Des fidèles attendant que se réalisent leurs miracles...
Dans cette vaste salle, une trentaine de fidèles, donne de la voix. Une dizaine de fillettes, et quelques adultes, claquent les mains et louent le Seigneur. Ils répondent en écho à un maître de chant. Peut-être un pasteur. Plus sûrement un préparateur psychologique de circonstance. « C’est comme ça ici. On commence par leur enlever le stress. On les rend joyeux », explique le révérend Francis Bikoba, un des pasteurs de la « sainte église du Christ », au quartier Essos à Yaoundé.
Un autre pasteur, responsable des lieux, répète inlassablement les mêmes gestes : il impose sa main enduite d’un liquide, sur la tête d’une fidèle trentenaire, récite une formule, et passe au fidèle suivant. « Le pasteur utilise de l’huile d’olive bénie par l’archevêque », poursuit le guide, parlant de « prière de délivrance », pas à court de références bibliques, ni de repères d’histoire religieuse.
A l’arrière du bâtiment, trois véhicules, dont deux grosses cylindrées, sont stationnés. Impossible d’accéder au bureau du pasteur Jean-Philippe Bama, sans les croiser du regard. Accrochées au mur, trois photographies de quelques figures emblématiques : l’archevêque Emmanuel Mekomou, les évêques Célestin Tcheubou et Ngoutchou Jean. Leurs attributs sont visibles : mitres, tiares, soutanes, et crosses. Une esthétique et un lexique bien connus des catholiques.
En cette période de Noël, se déroule une nouvelle campagne d’évangélisation pour la « sainte église du Christ ». « Les gens connaissent beaucoup de difficultés, le chômage, le célibat, les maladies. Nous voulons les amener à comprendre que Dieu a une solution à ces problèmes », explique le pasteur Bama. L’homme est issu de l’Institut pastoral de la « sainte église du Christ », une structure intégrée à laquelle on accède avec un niveau de baccalauréat, sans distinction de croyance, pour une période de trois ans, avant un stage pratique d’un an, au terme duquel on devient « évangéliste », avant que les « résultats » sur le terrain n’amènent les supérieurs à juger de l’opportunité d’élever l’« évangéliste » au rang de pasteur.
Une période favorable pour conquérir de nouveaux fidèles
« Nous commençons toujours par des louanges à Dieu lorsque nous recevons des malades. Immédiatement nous engageons les prières de délivrance en imposant les mains aux malades. Nous utilisons dans les cas exceptionnels l’huile de guérison qui est le symbole de la puissance de Dieu », explique le « révérend-docteur » Vincent de Paul Essimi, gardien du temple, à l’église baptiste évangélique du quartier Ekounou à Yaoundé.
Et les résultats alors ? « Il y a des moments où la guérison est spontanée. Il arrive aussi que les personnes que nous suivons commencent seulement à ressentir un soulagement. Tout dépend de la foi, de la grâce que Dieu accorde au malade. C’est Dieu qui guérit », prétend le révérend Essimi.
Et d’affirmer, convaincu, le regard porté sur un flacon d’« huile d’onction » posé sur sa table : « il est arrivé qu’on guérisse le sida ». Un « miracle » revendiqué aussi par de la « sainte église du Christ ». Le sida : un sujet préoccupant pour les autorités sanitaires du Cameroun, au moment où les malades se détournent des chemins des hôpitaux pour les cliniques dites traditionnelles, et où le gouvernement fait campagne contre la côte montante des charlatans de tout poil…
Lorsqu’on leur demande d’apporter la preuve de leurs « miracles » les pasteurs évitent de répondre. « Si les gens continuent à venir, c’est qu’ils trouvent leur compte chez nous », élude le révérend Bikobo.
Source : RFI
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