Respecter les droits fondamentaux des prisonniers et améliorer les conditions de détention semblent être le cheval de bataille de Gabriel Tchamani, le nouveau régisseur de la prison centrale de Kondengui. Même certains détenus rencontrés ne tarissent pas d’éloges à l’endroit de cet ancien enseignant au centre de formation et de recyclage du personnel de l’administration pénitentiaire de Buea, dont il est en outre diplômé depuis 1985. “ Ce qui nous a trop plu en lui, c’est qu’il a désinfecté et dératisé les cellules à l’effet de réduire le taux de contamination par les maladies de la peau. Maintenant il n’y a plus trop de trafic d’influence par ici. A chaque rencontre avec nous, il invite chaque détenu à indiquer personnellement les menaces dont il est l’objet pour qu’il prenne des dispositions de sécurité nécessaires. Cela évite les crimes qu’on enregistrait ici tous les jours ”, rapporte un pensionnaire du quartier des mineurs, incarcéré pour coaction de vol.
Parmi les mesures prises dès son installation, figure en bonne place l’assainissement des alentours de la résidence du régisseur. Là, prospérait un petit commerce très favorable aux trafics des stupéfiants dans la prison. Même si ce phénomène n’est pas totalement asphyxié, il a quand même régressé. Après plusieurs rencontres avec les prisonniers, le régisseur a pu identifier les problèmes réels, notamment la sous-alimentation, la non administration des soins adéquats aux prisonniers malades et le transfert tardif des détenus devant le parquet. “ Pour mettre en application les instructions fermes du vice-Premier ministre, ministre de la Justice et garde des sceaux, nous avons réorganisé le travail de manière à ce que chaque prisonnier puisse répondre présent à l’heure devant le parquet. C’est vrai que c’est encore très difficile parce que la prison centrale de Kondengui ne possède qu’un camion défectueux qui doit aller à Ekounou, revenir à la prison pour conduire les autres au centre administratif ”, regrette le régisseur. Il se réjouit néanmoins de l’assistance vestimentaire apportée aux détenus par le Rotary club et du soutien du ministère de la Santé publique au cours de la campagne de dératisation et de désinfection des cellules.
Ce seul camion défectueux disponible à la prison centrale de Kondengui assure non seulement le transfert des détenus dans les deux parquets de la capitale, mais aussi, s’occupe du transport du bois de chauffage à utiliser pour cuisiner le repas des détenus. Autant de tracasseries qui font que le camion est désormais l’ombre de lui-même : pneus défectueux, carrosserie en piteux état, alimentation électrique tatillonne… C’est d’ailleurs cet acheminement tardif des détenus au parquet qui avait été à l’origine de la prise en otage d’un gardien de prison par les condamnés à mort il y a quelques mois.
Le combat permanent reste aux yeux de ce marié et père de plusieurs enfants, la lutte contre l’homosexualité et la consommation des drogues à l’intérieur de la prison. Jusqu’ici, ces deux fléaux gangrènent le milieu carcéral. “ Nous donnons quotidiennement des conseils aux prisonniers d’éviter l’homosexualité car c’est un moyen très courant de transmission de Vih-Sida en prison. La consommation des boissons alcoolisées, des cigarettes et tout autre drogue est proscrite et nous y veillons. La méthode originale me semble-t-i,l c’est la sensibilisation. Et nous la menons tout en espérant que les choses changeront”, explique-il avec optimisme.
Source : Le Messager
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