter la coupe des Nations ?
Je ne pourrais jamais gagner la Can tout seul. Eto’o ne peut pas gagner tout seul un match sans l’aide de ses coéquipiers. Il peut peser sur un match. Ma motivation elle est pareille que ce soit en club ou en équipe nationale quand il s’agit de faire ce que j’aime le plus dans ce monde, c’est-à-dire jouer au football. A partir de là, quand le ballon roule, on oublie tous les problèmes et on ne pense qu’à s’amuser.
Est-ce qu’en discutant avec vos coéquipiers vous sentez chez-eux la même motivation ?
Oui. Je n’ai même pas besoin de discuter avec eux. J’ai eu Gérémi qui partait déjà au Cameroun pour le stage. Rigobert je l’ai eu après le match avec la sélection basque. Je pense que ce sont des gars qui sont toujours prêts à bien défendre le drapeau du Cameroun. On aimerait gagner tous nos matches et on a toujours essayé de le faire.
Quelle est la position qui vous arrangerait pour un meilleur rendement en équipe du Cameroun ? Avant-centre, 2e attaquant, meneur de jeu ?
Tactiquement, je ne veux jamais faire le boulot de quelqu’un d’autre. Je suis un joueur, je suis à la disposition de l’entraîneur. On voit bien comment je me sens à l’aise dans mon club. Le coach m’utilise comme il veut. C’est pas à moi de dire où je dois évoluer. Même si je pense que quand on a un joueur comme Samuel Eto’o on ne peut pas l’utiliser n’importe comment.
Pendant la Can, allez-vous entièrement être à la disposition des Lions ou vous comptez faire des navettes entre Barcelone et Le Caire ?
Je me suis arrangé pour être avec les Lions jusqu’au 10 févier au soir. Après je retrouverai mon club.
Vous manquerez sept matchs en club si les Lions devaient aller jusqu’en finale. Est-ce que cette absence prolongée ne va pas compromettre votre ambition d’inscrire 50 buts cette saison ?
Je n’ai jamais dit que j’allais marquer 50 buts. Les médias français l’ont dit, mais n’écoutez pas les médias français. On m’a demandé si je croyais au Ballon d’or. J’ai dit, «pour gagner le Ballon d’or, il fallait que je marque 50 buts et que le second soit à 20, comme çà il n’y aurait pas débat.» Si je les marque, je serai heureux. Le fait de manquer sept matchs en club ne me préoccupe pas. Les buts que je ne marquerai pas en club, je serai peut-être entrain de les marquer avec les Lions et je serais autant heureux qu’avec le Barça.
Source : Mutations
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