Depuis le 29 décembre 2005, une psychose de peur plane sur la localité de Mbengwi, arrondissement situé à une trentaine de kilomètres de Bamenda. Puisque c’est à cette date, à la veille de la Saint Sylvestre et de nouvel an, qu’on a mortellement agressé le président de la Circonscription électorale du Social Democratic Front (Sdf) de Mbengwi, Theophilius Tah. Ce dernier a rendu l’âme dans ses plantations à Ngieh Mbo, après avoir eu une vive altercation avec ses assassins.
Selon des témoins rencontrés au quartier Ngieh Mbo, à Mbengwi, le défunt a entrepris d’effectuer des travaux champêtres, le 29 décembre dernier, en compagnie de sa femme et quelques-uns de ses enfants. Autour de 10h30, selon les mêmes sources, Theophilius Tah a été violemment attaqué par une bande de cinq individus. Ils l’ont roué de coups, avant de le blesser au niveau de la nuque à l’aide d’une machette. Une blessure qui a provoqué la mort de Theophilius Tah, sur le champ : "Quand les gens sont arrivés sur les lieux, ils ont trouvé du sel dans la bouche du défunt", reconnaît un témoin. La scène macabre a fait des vagues dans l’arrondissement de Mbengwi, où les populations ne savent plus à quel saint se vouer.
Dans la même journée, l’affaire a pris une légère coloration politique. La dépouille de M. Tah a été transportée à la morgue de l’hôpital provincial à Bamenda, sur instruction du préfet du département de la Momo. Peu après, des gendarmes en service à la compagnie de gendarmerie de la Momo ont ouvert une enquête à ce sujet. Ces hommes en tenue ont par ailleurs soumis des suspects à un interrogatoire. De même qu’ils continuent à garder à vue, Moses Angwafor Chi, petit frère du Fon Angwafor III de Mankon, vice président national du Rdpc. On le soupçonne d’avoir activement participé à l’assassinat de Theophilius Tah. Mais, d’après les premières investigations, l’enquête abandonne la piste politique.
Depuis un quelque temps, Moses Chi et le défunt se disputaient la propriété de la parcelle querellée. La cinquantaine dépassée, Theophilius Tah était un ingénieur des travaux publics. Il venait de prendre sa retraite. Dans les milieux du Sdf, et dans cette province du Nord-Ouest où, depuis 1990, il suffit d’un rien pour exacerber les querelles politiques, la disparition de Theophilius Tah ne manque pas de prendre une dimension politique.
Notamment parce que la filiation du présumé assassin le présente comme étant le cadet du Fon Angwafor III, le premier vice-président du Rassemblement du peuple camerounais, parti au pouvoir : "M. Tah était un gentleman. On ne devait pas le tuer comme ça. Si le gouvernement du Cameroun avait pris une décision dissuasive après l’assassinat de John Kohtem, on ne devait plus vivre une scène similaire aujourd’hui", a regretté Bernard Tabali, le président provincial du Sdf dans le Nord-Ouest, joint hier au téléphone.
On se souvient que le 20 août 2004, John Kohtem, District Chairman du Sdf à Balikumbat, a été assassiné au sortir d’une réunion d’évaluation du processus d’inscription sur les listes électorales, présidée à Ndop par la gouverneur de cette province. Le Fon de Balikumbat a été soupçonné d’avoir commandité cet assassinat. Une ne dizaine de suspects avaient été interpellé. Reste que, la procédure judiciaire ouverte devant le Tribunal de grande instance de Ndop piétine jusqu’à présent.
Source : Mutations
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