"Nique le général de Gaulle et Napoléon", Monsieur R.
A l'initiative de François Grosdidier, député Ump, 153 députés et 40 sénateurs ont demandé au ministre de la Justice, Pascal Clément, d'"envisager des poursuites" contre sept groupes de rap. D'après l'Afp, ils reprochent aux groupes 113, Smal, Ministère Amer, Lunatic et aux rappeurs Fabe, Salif et Monsieur R de propager dans des cités, où ils jouent souvent le rôle de haut-parleur, la haine de la France et "le commerce du racisme". Le garde des sceaux a demandé au procureur général de Paris l'ouverture d'une enquête.
Parmi les paroles mises en cause par les députés, et rapportées par l'Afp, figurent notamment: "La France est une garce, n'oublie pas de la baiser jusqu'à l'épuiser, comme une salope il faut la traiter, mec!", "J'aimerais voir brûler Panam au napalm comme au Vietnam (...) j'ai envie de dégainer sur des faces de craies". Pour Daniel Mach, qui avait porté plainte avant les émeutes: "De tels propos ne pouvaient qu'amener ce style de révolte", a-t-il déclaré. "Dans les facteurs qui ont conduit aux violences dans les banlieues, cela en fait partie", estime François Grosdidier : "Ce phénomène musical là n'est pas du tout étranger à ces violences".
Les réactions sont venues aussi bien des chanteurs incriminés que des mouvements anti-racistes en France. "Une fois de plus on recherche des boucs émissaires parce que la banlieue a brûlé", a réagi Monsieur R., en estimant que son public n'est pas formé d'"indigènes" qui prennent les choses "au premier degré", tout en se disant prêt à des explications devant un tribunal. "Nous les rappeurs décrivons les maux, les blocages dans les rouages de cette société où les élus ne cessent de faire miroiter justice, fraternité, liberté, équité", a dit pour sa part Passi, membre de Ministère Amer avec Stomy Bugsy et Doc Gyneco. "L'Ump veut les voix de Jean-Marie Le Pen, au lieu de parler d'amour, d'éducation, de réinsertion, d'ouverture", accuse-t-il.
"Après les immigrés, la polygamie, ce sont désormais les artistes qui sont montrés comme les incendiaires de nos banlieues ", dénonce le mouvement Mrap en affirmant que ces élus cherchent ainsi "à chasser sur les terres électorales de l'extrême droite"
Le choix de ces sept groupes et artistes étonne en outre le spécialiste du hip-hop Olivier Cachin, écrivain et journaliste."Lunatic a été dissous en 2002, tandis que pour Ministère Amer, le dernier album remonte à 1995, Fabe a arrêté de faire du rap il y a sept ans", dit-il: "On a l'impression qu'ils en ont sorti quelques uns au hasard", rappelant aussi que 113 a pour sa part décroché deux Victoires de la musique.
Source : Mutations
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