La dépouille de Léon Kanhen, étudiant camerounais tué en Russie le 24 décembre dernier, est arrivée à l’aéroport de Yaoundé lundi dernier à 19h45 par un vol Air France. Elle a ensuite été conduite à la morgue de l’hôpital gynéco obstétrique de Ngousso. A l’aéroport, pour accueillir le défunt, une cinquantaine de membres de sa famille ainsi que des amis émus. La mère, visiblement épuisée par plusieurs jours de lamentations, éclate en sanglots devant le corps de celui qu’elle appelle " [son] père " coincé dans un cercueil.
En plus des proches du défunt, l’ambassade de Russie, qui a mis à la disposition de la famille un car pour transporter la dépouille, est représentée par le consul de ce pays à Douala, Jean Marie Tchuissang et la responsable de Racus (un service international qui organise le voyage des étudiants africains en Russie), Irina Tchuissang, son épouse russe. L’arrivée au Cameroun de la dépouille de Léon Kanhen coïncide avec une correspondance d’un groupe d’étudiants camerounais partis en Russie par les soins de Racus. Cette correspondance est adressée à l’Association des droits des jeunes basée à Douala. Ils y accusent Racus d’arnaque et surtout de leur avoir donné de fausses informations qui ont motivé leur départ pour la Russie où ils espéraient avoir de bonnes conditions de formation. Mais parvenus en Russie, écrivent-ils, c’est tout le contraire.
Les infrastructures académiques sont obsolètes et la vie dans les foyers d’étudiants est alarmante : "pas d’eau potable, insécurité notoire, etc.", dénonce la correspondance. Une réalité aux antipodes de ce qui était présenté par Racus dans ses prospectus et qui ont déterminé le départ de ces jeunes gens pour " l’enfer russe " tel qu'ils l'appellent désormais. Ces étudiants s’inquiètent également de l’exode massif des étudiants camerounais pour la Russie, soit 25 à 30 par mois, " probablement épatés par les mensonges de Racus ". Dans leur correspondance, le groupe d'étudiants prévient qu’à ce rythme, on déplorera encore d’autres Camerounais tués et ils interpellent le gouvernement camerounais à mettre fin aux manœuvres dolosives de Racus.
Réagissant à ces accusations, le consul précise que cet organisme est couvert par le gouvernement russe, tout comme les étudiants qui arrivent dans ce pays par ses soins. Il juge excessives les accusations portées contre Racus et y voit la main des organismes concurrents qui organisent également le voyage des étudiants camerounais pour la Russie. S’agissant du climat d’insécurité orchestré par des hors la loi, le consul parle d’un phénomène de société d’actualité...
l’exode pour la Russie continue et nos informations font état de 12 jeunes Camerounais prêts à embarquer dans les prochains jours par le biais de la société Racus.
Source : Mutations
|
